Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Audiganne, Armand; Benoist, Philippe [Ill.]
Paris dans sa splendeur: monuments, vues, scènes historiques, descriptions et histoire$ddessins et lithographies par MM. Philippe Benoist [und 17 weitere] ; texte par MM. Audiganne [und 23 weitere] (3ième volume): Histoire de Paris - environs de Paris — Paris: Henri Charpentier, 1861

DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.71015#0064
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
34

PARIS DANS SA SPLENDEUR.

exaltés, et lui adressa de violents reproches. Celui-ci répondit en renvoyant aux factieux la responsabilité des maux du pays. Enfin,
Marcel lui dit : « Sire, ne vous esbahissez de chose que vous voyez; il faut qu’il en soit ainsi. » Puis, se tournant vers ses complices:
« Allons, dit-il, faites en bref ce pour quoy vous estes venus ici. » Pour lui obéir, ils mirent à mort les maréchaux de Normandie
et de Champagne, principaux conseillers du Dauphin, et leur sang rejaillit sur la robe de ce prince. Charles, effrayé, priait
Marcel de l’épargner; le prévôt l’assura qu’il ne courait aucun danger, et, en signe de protection, il lui mit sur la tête son propre
chaperon bleu et rouge. Le prévôt se rendit ensuite à l’Hôtel—de—Ville, et annonça au peuple assemblé sur la place de Grève les
scènes sanglantes de la journée, se glorifiant d’avoir fait périr « deux mauvais traîtres. »
Le dauphin Charles réussit à s’évader de Paris et se rendit d’abord à Provins, puis à Compïègne; durant son absence, qui fut
de quelques mois, Marcel et les révolutionnaires, s’alliant ouvertement à Charles-le-Mauvais, roi dé Navarre, administrèrent la
capitale du royaume, et cherchèrent à faire entrer les villes et les provinces dans une grande union démocratique. Ce plan, trop
prématuré pour être compris et accepté, échoua, et cependant la Jacquerie, qui renouvelait ses épouvantables ravages, servait
d’auxiliaire aux démagogues parisiens. La division se mit parmi les chefs populaires. Les uns, honteux de sacrifier la monarchie
à leurs rancunes, se rallièrent à la cause du Dauphin; les autres, et Marcel fut de ce nombre, persistèrent à se ranger du côté
du roi de Navarre, et complotèrent de livrer Paris à cet usurpateur, ami des Anglais. Comme Étienne Marcel, dans la nuit du
31 juillet au 1er août 4 388, se disposait à ouvrir à ce prince la bastille Saint-Denis, il fut tué à coups de hache et de hallebarde;
ses partisans furent massacrés, et lé Dauphin rentra dans Paris, à la satisfaction du plus grand nombre. Cet événement mit tin
au pouvoir des révolutionnaires, et le parti monarchique prévalut à Paris et dans les provinces.
La guerre continua à la fois contre les Anglais et les Jacques. L’armée anglaise, en 1389, se présenta aux abords de Paris;
mais le Dauphin, renfermé dans cette ville avec une poignée de soldats, évita d’engager une bataille perdue d’avance et opposa
à ses ennemis un système fort habile de temporisation. Il compta sur la mauvaise saison, sur la disette, sur les maladies
contagieuses pour détruire ses ennemis, et son calcul réussit. L’armée d’Édouard aurait pu s’établir dans les faubourgs de la rive
gauche; le Dauphin les fit livrer aux flammes, et le roi d’Angleterre, déconcerté par cëtté tactique, renonça à se rendre maître
de Paris. Ayant donc ramené ses troupes dans la Beauce, il se disposa à attaquer Chartres; mais bientôt, épouvanté par un orage,
il implora la protection de Dieu par l’intercession de Notre-Dame, et promit d’accorder la paix à la France. Le traité de Brétigny
mit, pour quelques années, fin à une guerre qui avait occasionné tant de calamités à Paris et au royaume.
Le roi Jean rendu à la liberté, revint à Paris, mais n’ayant pu remplir les engagements de Brétigny, il retourna volontairement
à Londres, et y mourut captif, rachetant par cet acte illustre de loyauté et de bonne foi une partie des fautes de son règne. A sa
mort, le Dauphin lui succéda sous le nom de Charles V, et mérita d’être surnommé le Sage (F364).
Ce roi, jeune encore, mais d’une santé très—affaiblie, gouverna la France du fond de son palais, et confia ses armées à
d’habiles lieutenants, parmi lesquels l’histoire cite avec honneur le connétable Duguesclin. Grâce à la prudence de sa politique
et au courage de ses soldats, Charles V réussit à soustraire la plupart des provinces de la France au joug des Anglais. Ce fut la
grande œuvre de son règne. Il la compléta dignement en améliorant sans cesse les institutions administratives et fiscales, en
diminuant les impôts, en réformant les abus judiciaires, en fondant des établissements utiles, en se montrant Je digne émule de
saint Louis. Il protégea l’industrie parisienne. Le corps des marchands, à Paris, jouissait de beaux privilèges. Cette communauté,
appelée Hanse,, d’un vieux mot celtique qui signifie société, s’était perpétuée de siècle en siècle : ses membres jouissaient du
privilège exclusif de tout commerce par eau, de la faculté d’arrêter leurs débiteurs, de lever de légers impôts sur différents corps,
de profiter de la moitié des amendes et confiscations, etc. Ces prérogatives avaient excité l’émulation de la plupart des bourgeois,
qui s’étaient empressés de se faire agréger à ce corps. Plus tard, les marchands de l’eau, pour la direction de leurs affaires
commerciales, avaient fait choix d’un prévôt qui, assisté d’officiers inférieurs appelés échevins, exerçait sur eux sa juridiction.
En présence des avantages que les marchands retiraient d’une pareille union, tous les corps de commerce et de métiers avaient
aspiré à s’y faire agréger; en sorte que bientôt tous les habitants de Paris, bourgeois, négociants et artisans, avaient eu une
relation immédiate ou indirecte avec cette association générale. La juridiction du prévôt des marchands et des échevins formait
ainsi un corps municipal qui embrassait presque toute la ville dans son ressort. La nécessité où se trouva le Gouvernement
d’imposer différentes aides sur les Parisiens accrut encore fautorité de ce corps municipal. Les rois lui attribuèrent la connaissance
des contestations entre les collecteurs et les habitants, et jusqu’à la révolution de 1789 l’imposition de la capitation s’est faite par
le prévôt des marchands et les échevins. Ils furent chargés d’une partie de la police, de présider les assemblées des jurés, etc., etc.
On a vu quel était, sous la régence, le pouvoir de ces magistrats municipaux, par l’abus que Marcel et les échevins avaient fait
de leur autorité sur le peuple. Les affaires de commerce se traitaient en commun. Les marchands se rendaient, pour tenir leurs
conlérences, dans un lieu appelé, de toute ancienneté, le Parlouer aux Bourgeois. Ces assemblées se tenaient, sous la première race,
au lieu occupé dans la suite par les Jacobins de la rue Saint-Jacques. Sous les derniers descendants de Charlemagne, cette partie
de la ville ayant été détruite par les ravages des Normands, le Parlouer aux Bourgeois fut transféré dans une maison près du
 
Annotationen