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Audiganne, Armand; Benoist, Philippe [Ill.]
Paris dans sa splendeur: monuments, vues, scènes historiques, descriptions et histoire$ddessins et lithographies par MM. Philippe Benoist [und 17 weitere] ; texte par MM. Audiganne [und 23 weitere] (3ième volume): Histoire de Paris - environs de Paris — Paris: Henri Charpentier, 1861

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https://doi.org/10.11588/diglit.71015#0149
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HISTOIRE.

PARIS MODERNE.

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dans ses convictions; il le fit appeler aux Tuileries et eut avec lui un entretien demeuré célèbre. « La nation, disait-il, s’est
reposée douze ans de toute agitation politique; depuis un an, elle se repose de la guerre. Ce double repos lui a rendu un besoin
d’activité. Elle veut ou croit vouloir une tribune et des assemblées; elle ne les a pas toujours voulues. Elle s’est jetée à mes pieds,
quand je suis arrivé au gouvernement. Vous devez vous en souvenir, vous qui essayâtes de l’opposition Aujourd’hui, le goût
des constitutions, des débats, des harangues paraît revenu Cependant, ne vous y trompez pas : le peuple, ou si vous l’aimez
mieux, la multitude, ne veut que moi. Vous ne l’avez pas vue, cette multitude, à mon retour de Cannes, se pressant sur mes pas,
se précipitant du haut des montagnes, m’appelant, me saluant Je ne suis pas seulement l’empereur des soldats, comme on l’a
dit; je suis celui des plébéiens, celui des paysans. Aussi, malgré tout le passé, vous voyez le peuple revenir à moi. Il y a
sympathie entre nous la fibre populaire répond à la mienne. Je suis sorti des rangs du peuple; ma voix agit sur lui. Voyez ces
conscrits, ces fils de paysans; je ne les flattais pas, je les traitais rudement; ils ne m’entouraient pas moins Je suis l’homme
du peuple je n’ai jamais voulu l’opprimer pour mon plaisir Je ne hais point la liberté : je l’ai écartée lorsqu’elle obstruait ma
route ; mais je la comprends » Ces paroles étaient simples et éloquentes. Benjamin Constant y ajouta foi et se rallia au second
Empire. Plus tard, Napoléon emporta dans l’exil et dans la tombe ses pensées et ses rêves, et le monde ne les a point entièrement
vus à l’œuvre.
Un moment déconcertées par le retour de l’Empereur, les puissances étrangères prirent une attitude menaçante à l’égard de la
France; dès le mois de mars, le congrès de Vienne mit Napoléon au ban de l’Europe et le déclara ennemi des rois et des peuples.
Bientôt douze cent mille hommes se trouvèrent armés et prêts à marcher sur la France, moins pour y rétablir les Bourbons, que
pour humilier et amoindrir notre patrie. Napoléon essaya vainement de conjurer forage; ses envoyés diplomatiques ne furent pas
même reçus; il échoua aussi dans les tentatives qu’il fit pour détacher l’Autriche de l’alliance; l’empereur François II se refusa à
tout arrangement et ne voulut pas permettre à Marie-Louise de se rendre à Paris avec son fils. Napoléon, renonçant à l’espoir de
maintenir la paix, se prépara à tenir tête à l’Europe. Or, tandis qu’il déployait une activité prodigieuse pour reconstituer l’armée,
et faire fabriquer des armes, tandis qu’il stimulait toutes les forces vives du pays, il proposa à l’acceptation de la France, sous le
titre d’Acte additionnel, une constitution imitée de la Charte anglaise, plus libérale que la Charte de 1814, et qui organisait en
France le gouvernement représentatif. Il se disait qu’en donnant au peuple des institutions libres, il associerait plus étroitement
encore la fortune de la France à celle de,sa dynastie. Vers le même temps, les symptômes d’une prochaine insurrection royaliste
se manifestèrent dans l’Ouest.
La France était loin d’être unie et disposée à de grands efforts. Les soldats, les ouvriers et les paysans acceptaient la politique
des luttes et des sacrifices, mais les classes plus élevées de la société, trop convaincues d’avance qu’on ne pourrait vaincre la
formidable coalition des puissances de l’Europe, entrevoyaient avec terreur les éventualités d’une nouvelle invasion, et proclamaient
que la résistance sérieuse n’était plus possible. L’agitation la plus vive se produisait à Paris. La liberté de la presse s’exercait sans
contrôle et sans limites, avec toutes les violences de la passion. La France, pour tenir tête à l’Europe, avait besoin d’un dictateur;
des songe-creux qui se disaient publicistes invoquaient au contraire les principes de pondération et d’équilibre, et réclamaient le
droit de harceler le Gouvernement à l’aide de tous les aiguillons constitutionnels. Napoléon se rendait compte de cette situation ;
alors il s’indignait de n’être plus, malgré ses droits, le représentant de l’ordre et de la victoire. Déserté par les hautes classes, il ne
J
voyait pour le soutenir que l’armée et la démocratie; il avait en face de lui l’Europe; derrière lui, la République; sur ses flancs, la
Vendée. A Paris, pour contrebalancer la malveillance des classes riches, le Gouvernement provoquait des revues, des parades
populaires. Alors on vit reparaître, en longues bandes processionnelles, la milice des faubourgs, et trop souvent aussi ces hommes
à figures sinistres qui ne se montrent que dans les jours de convulsions sociales. Ces rassemblements se succédaient; on les voyait
passer bruyamment, entonnant la Carmagnole et vociférant des cris de menaces contre le clergé et les nobles. Le 14 mai,
l’Empereur se vit obligé d’assister à l’une de ces manifestations, et ce fut à grand’peine qu’il contint l’expression de son déplaisir;
après avoir adressé à la multitude des paroles de remerciaient, il défendit de lui donner des armes.
Toujours désireux d’imiter Charlemagne, l’Empereur avait eu la pensée de convoquer l’une de ces grandes assemblées nationales
qui, sous la dénomination de Champ-de-Mars et de Champ-de-Mai, maintenaient les libertés et les privilèges des Francs, nos
ancêtres. Napoléon voulut que les membres des collèges électoraux, de tous les points de l’Empire, se rendissent par députations
au « Champ-de-Mai » qu’il se proposait de tenir à Paris. Comme en juillet 1790, il se forma dans la plupart des départements
des légions de fédérés et de volontaires qui, soit en masse, soit par délégation, résolurent d’assister à ce grand plaid national imaginé
par l’Empereur. Les représentants élus se trouvaient naturellement les premiers conviés à cette cérémonie ; la Chambre des Pairs
instituée par l’Acte additionnel, la magistrature, la garde nationale, l’élite de l’armée y eurent aussi leur place. C’était comme un
second couronnement, comme un nouveau sacre impérial. Le théâtre choisi pour cet immense rassemblement du peuple et de
l’armée fut le Champ-de-Mars de Paris. Au milieu de cette vaste esplanade, environnée de larges talus que couvrait le peuple,
s’élevait une pyramide de dimension colossale, terminée à son sommet par une plate-forme qui portait un trône. Les maréchaux,
2”e P. — P. M. o
 
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