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Audiganne, Armand; Benoist, Philippe [Ill.]
Paris dans sa splendeur: monuments, vues, scènes historiques, descriptions et histoire$ddessins et lithographies par MM. Philippe Benoist [und 17 weitere] ; texte par MM. Audiganne [und 23 weitere] (3ième volume): Histoire de Paris - environs de Paris — Paris: Henri Charpentier, 1861

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https://doi.org/10.11588/diglit.71015#0164
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PARIS DANS SA SPLENDEUR.

de chaises et des pierres furent lancés contre la maison dont les vitres volèrent en éclats; sur d’autres points, des rixes curent
lieu avec des sergents de ville qui gardaient le chapeau sur la tète. Arrivé au pont d’Austerlitz, sur la rive droite de la Seine, le
char funèbre s’arrêta au pied d’une estrade tendue de noir, ornée de drapeaux réunis en trophées, et destinée à servir de tribune
aux orateurs: là, furent prononcées diverses harangues par des personnages français et étrangers, que leurs antécédents
révolutionnaires rendaient célèbres; les orateurs parlaient encore que déjà la confusion et le désordre régnaient dans la foule.
Les ordonnateurs du cortège voulaient transporter le corps du général Lamarque à Saint-Sever ; les républicains manifestaient
le vœu de l’inhumer au Panthéon. En cet instant parut un individu à cheval, entouré d’une ceinture rouge, et promenant, au
milieu de la multitude stupéfaite, un drapeau rouge avec cette inscription: La liberté ou la mort! Ailleurs, un démagogue
déployait un autre drapeau de la même couleur, surmonté d’un bonnet rouge. A la vue de ces insignes qui rappelaient les hideux
souvenirs de 1793, une grande partie des spectateurs s’indignèrent; les autres poussèrent des clameurs factieuses. On porta le
général Lafayette, malgré lui, dans un fiacre qui se trouvait à peu de distance, et on essaya de le ramener triomphalement à
son domicile. Deux escadrons de dragons s’étant alors montrés à la hauteur de la caserne de Sully, on les accueillit à coups de
feu, et bientôt après la lutte s’engagea aux abords de la Bastille. Les dragons, qui comptaient déjà plusieurs blessés, firent une
décharge et balayèrent la rue de l’Arsenal ; les insurgés n’en continuèrent pas moins le feu par les fenêtres du pavillon de Sully
et du Grenier d’Abondance. Deux heures après, le mouvement de révolte s’étant propagé jusque dans le quartier des Halles, la
guerre civile déploya toutes ses horreurs. Vers le soir (b juin), un grand nombre de postes étaient au pouvoir des insurgés; leurs
attroupements menaçaient la Banque, l’hôtel des Postes, la caserne des Petits-Pères; les rues du Temple, Saint-Martin, Saint-Denis,
Montmartre, des Fossés-Montmartre, du Petit-Reposoir étaient coupées de barricades. Sur la rive gauche, l’émeute avait enlevé
le corps-de-garde de la place Maubert et refoulé la garde municipale dans la direction de la barrière d’Enfer. En ce moment, les
troupes de la garnison recevaient des renforts des villes voisines, et se mettaient en mesure de charger vigoureusement les rebelles.
On se battit avec opiniâtreté de part et d’autre, le boulevard fut dégagé par la troupe, mais la nuit suspendit le combat. Le 6 juin,
dès trois heures du matin, on engagea de nouveau la lutte. A cinq heures, les insurgés étaient refoulés, d’un côté, à la place delà
Bastille et dans le faubourg Saint-Antoine; de l’autre, dans les rues Aubry-lc-Bouchcr, Saint-Merry, Saint-Martin, Planchc-Mibray
et des Arcis. Entre six et sept heures, de nouveaux renforts d’artillerie, d’infanterie et de cavalerie arrivèrent de Vincennes, de
Saint-Cloud et de Versailles. A sept heures, le corps d’armée aux ordres du général Schramm attaqua et enleva les barricades
de la Bastille et du faubourg Saint-Antoine; cette affaire fut très-chaude et très-meurtrière, D’autres collisions eurent lieu sur les
boulevards, et les insurgés furent successivement cernés et vaincus. Restait la position de Saint-Merry, la rue Aubry-le-Boucher,
la rue des Arcis et la rue Planche-Mibray occupées par les républicains et coupées par de hautes et fortes barricades. On employa
le canon pour les réduire. Là, surtout, la lutte fut longue et désespérée, et l’on vit une poignée de révoltés, presque tous fort
jeunes, presque tous enfants de Paris, tenir tête à des forces militaires considérables, dirigées par d’habiles chefs. A la fin, ils
succombèrent, et, dans la soirée du. 6 juin, le silence régnait sur le théâtre de la bataille. Dès le lendemain l’œuvre de répression
et de châtiment commença.
Paris fut mis en état de siège; deux conseils de guerre furent chargés de juger les rebelles; des mandats d’arrêt furent lancés
contre les chefs du parti républicain; on prononça des condamnations capitales. Soudain, par un arrêt du 29 juin, la Cour de
Cassation prononça que la mise en état de siège de Paris était un acte illégal, et que, dans tous les cas, la loi n’autorisait pas la
procédure instruite devant les tribunaux militaires contre des insurgés civils. Le lendemain l’état de siège cessa, mais les accusés1
furent renvoyés devant les cours d’assises. Sur ces entrefaites, les ravages du choléra s’étaient ralentis, mais l’épidémie sévissait
encore, et Paris ne la vit disparaître que vers la fin de septembre.
Le 1er juillet, on apprit à Paris, non sans étonnement, que sur un point éloigné du royaume, à Saint-Etienne, on avait fait
fessai d’un chemin de fer, et qu’une locomotive à vapeur avait transporté quatre cents personnes en leur faisant parcourir douze
lieues à l’heure. On s’émerveillait de ce prodige qui, au demeurant, n’était qu’une tentative à l’état d’ébauche; de nos jours et
sous nos yeux, on a accompli de plus grands prodiges en ce genre.
Vers la fin de l’année 1832, peu d’incidents signalèrent l’histoire de Paris : au mois d’octobre, un changement introduit dans
le ministère fit entrer au conseil MM. Thiers et Guizot, deux éminents historiens, dont l’avenir politique devait encore se lier
étroitement à la destinée du gouvernement de Juillet. Peu de temps après, les membres de la société des « Amis du Peuple »
furent traduits en cour d’assises, pour délits d’association non autorisée; acquittés par le jury, ils furent renvoyés hors de cause,
mais le fait de l’existence de la société ayant été matériellement établi aux débats, la cour rendit un arrêt par lequel la société
était dissoute. Un incident plus glorieux pour la France vint alors préoccuper l’attention publique : ce fut la prise de la citadelle
d’Anvers. Ce triomphe obtenu par une armée française, dans les rangs de laquelle combattaient deux fils du roi, fut célébré à
Paris, comme toutes les victoires, par des illuminations et des salves d’artillerie. L’année 1833 ne fut guère fertile en événements,
mais cette année, du moins, il n’y eut ni insurrection, ni émeute; les sociétés secrètes se reconstituaient lentement, épiant
 
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