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Audiganne, Armand; Benoist, Philippe [Ill.]
Paris dans sa splendeur: monuments, vues, scènes historiques, descriptions et histoire$ddessins et lithographies par MM. Philippe Benoist [und 17 weitere] ; texte par MM. Audiganne [und 23 weitere] (3ième volume): Histoire de Paris - environs de Paris — Paris: Henri Charpentier, 1861

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https://doi.org/10.11588/diglit.71015#0226
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PARIS DANS SA SPLENDEUR.

mieux bâtir Versailles! Vauban, le plus grand ingénieur que nous ayons jamais eu, avait conçu un vaste plan qu’on ne lui
permit pas d’exécuter, et qui fut repris en 1806 par Napoléon. Mais l’Empereur portait alors trop souvent la guerre chez les
autres pour s’occuper des moyens de la soutenir chez lui. Et pourtant! si, en 1814, Paris eût pu soutenir le premier choc des
alliés, le destin des choses était changé peut-être!
La Restauration, qui avait d’excellentes intentions, trop rarement suivies d’effet, reconnut la nécessité de fortifier Paris et
ne le fortifia point; le temps lui manqua, et elle était chargée d’une liquidation déjà lourde: voilà ce que l’histoire ne doit point
oublier, si elle veut être juste.
Louis-Philippe, plus heureux, parvint, non sans efforts, sans luttes et sans échecs, à faire voter, le 1er février 1841, la loi
des fortifications par la Chambre des Députés. On dépensa des deux côtés, beaucoup d’esprit, de verve, de raison et d’éloquence.
M. Arago fit résoudre la question avec des chiffres et de la géométrie.
Le Parlement décida que Paris serait entouré d’une enceinte continue, et protégé par un système de forts détachés. L’enceinte '
continue, qui se compose d’une série de lignes brisées, à angles saillants et rentrants, se développe sur une longueur de trente-six
kilomètres; elle comprend une rue militaire, un rempart, un fossé, un glacis. Elle décrit une sorte de triangle curviligne, dont
le sommet est placé sur la Seine, au Sud-Ouest de Paris, et dont la base s’étend de Gentilly à la Villette. On compte vingt-six
bastions sur la rive gauche du fleuve, et soixante-huit sur l’autre rive. L’enceinte, pour être continue, n’en donne pas moins accès
à trente-six routes ou avenues, par de larges trouées, sans portes de ville, sans fossés, sans pont-levis, en un mot sans l’attirail
incommode et gênant des places de guerre. Mais, à droite et à gauche de chaque trouée, le génie militaire a fait l’acquisition d’une
bande de terrain, large de 100 mètres, longue de 260; en un instant, les ouvertures seraient fermées et le fossé creusé. En
attendant, on va, à chacun de ces passages, installer des grilles, des postes et des barrières, en un mot, tout ce qui est nécessaire
à la perception de l’octroi. En avant du revers extérieur du fossé, une zone de 260 mètres a été frappée d’une servitude passive,
qui lui interdit le droit de recevoir jamais aucune construction, de quelque nature qu’elle puisse être.
Nous l’avons dit : l’enceinte continue n’est qu’une partie du système de défense adopté pour Paris. Ce système se complète
par une ligne de forts détachés, qui remplace la seconde enceinte projetée par Vauban, et qui protège très-efficacement l’autre.
Ces forts détachés sont au nombre de seize. Passons-les en revue. Au Nord, le fort de la Briche, qui est appuyé sur la rive droite
de la Seine; le fort du Nord, la lunette de Stains et le fort de l’Est, protègent Saint-Denis. A l’Est, est le fort d’Aubervilliers,
ornement de la route du Bourget. Voici maintenant les forts de Romainville, de Noisy, de Rosny, de Vincennes et de Nogent.
Le fort de Charenton se trouve sur la rive gauche de la Marne, près du confluent de cette rivière avec la Seine.
Sur la rive gauche de la Seine, se dressent le fort dilvry, celui de Bicètre, celui de Montrouge et celui de Vanves. Le fort
d’Issy est plus bas, presque au bord de la rivière.
Au loin, l’imposante forteresse du Mont-Valérien domine un vaste horizon et fait vis-à-vis à la citadelle de Vincennes.
Les forts détachés, composés du même système de défense que l’enceinte continue, renferment des magasins à poudre et des
casernes casematées, à l’épreuve des projectiles les plus destructeurs. Les commandants accordent des permis de visite dont le
public n’abuse pas.
Le travail cyclopéen des fortifications a été accompli en trois ans, moitié par des entrepreneurs, moitié par le génie militaire,
qui se servait de régiments embrigadés en terrassiers.
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ENVIRONS DE PARIS.
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J ar delà les fortifications, tout change de caractère : l’horizon est plus large; il ondule en courbes agrandies. Les
habitations des hommes, devenues plus rare, se transforment avec le paysage; la villa remplace le cottage, et au
5 lieu du chalet, c’est le château qu’on rencontre. Le site est varié à l’infini, souvent pittoresque, toujours grâcieux:
c’est une nature à part, et si j’ose dire, civilisée, ainsi qu’il convient aux alentours de la capitale du monde. Ici des taillis
(£) de deux ans, et là des forêts séculaires; plus loin, des ruisseaux jaseurs qui vont endormir dans un lac leurs murmures et


leurs flots; et partout, même où l’on ne l’attend pas, la Seine, le fleuve aux mille détours, qui fait miroiter dans les prés son
ruban de moire frissonnante.

Pour mettre un peu d’ordre dans ces excursions rapides, où tant d’attractions combinées rendent le choix embarassant, nous
suivrons à droite et à gauche les rives de la Seine, tantôt au fil de l’eau et tantôt remontant contre lui. Puis nous prendrons les
bords du canal et la jolie vallée de la Bièvre et nous irons plus loin encore, si le lecteur veut bien nous suivre.
Meudon. — Quand on traverse le hardi viaduc du Val-Fleury, on découvre de toutes parts un paysage riant et doux, des
 
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