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Audiganne, Armand; Benoist, Philippe [Ill.]
Paris dans sa splendeur: monuments, vues, scènes historiques, descriptions et histoire$ddessins et lithographies par MM. Philippe Benoist [und 17 weitere] ; texte par MM. Audiganne [und 23 weitere] (3ième volume): Histoire de Paris - environs de Paris — Paris: Henri Charpentier, 1861

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https://doi.org/10.11588/diglit.71015#0073
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HISTOIRE. - PARIS ANCIEN.

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préposés à la garde de ces positions. On s’attendait à une sortie de la part des assiégés, et on se tenait prêt à la repousser; mais,
disent les chroniques, « ceulx de Paris n’osoient saillir. » Vers deux heures après midi, Jeanne d’Arc fit combler avec des
poutres et des fascines le premier fossé, et, suivie de sa troupe, elle réussit à le franchir; le second fossé était profond et rempli
d’eau. Jeanne « alla et vint longtemps, » ne sachant à quoi se résoudre, sondant la profondeur de l’eau avec sa lance, pour
trouver un gué, tandis que ses soldats, exposés au feu de l’artillerie, cherchaient à improviser un passage. Quant à la Pucelle,
sous une pluie de boulets, de pierres et de traits, elle criait aux assiégés: « Rendez la ville au roy de France! » Alors un archer,
tout en répondant par des outrages, décocha contre elle une flèche qui l’atteignit et lui perça la jambe de part en part. Ainsi
blessée, elle fut contrainte de se coucher par terre, sur le revers du tertre qui séparait les deux fossés; là encore, elle ordonnait
l’attaque et ne voulait point qu’on battît en retraite. Cependant la nuit approchait, l’assaut avait duré six heures, « sans que on
sceust qui eust le meilleur, » et le sire de La Trémouille donna ordre de se replier sur Saint-Denis. Jeanne fut emportée, et les
troupes royales se retirèrent; la garnison de Paris ne les poursuivit pas, mais elle inquiéta leur retraite à coups de canon: « Et
fut moult louée la Pucelle de son bon vouloir et hardy couraige que elle avoit monstré. » L’attaque dirigée contre Paris échoua
par les mauvaises dispositions et l’incurie de Charles VII, et l’armée royale alla prendre ses quartiers d’hiver vers la Loire.
Quelques années s’écoulèrent durant lesquelles Paris, toujours au pouvoir des Anglais, resta étranger à la guerre qui se
prolongeait entre les armées de Henri VI et celles de Charles VII, comme aussi à la captivité et au supplice de l’héroïque Jeanne
d’Arc. A la fin, le parti français prévalut, et la paix se fit entre Charles de Valois et Philippe de Bourgogne (1436)., Les
circonstances parurent favorables pour reconquérir la capitale du royaume.. Le connétable de Richemont et l’Ile-Adam, qui
commandaient lès forces nationales, se portèrent sur Paris, et enlevèrent successivement aux Anglais Aubervilliers, Saint-Denis,
Montmartre: Dans la ville, ils avaient pour auxiliaires Michel Lallier et les chefs de la bourgeoisie; ils comptaient, en outre, sur
les sympathies du peuple entier qui se trouvait las du joug anglais et avide de secouer la dure tyrannie de la maison de Lancastre.
Dans la nuit du 13 au 14 avril 1436, l’Ile-Adam se présenta à la porte Saint-Jacques qui lui fut ouverte par les bourgeois;
puis, ce seigneur et le connétable, arborant la bannière de France, et suivis d’un corps d’armée, entrèrent dans la ville en
criant: « Vive le roi! vive Bourgogne! vive la paix! » Les bourgeois se hâtaient de coudre sur leurs habits ou d’arborer à
leurs fenêtres, les uns, la croix droite de France; les autres, la croix penchée de Saint-André ou de Bourgogne; mais les
vainqueurs faisaient à tous bon visage. Le connétable, d’un air satisfait et plein de courtoisie, serrait la main aux bourgeois,
leur répétant : « Mes bons amys, le roy Charles vous remercie de ce que si doucement vous luy avez rendu la maîtresse cité de
son royaume; tout est pardonné, tant aux absents qu’aux présents. Et si aucun, de quelque estât qu’il soit, a méprins par devers
Monsieur le roy, il lui est tout pardonné! »

PARIS SOUS CHARLES VII, LOUIS XI ET CHARLES VIII.

1437-1498.


ependant les Anglais ne se laissèrent pas enlever Paris sans résistance. L’évêque de Thérouenne et lord Willoughby

armèrent leurs gens de guerre ; le prévôt de Paris, le boucher Legoix et quelques écorcheurs se rangèrent de
leur côté-. On se battit dans le quartier des Halles, dans la rue Saint-Denis et aux abords de l’église Saint-Merry.

Les bourgeois qui se soulevaient au nom de la France, tendirent les chaînes dans les rues et attaquèrent les Anglais; du
* haut des fenêtres, les hommes, les femmes faisaient pleuvoir sur les soldats étrangers des pierres, des bûches, des tables. La
lutte ne fut pas de longue durée: une poignée d’Anglais et d’écorcheurs ne pouvaient tenir tête à un peuple et à une armée, et
en quelques heures Paris redevint une ville française. En ce moment, Charles VII était à Vienne, en Dauphiné. Les événements
ne lui permirent pas d’accourir sur-le-champ à Paris, et d’ailleurs il n’avait pas tout-à—fait pardonné à cette ville de l’avoir
chassé de ses murs dans la sinistre journée du 29 mai 1418. A la fin, le 13 novembre 1437, il fit son entrée solennelle dans
cette capitale, et depuis lors, au témoignage des chroniques, il-« tint loyaument et bonnement tout ce qu’un bon roy faire
devoit. » En dépit de ses soins et de sa sagesse, il ne parvint que bien lentement à faire disparaître à Paris et en France la trace
des longues calamités de la guerre de cent ans. Il fallut plusieurs années de luttes très-opiniâtres pour enlever, l’une après
l’autre, aux Anglais, les provinces et les villes dont ils étaient encore maîtres. D’un autre côté, la misère et la disette sévirent
avec une rigueur inaccoutumée;\à Paris, près de cinquante mille personnes périrent misérablement, et, disent les annales du
XVe siècle, « quand la mort se boutoit dans une maison, elle emportoit la plus grande partie des gens, espécialement des plus
forts et des plus jeunes. » La terreur et la solitude régnaient dans les rues, et les Parisiens, exténués par la faim et les maladies
contagieuses, n’avaient même plus la force de se défendre contre les loups qui venaient les attaquer jusque dans leurs murs.
 
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