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Audiganne, Armand; Benoist, Philippe [Ill.]
Paris dans sa splendeur: monuments, vues, scènes historiques, descriptions et histoire$ddessins et lithographies par MM. Philippe Benoist [und 17 weitere] ; texte par MM. Audiganne [und 23 weitere] (3ième volume): Histoire de Paris - environs de Paris — Paris: Henri Charpentier, 1861

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https://doi.org/10.11588/diglit.71015#0075
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HISTOIRE. - PARIS ANCIEN. 41
de Belleville, autrefois construit par Philippe-Auguste, et que le temps avait mis hors de service. Les travaux furent dirigés
par Mathieu, alors prévôt des marchands de Paris. Durant la période dont nous venons d’esquisser le récit, on réorganisa les
arbalétriers et les archers de Paris. .
L’architecture chrétienne, malgré le malheur des temps, continuait d’enfanter des merveilles; toutes les classes de la
population associaient leurs efforts pour bâtir la maison de Dieu. Le riche fournissait de l’or, le' pauvre son travail; le clergé
fournissait les plans, et l’on voyait s’élever ces magnifiques églises qui sont en possession de l’admiration des peuples. Moins
sublime dans ses effets, quoique souvent fort remarquable, l’architecture qui présidait à la construction des demeures féodales,
alliait l’élégance arabe à la solidité saxonne. En revanche, la maison du bourgeois était petite, obscure, incommode; les- rues,
étroites et tortueuses, regorgeaient d’immondices et ne donnaient passage qu’à un air humide et malsain, ce qui engendrait de
fréquentes épidémies.
Quant aux costumes, l’ouvrier portait la jaquette ou casaque liée au flanc par un ceinturon. Le sayon de peau était commun
à tous les états. Les femmes nobles portaient habituellement les cheveux lissés sur le front, et par dessus, un bonnet de forme
pyramidale, orné de grandes dentelles. Sur leurs robes ou tuniques fort montantes, étaient peintes, à droite, les armes blasonnées
de leur mari, à gauche, celles de leur propre famille. Elles usaient de linge d’une finesse extrême, et se paraient de bijoux d’or
d’un travail précieux et incrustés de pierreries. La splendeur du costume des seigneurs et des riches était poussée à une grande
exagération; cependant Philippe—le—Bel avait fait défense à tout bourgeois de porter « vair, gris ou hermine, ni or, ni pierres
précieuses, ni couronne d’or ou d’argent. » Les ducs, les comtes, les barons, jouissant d’un revenu considérable, pouvaient
avoir par an quatre robes et leurs femmes autant. Les châtelaines portaient un manteau de fourrure orné d’un capuchon ; le
manteau des femmes du peuple était de laine. Les bourgeois et les nobles, en temps de paix, couvraient leur tête d’une sorte de
bonnet, appelé.chaperon, qui avait une queue.pendante par derrière. Les plaisirs de la table étaient une affaire d’ostentation autant
que d’intempérance; on mangeait, comme mets fort délicats, des hérons, des corneilles et des grues; le paon était servi dans les
banquets des rois et des princes. La pâtisserie était fort estimée, mais l’art culinaire n’avait fait que des progrès médiocres. Dans
les dîners, on faisait plutôt assaut de folles dépenses que de délicatesse, et les édits somptuaires, pour remédier à ces abus, avaient
en vain prescrit de ne donner au grand mangier (au souper) que deux mets et un potage au lard, sans fraude, et, au petit
mangier (le dîner), qu’un mets et un entremets. Ces entraves ne prévalurent ni contre la sensualité ni contre l’orgueil, et bien
souvent le faste des grands et des parvenus insulta aux misères qu’enfantaient les guerres et la famine.
Sous le règne de Louis XI, successeur de Charles VII, l’histoire de Paris demeura en quelque sorte inaperçue. Ce prince voua
sa vie à deux idées: l’affermissement du pouvoir royal encore menacé par l’élément féodal, et l’abaissement de la maison de
Bourgogne, rivale dangereuse de la famille des Valois. Du farouche Ebroïn jusqu’à Louis XI, et de Louis XI jusqu’à Richelieu,
jamais la puissance des grands ne trouva de plus impitoyable adversaire. Quand des princes du sang, quand les plus hauts
seigneurs portaient leur tête sur l’échafaud ou languissaient dans des cages de fer, il ne venait à aucun vassal l’envie de jeter le
gant à la royauté; les simples bourgeois qui l’auraient osé savaient ce qu’ils avaient à craindre du maître. Personne n’ignorait que
quiconque avait le malheur de porter ombrage au prince, était par lui désigné au justicier. Tristan, puis cousu dans un sac et
jeté à la rivière. Sur chacun de ces cercueils étaient écrits ces mots sinistres: Laissez passer la justice du roi. Mais le peuple se
consolait des victimes choisies dans ses rangs par le spectacle des supplices de ses anciens maîtres. L’instinct des masses leur
révélait que les violences de ce prince étaient commises au nom d’une idée, au profit d’un système, et non par une cruauté
brutale. L’histoire n’a point fait honneur à Louis XI d’une popularité assise sur le meurtre et la ruse.
Louis XI accrut les privilèges de l’Université de Paris et favorisa les essais naissants de l’imprimerie; il protégea avec une
sollicitude éclairée l’étude des langues anciennes et les premiers pas de la littérature ; ce fut lui qui fonda la poste aux lettres.
Cependant, malgré ses allures pleines de rondeur, et en dépit des améliorations utiles dont il dota le peuple, la bourgeoisie
parisienne ne l’aimait et ne le comprenait pas davantage.
Quand il mourut, sans être regretté de personne, son fils, encore enfant, lui succéda sous le nom de Charles VIII. Ce prince,
dit Comines, « estoit si bon qu’il ne estoit possible de voir meilleure créature. » Par malheur, il était dénué de capacité, et n’eut
été l’habile politique de sa sœur la régente Anne de Beaujcu, il aurait aisément laissé reprendre à la féodalité tout.le terrain et tous
les droits que Louis XI avait conquis sur elle. Le duc d’Orléans qui convoitait la direction des affaires publiques, se mit à la tête
d’une ligue formée par les princes et les seigneurs: il essaya de soulever Paris dont il était gouverneur militaire; mais le Parlement
et le peuple demeurèrent fidèles à la régente, et les factieux se virent réduits à s’appuyer sur la Bretagne, sur l’Autriche et sur
la noblesse des provinces. La bataille de Saint-Aubin, gagnée par les lieutenants de Charles VIII, mit fin à ces révoltes féodales.
Charles VIII épousa Anne, duchesse de Bretagne, et cette union fit entrer la Bretagne dans le système politique de la France,
en attendant le jour, déjà peu éloigné, où cette illustre province se laisserait absorber dans la nationalité française (1491). Les
dernières années du règne de Charles VIII furent consacrées.à de lointaines expéditions et à des conquêtes aussi promptement

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