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Audran, Gérard
Les proportions du corps humain: mesurées sur les plus belles figures de l'antiquité et gravées — Paris, [ca. 1890]

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https://doi.org/10.11588/diglit.16257#0010
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AVANT-PROPOS

que des sujets aimables ou comiques; l'autre des batailles; celui-ci des jeux d'enfants; celui-là
des animaux ou des fleurs; celui-ci des marines ou des forêts; un autre, enfin, des sujets
sombres ou terribles. Si l'on prenait la peine de les observer d'après cette remarque, on trouverait
que la faç on de vivre des uns et des autres répond au genre de leurs productions, et que le
caractère de leur esprit est marqué, non-seulement dans le choix et l'ensemble des sujets
qu'ils traitent, mais encore dans chaque figure en particulier.

Ajoutons à tant de préventions, dont un artiste est entouré, celle qu'il reçoit du maître
sous lequel il apprend, et de la manière duquel il retient presque toujours quelque chose. Sur
(juoi nous pouvons remarquer, que ce qu'on appelle manière en peinture est communément
un défaut, un mode de travail qui nous a plu d'abord, que nous outrons par habitude, qui
finit par être invisible à nos propres yeux, mais qui s'est tellement identifié avec notre ima-
gination qu'il se reproduit dans tous nos ouvrages.

Que doit donc faire un dessinateur au milieu de tant de difficultés? Consulter Y antique avec
une entière confiance. Les sculpteurs qui nous ont laissé les belles figures qui nous restent, se
sont heureusement tirés de cet embarras. Ouclqucs-uncs de ces difficultés n'en étaient pas
pour eux, et ils ont su parfaitement surmonter les autres, et voici comment :

A l'égard du pays, ils travaillaient dans la Grèce ou dans l'Italie, et l'on sait assez que
Tune était fertile en beautés, et l'autre étant la maîtresse du monde, tout ce qu'il y avait
de rare et de beau y abondait de toutes parts.

A l'égard du tempérament, sans doute ils en sentaient comme nous l'influence, et ce serait
une mauvaise disposition pour les arts, qu'une insensibilité naturelle, parce que cette froideur
se ferait sentir désagréablement dans leurs productions; mais ces grands hommes ne se
laissaient pas tellement prévenir ou guider par leurs passions, qu'ils n'observassent également
tout ce qui était à éviter ou à admettre dans les différents caractères de leurs figures, cl cela
avec une fidélité, une précision telles, que personne, depuis tant de siècles, n'a encore atteint
ce haut degré de perfection où ils ont porté leurs ouvrages.

On peut avancer hardiment qu'ils ont en quelque sorte surpassé la nature, car, bien qu'il
soit vrai de dire qu'ils n'ont fait que l'imiter, cela doit s'entendre de chaque partie isolément
considérée, mais jamais pour le tout ensemble, et la nature humaine n'a jamais fourni
de modèle aussi parfait dans toutes ses parties que le sont quelques-unes de leurs figures. Us
ont imité les bras de l'un, la tête de l'autre, les jambes d'un troisième, etc., rassemblant ainsi,
dans une seule figure, les beautés éparscs qu'ils avaient étudiées et recueillies, suivant qu'elles
pouvaient convenir au sujet qu'ils voulaient représenter. Ainsi, nous voyons qu'ils ont rassemblé
dans YHcrcule tous les traits qui caractérisent la force ; et dans la Vénus, la délicatesse des formes,
les grâces qui peuvent former une beauté achevée. Us ne plaignaient ni le temps ni les soins, et
il s'en est trouvé qui ont travaillé toute leur vie, dans l'unique but de produire une seule figure
parfaite. Trois puissants motifs les animaient : la religion, la gloire et l'intérêt. Us regardaient
comme une sorte d'acte religieux de mettre tant de noblesse et de grandeur dans les figures de
leurs dieux qu'elles pussent attirer l'amour et la vénération des peuples. Leur propre gloire y
trouvait son compte, parce qu'on leur décernait des honneurs singuliers quand ils avaient
réussi, et, quant à leur fortune, ils n'avaient plus besoin de s'en mettre en peine dès qu'ils
étaient parvenus à un certain degré de mérite.

Cependant, il ne faut pas que notre estime pour les anciens, toute fondée qu'elle est, nous
aveugle et nous fasse admirer également toutes les ligures antiques qui nous sont parvenues.
De même qu'il y avait des maîtres, il y avait aussi des élèves, dont quelques ouvrages sont
parvenus jusqu'à nous, bien qu'ils ne méritassent guère le soin qu'on a pris de les conserver.
C'est pourquoi, dans le grand nombre qui nous reste, j'ai choisi ceux qui ont l'approbation la plus
universelle, que les plus fameux artistes regardent comme les modèles les plus parfaits et les
meilleurs à consulter pour l'étude; et, comme ce sont ces figures qu'il faut principalement
étudier, il est bon d'observer que dans les plus belles on remarque des choses qu'on prendrait
 
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