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ï72 CEREMONIES, MOEURS ET COUTUMES, &c.
sa voix d'une manière à saire peur aux femmes & aux ensans. Il tâche de réveiller par-là
ceux qui dorment ; ou plutôt il tâche de marquer fa joie, 11 est obligé de lire fans respker
les noms des dix enfans d'Oman. Lorfqu'on prononce le nom de ce perfécuteur, il se sait
dans les Synagogues un bruit terrible. Les uns frapent des pieds ôc des mains ; les enfans
ont des maillets, ôc d'autres inftrumens propres à saire beaucoup de fracas. En quelques
lieux on grave le nom à'Aman sur une pierre, ou fur du bois , & dans le moment qu'on lit
ce nom, on srape avec sorce contre une autre pierre, en criant, que le nom du méchant
pourrijjè & [oit effacé. On sinit par des malédictions contre Aman & contre sa semme, par
des bénédictions pour Mardochée ôc pour Esther, & par des louanges que l'on donne à
Dieu qui a confervé fon Peuple. On fort enfuite de la Synagogue , pour aller se mettre à
table ; &l'on y revient le lendemain au matin, pour entendre encore fhiftoire d'Esther ,
après laquelle commence une débauche fi grande ôc fi générale, qu'on a consondu cette
Fête avec les Bacchanales des Paiens. C'eftun crime fi noir de travailler pendant la Fête ,
qu'un homme qui avoit femé du lin dans son champ ce jour-là , n'en vit jamais reparoître
le plus petit germe. On boit jufqu'à ce qu'on ne puifle plus diftinguer entre la bénédiction
d'Efther, ôc la malédiction d'Aman. Les hommes s'habillent en semmes, malgré la Loi
qui le défend. On danfe, & la débauche dure deux jours.
Nous avons remarqué ailleurs, que dans cette Fête autresois les Juiss avoient en certains
lieux la coutume d'élever un gibet, ôc d'y pendre la figure d'un homme} afin de repréfen-
ter Aman condamné à ce fupplice. Cette Cérémonie ne s'observe plus.
La Fête des Purim eft une de ces Fêtes, moitié férieufes, moitié badines ôc burlesques,
à laquelle la joie eft fi fort annexée, qu'il n'eft point de bon Juif qui ne donne alors l'eflor
à fa belle humeur. On croiroit qu'il saut saire d'étranges efforts, pour paffer presqu'en un
moment d'une pénitence auftére à des réjouisfances qui ne gardent aucunes régies, ou pour
franchir tout à coup de celles-ci à celle-là. Point du tout. Ces extrémités fe touchent. Les
deux caractères que les hommes prennent en ces occafions, nous permettront de les com-
parer à une lame d'acier sort souple. Elle plie fans peine, ôc se remet enfuite fort vite dans
son premier sens.
Il y a des prières ôc des bénédictions particulières pour ce jour-là, de même que pour les
autres folemnités des Juiss.
Les dix noms des sils d'Aman sont écrits d'une manière sort singuliere dans la ( a ) Me-
ghillak. On les arrange prefque comme ( b ) des pendus à un gibet.

(«) Ceft le nom, que les Juiss donnent au Volume i
SEsiher. 1

( b ) Buxtorf, Syn. Juâ, Cap. zy.
 
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