LES POTEEIES PEINTS DE l’AfEIQUE DU NOED
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Pourtant, tons les indigenes interroges nous ont affirme que ce meme type de decors
et de formes est en usage tout le long de la pente meridionale du Djurdjura depuis Merkalla
jusqu’a Maillot,25 et que meme la tribu, non berbere mais arabe, des Oulad Belil, qui habite
en face, de 1’autre cote de la Soummam (ici appelee Oued Sahel) imite depuis assez long-
temps la poterie des Beni Medour de Merkalla. Cette double affirmation aurait cependant
besoin de controle. La seconde pourrait ne se rapporter qu’au mode de fagonnage et de
cuisson, mais non pas au systeme decoratif. En tout cas, le facies general des poteries
des Beni Medour qui habitent la region de Merkalla est absolument caracteristique. Il se
distingue au premier coup d’oeil de celui des poteries de la Kabylie centrale, de celles de la
region de Palestro et de celles de Sidi Aich.
A Merkalla, chaque maitresse de maison fagonne et cuit elle-meme sa vaisselle. Toutes
les femmes de Merkalla savent faire de la poterie, mais toutes ne savent pas peindre,
c’est-a-dire diviser le champ a decorer conformement aux traditions locales. Les mala-
droites demandent de commencer le schema a celles qui savent mieux, ou parfois meme
descendent jusqu’aux Moulins ou habite Madame van Vollenhoven, qui s’interesse a la
persistance de cet art indigene et aide ces femmes dans la mesure ou elles le demandent,
sans jamais modifier les themes traditionnels.
Ces poteries ne sont jamais vendues. Tout au plus pendant 1’hiver, alors que toute
cuisson est impossible, les femmes se cedent-elles des objets de maison a maison, sous
condition de remplacement des que 1’ete sera revenu. On ne peut meme ^changer ces
poteries centre des provisions qu’ exceptionnellement. Dans chaque maison de Merkalla, il
y a a une certaine hauteur (a peu pres deux metres) un rebord sur lequel sont disposes debout
les plats de toute sorte, dont quelques-uns ont jusqu’a 1 m, 20 de diametre, la moyenne
Stant de 60 a 80 centimetres. Sur un autre rebord sont disposces bien en Evidence
les cruches, les tasses, les lampes a pied. Tout cet etalage de poteries a fond sombre et a
decors en couleurs vives produit un tres bel effet decoratif. Il faut y joindre celui que
produisent les grands akoufis ou vases a grains, avec leurs ornements en relief, qui sont
parfois peints de couleurs en dStrempe (jaune, rouge, vert). Si 1’on ajoute que ce village,
qui comprend deux agglomerations importantes, possede des sources abondantes qui
jamais ne tarissent parce qu’elles sont alimentees par les neiges de la haute chaine sur-
plombante, et que les cultures de toute sorte y prosperent, les Kabyles ctant d’ailleurs tres
laborieux, on discernera les causes de 1’aspect riche et cossu que presentent toutes choses a
1’entour des maisons et a 1’interieur. Tout en servant a 1’usage quotidien, la vaisselle de
Merkalla, ctant donnes les soins qui sont necessaires pour sa decoration, possede la valeur
d’une vaisselle de luxe, et les gens du pays, differents de ceux d’autres locality's que j’ai
25 Entre Merkalla et Maillot vivent les tribus Tighererut, des Tachachit et des Mohedallah; elles empietent sur
la rive meridionale de 1’Oued Ziyan et de 1’Oue Sahel.
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Pourtant, tons les indigenes interroges nous ont affirme que ce meme type de decors
et de formes est en usage tout le long de la pente meridionale du Djurdjura depuis Merkalla
jusqu’a Maillot,25 et que meme la tribu, non berbere mais arabe, des Oulad Belil, qui habite
en face, de 1’autre cote de la Soummam (ici appelee Oued Sahel) imite depuis assez long-
temps la poterie des Beni Medour de Merkalla. Cette double affirmation aurait cependant
besoin de controle. La seconde pourrait ne se rapporter qu’au mode de fagonnage et de
cuisson, mais non pas au systeme decoratif. En tout cas, le facies general des poteries
des Beni Medour qui habitent la region de Merkalla est absolument caracteristique. Il se
distingue au premier coup d’oeil de celui des poteries de la Kabylie centrale, de celles de la
region de Palestro et de celles de Sidi Aich.
A Merkalla, chaque maitresse de maison fagonne et cuit elle-meme sa vaisselle. Toutes
les femmes de Merkalla savent faire de la poterie, mais toutes ne savent pas peindre,
c’est-a-dire diviser le champ a decorer conformement aux traditions locales. Les mala-
droites demandent de commencer le schema a celles qui savent mieux, ou parfois meme
descendent jusqu’aux Moulins ou habite Madame van Vollenhoven, qui s’interesse a la
persistance de cet art indigene et aide ces femmes dans la mesure ou elles le demandent,
sans jamais modifier les themes traditionnels.
Ces poteries ne sont jamais vendues. Tout au plus pendant 1’hiver, alors que toute
cuisson est impossible, les femmes se cedent-elles des objets de maison a maison, sous
condition de remplacement des que 1’ete sera revenu. On ne peut meme ^changer ces
poteries centre des provisions qu’ exceptionnellement. Dans chaque maison de Merkalla, il
y a a une certaine hauteur (a peu pres deux metres) un rebord sur lequel sont disposes debout
les plats de toute sorte, dont quelques-uns ont jusqu’a 1 m, 20 de diametre, la moyenne
Stant de 60 a 80 centimetres. Sur un autre rebord sont disposces bien en Evidence
les cruches, les tasses, les lampes a pied. Tout cet etalage de poteries a fond sombre et a
decors en couleurs vives produit un tres bel effet decoratif. Il faut y joindre celui que
produisent les grands akoufis ou vases a grains, avec leurs ornements en relief, qui sont
parfois peints de couleurs en dStrempe (jaune, rouge, vert). Si 1’on ajoute que ce village,
qui comprend deux agglomerations importantes, possede des sources abondantes qui
jamais ne tarissent parce qu’elles sont alimentees par les neiges de la haute chaine sur-
plombante, et que les cultures de toute sorte y prosperent, les Kabyles ctant d’ailleurs tres
laborieux, on discernera les causes de 1’aspect riche et cossu que presentent toutes choses a
1’entour des maisons et a 1’interieur. Tout en servant a 1’usage quotidien, la vaisselle de
Merkalla, ctant donnes les soins qui sont necessaires pour sa decoration, possede la valeur
d’une vaisselle de luxe, et les gens du pays, differents de ceux d’autres locality's que j’ai
25 Entre Merkalla et Maillot vivent les tribus Tighererut, des Tachachit et des Mohedallah; elles empietent sur
la rive meridionale de 1’Oued Ziyan et de 1’Oue Sahel.