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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0131
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LA NAVARRE.

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Ce fut à la fin du règne de Jean d'Albret (1512) que Ferdinand le
Catholique, roi de Castille et d'Aragon, lui enleva toute la Haute-Na-
varre, qui depuis lors n'a pas cessé d'appartenir au royaume d'Espagne.
L'autre Navarre, ou Navarre française, ayant à l'est le Béarn et la
Soule, à l'ouest le Labour, formée de tout le pays que Jean d'Albret et
sa femme Catherine avaient pu transmettre à Henri II, leur héritier légi-
time, se fit une nationalité distincte, prit des mœurs, des habitudes
françaises, et trouva dans les dogmes de la réforme un principe de
scission qu'elle fut heureuse d'adopter. Jeanne III d'Albret et Antoine
de Bourbon, souverains en 1555, y donnèrent volontiers les mains, et
Henri III de Bourbon, notre Henri IV, qui leur succéda, n'abandonna
leur ligne politique que parce que Paris valait bien une messe.
J'aime la Navarre espagnole autant que la Navarre française; je
l'aime à cause de ses frais ombrages, de ses pics élancés, de ses ondes
sinueuses, à cause de la dissémination du peuple qui l'habite; aucune
localité ne méritant, après Pampelune, Estella, Viana, le titre de cité,
malgré l'érection d'un de ses districts en district des cinq villes, Cin-
covillas. Tauste, Ejea, Sadova, Sos et Castillo, déclarées villas par Phi-
lippe V, en raison des services notables qu'elles lui avaient rendus pen-
dant la guerre de la successsion, ne sont que des bicoques, et je les en
félicite, car à quoi servirait le luxe d'une ville chez un peuple pasteur?
Aujourd'hui, s'il s'agissait de récompenser les actes d'héroïsme avec
un titre de vanité, comme l'a fait Philippe V, il n'est pas un hameau,
pas un trou de la Navarre sur lequel la gloire militaire ne poserait la
couronne murale qui distingue une cité. Aussi, je ne me laisserai dis-
traire ni par la vieille tour &'Éjea de los caballeros, où le roi d'Aragon
Alphonse Ier fit enfermer la reine Urraca, ni par les débris romains, ni
par 1'Alcazar en ruine et la jolie promenade d'Estella, où don Carlos assit
le quartier général de son armée. Je ne me préoccuperai pas davan-
tage du château gothique de Los Arcos, planté comme une vigie au
centre d'une plaine bien cultivée; de Puente la Reina, mieux connue
des ivrognes que des artistes, malgré l'église San Juan de Crucifijo et
le monument du grand prieur Jean de Beaumont qui la décore. Cepen-
dant, je veux m'arrêter à Viana, cette ancienne place forte qu'éleva don
Sancho el Fuerte (1219) pour empêcher les courses des Castillans; je
 
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