VOYAGE EN ESPAGNE.
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certains ports tels que Bilbao, Santander, Barcelone et Malàga, où
chaque jour des éléments nouveaux de vitalité semblent s'introduire
dans leurs bassins avec les vagues, nulle localité d'Espagne ne montre
autant d'animation commerciale que Valladolid. Chacun a l'air d'y vivre
dans l'aisance; les magasins se rapprochent des magasins de Madrid et
de Cadix; des rues entières, comme la rue des Orfèvres, sont consacrées
à des industries spéciales; les marchés ressemblent à des foires, et la
bâtisse occupe beaucoup de bras. En aucune ville je n'ai vu, propor-
tion gardée, un si grand nombre de constructions commencées.
Résidence du capitaine général de la Vieille - Castille, d'un évêché
suffragant de Tolède et de toutes les autorités provinciales; possédant une
université de droit, de philosophie et d'histoire dont quinze cents élèves
suivent les cours; ayant une école des beaux-arts, une école de cava-
lerie, une garnison nombreuse, une cour de justice dont le ressort em-
brasse un million d'habitants, Valladolid mérite le choix qu'a fait d'elle,
pour son séjour, l'infante fille de don J. Francisco. Elle occupe un palais
modeste, style renaissance rhabillé à la moderne, et situé vis-vis l'église
de San Pablo. Là se trouvaient les magnifiques tableaux dont parle
Colmenar, galerie ayant alors jour sur un vaste jardin planté d'arbris-
seaux rares et de fleurs exotiques, mais qui n'a plus rien de son ancienne
splendeur.
Valladolid n'est pas seulement une ville de commerce et d'industrie,
c'est encore une ville d'art, une ville littéraire. Ses monuments, groupés
dans un ordre chronologique, à partir de l'église Antigüa, qui date de
la fin du onzième siècle, jusqu'aux édifices de construction récente,
peut .offrir une suite non interrompue d'objets d'étude pour l'archi-
tecte et le sculpteur. On n'y trouvera rien de grandiose, mais on verra
l'art espagnol aux formes un peu roides, aux contours anguleux, aux
caprices infinis de détails, cheminer à côté de la naïveté allemande et
de la hardiesse bourguignonne; on s'abstiendra de mettre au nombre
des merveilles le portail de San Pablo, surchargé d'ornements disparates
et de statues écourtées, mais on appréciera l'élégance, la délicatesse de
ses fleurons et de ses guirlandes; on rangera parmi les conceptions les
plus bizarres le portail du collège dominicain de San Gregorio, dont
l'intérieur est exécuté d'après les traditions moresques (1488), avec peu-
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certains ports tels que Bilbao, Santander, Barcelone et Malàga, où
chaque jour des éléments nouveaux de vitalité semblent s'introduire
dans leurs bassins avec les vagues, nulle localité d'Espagne ne montre
autant d'animation commerciale que Valladolid. Chacun a l'air d'y vivre
dans l'aisance; les magasins se rapprochent des magasins de Madrid et
de Cadix; des rues entières, comme la rue des Orfèvres, sont consacrées
à des industries spéciales; les marchés ressemblent à des foires, et la
bâtisse occupe beaucoup de bras. En aucune ville je n'ai vu, propor-
tion gardée, un si grand nombre de constructions commencées.
Résidence du capitaine général de la Vieille - Castille, d'un évêché
suffragant de Tolède et de toutes les autorités provinciales; possédant une
université de droit, de philosophie et d'histoire dont quinze cents élèves
suivent les cours; ayant une école des beaux-arts, une école de cava-
lerie, une garnison nombreuse, une cour de justice dont le ressort em-
brasse un million d'habitants, Valladolid mérite le choix qu'a fait d'elle,
pour son séjour, l'infante fille de don J. Francisco. Elle occupe un palais
modeste, style renaissance rhabillé à la moderne, et situé vis-vis l'église
de San Pablo. Là se trouvaient les magnifiques tableaux dont parle
Colmenar, galerie ayant alors jour sur un vaste jardin planté d'arbris-
seaux rares et de fleurs exotiques, mais qui n'a plus rien de son ancienne
splendeur.
Valladolid n'est pas seulement une ville de commerce et d'industrie,
c'est encore une ville d'art, une ville littéraire. Ses monuments, groupés
dans un ordre chronologique, à partir de l'église Antigüa, qui date de
la fin du onzième siècle, jusqu'aux édifices de construction récente,
peut .offrir une suite non interrompue d'objets d'étude pour l'archi-
tecte et le sculpteur. On n'y trouvera rien de grandiose, mais on verra
l'art espagnol aux formes un peu roides, aux contours anguleux, aux
caprices infinis de détails, cheminer à côté de la naïveté allemande et
de la hardiesse bourguignonne; on s'abstiendra de mettre au nombre
des merveilles le portail de San Pablo, surchargé d'ornements disparates
et de statues écourtées, mais on appréciera l'élégance, la délicatesse de
ses fleurons et de ses guirlandes; on rangera parmi les conceptions les
plus bizarres le portail du collège dominicain de San Gregorio, dont
l'intérieur est exécuté d'après les traditions moresques (1488), avec peu-