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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0157
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L'ARAGON.

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cinquante bouches à feu étaient en batterie. Nous n'avions guère que
trente mille hommes divisés en deux corps, mais jamais soldats ne
furent plus intrépides, jamais chefs ne furent mieux obéis.
Dans la nuit du 29 au 30 décembre 1808, la tranchée s'ouvrit, et le
9 janvier le bombardement commença. Malheureusement le succès ra-
pide de l'attaque souffrit de la mésintelligence qui régnait entre les
chefs; la division Suchet, forte de huit à dix mille hommes, se tenait sur
les derrières, et, dans un rayon de quinze à vingt kilomètres, il fallait
faire beaucoup de détachements pour obtenir des vivres, des munitions
ou pour comprimer l'insurrection de plus en plus imminente des vil-
lages. Cet état de choses dura jusqu'au 22 janvier, que le maréchal
Lamies prit la direction suprême du siége.
Le 6, toutes les batteries françaises étant terminées et armées, cin-
quante bouches à feu ouvrirent un feu violent contre deux points prin-
cipaux d'attaque. En peu d'heures le feu des assiégeants se tut, et dès le
lendemain, les brèches ayant paru praticables, l'assaut fut décidé. Après
une lutte opiniâtre, après plusieurs attaques demeurées infructueuses,
deux compagnies de grenadiers polonais, précédées de soixante sapeurs,
ayant débouché de la partie postérieure d'un mur d'enclos, et franchi,
au pas de course, un intervalle de deux cent cinquante mètres, qui sé-
parait la Huerba d'un second mur d'enceinte, le régiment polonais put
s'introduire tout entier dans le couvent de Santa Engracia, qui servit
dès lors, avec le couvent d'el Calzas, y attenant, de place d'armes aux
assiégeants.
Les traverses des rues aboutissantes et une batterie qu'on enleva
furent tournées contre l'ennemi; les sapeurs crénelèrent le couvent
d'el Calzas; on put enfiler la longue courtine qui s'étendait de Santa
Engracia au pont de la Huerba, et les Espagnols, reculant pied à pied,
abandonnèrent ce poste, ainsi que la porte d'el Carmen et le couvent des
Capucins, où se livra un combat des plus vifs. Pendant la nuit, malgré
les tentatives des assiégés pour reprendre leurs postes, et surtout le mo-
nastère de Santa Engracia, nous nous fortifiâmes, et déjà le lendemain
notre position devenait formidable. Celle des Espagnoles ne l'était pas
moins.
« Le genre de guerre qu'on allait faire désormais dans l'intérieur de
 
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