VOYAGE EN ESPAGNE.
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la transparence des maîtres. Leurs œuvres sont presque introuvables
ailleurs qu'à Berlin, en Flandre ou dans la Grande-Bretagne.
Voici les illustrations nationales du Musée: Le premier, par ordre de
date, c'est Blas del Prado, né à Tolède en 1497, élève du célèbre Ber-
ruguète. Il a représenté une Vierge avec l'enfant Jésus accueillant la
Flos sanctorum d'Alfonse de Villegas; saint Joseph est à côté de la
Vierge; saint Jean l'Evangéliste et saint Ildefonse se trouvent à ses
pieds. Une grande noblesse respire dans l'attitude de la mère du Christ.
Cette composition remarquable porte le millésime 1530 : elle reproduit
le faire italien (170).
Juan de las Roelas, né à Séville vers 1558, se montre ici dans une de ses
œuvres les plus importantes, el Agua de la Pena. Nous en avons déjà
parlé précédemment. La beauté du dessin , le mouvement, le caractère
des figures indiquent un grand maître; mais l'expression en est moins
line, et le coloris moins séduisant que dans l'œuvre de Murillo qui traite
le même sujet (95).
Don Juan Fernandez Navarrete, né à Logrono en 1526, élève du
Titien dont il imita la manière, ne saurait être jugé d'après le petit
tableau de chevalet qui se trouve au n° 314.
Francisco Pacheco, né à Séville en 1571, élève de Luis Fernandez et
maître de Velâzquez, forme le point intermédiaire, le passage des
maîtres de l'école renaissance aux maîtres de l'école moderne. Le Saint-
Jean-Évangéliste et le Saint-Jean-Baptiste, placés aux nos 237, 238,
sont d'une facture un peu commune, mais ferme. Cette puissance du
pinceau néanmoins allait être dépassée par Ribera, qui, né en 1588 à
Jativa, aux environs de Valence, imita le Càravage, son maître, dont il
exagérera les qualités. Ribera vécut longtemps en Italie; il mourut
même à Naples, où il était plus connu sous le nom de l'Espagnole!
que sous celui de Ribera. Le Musée possède passablement de tableaux
venant de lui. Un des plus remarquables est le Martyr de saint André,
toile dont l'aspect fait horreur. Quelle différence entre cette œuvre et le
même sujet traité par Murillo! Rien ne saurait mieux rendre la diffé-
rence du génie des deux maîtres.
Ce n'est point ici qu'il faut voir Moralès , Cano, Ribalta, ni Vicente
de Juanes, quoique ce dernier se produise en plusieurs tableaux
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la transparence des maîtres. Leurs œuvres sont presque introuvables
ailleurs qu'à Berlin, en Flandre ou dans la Grande-Bretagne.
Voici les illustrations nationales du Musée: Le premier, par ordre de
date, c'est Blas del Prado, né à Tolède en 1497, élève du célèbre Ber-
ruguète. Il a représenté une Vierge avec l'enfant Jésus accueillant la
Flos sanctorum d'Alfonse de Villegas; saint Joseph est à côté de la
Vierge; saint Jean l'Evangéliste et saint Ildefonse se trouvent à ses
pieds. Une grande noblesse respire dans l'attitude de la mère du Christ.
Cette composition remarquable porte le millésime 1530 : elle reproduit
le faire italien (170).
Juan de las Roelas, né à Séville vers 1558, se montre ici dans une de ses
œuvres les plus importantes, el Agua de la Pena. Nous en avons déjà
parlé précédemment. La beauté du dessin , le mouvement, le caractère
des figures indiquent un grand maître; mais l'expression en est moins
line, et le coloris moins séduisant que dans l'œuvre de Murillo qui traite
le même sujet (95).
Don Juan Fernandez Navarrete, né à Logrono en 1526, élève du
Titien dont il imita la manière, ne saurait être jugé d'après le petit
tableau de chevalet qui se trouve au n° 314.
Francisco Pacheco, né à Séville en 1571, élève de Luis Fernandez et
maître de Velâzquez, forme le point intermédiaire, le passage des
maîtres de l'école renaissance aux maîtres de l'école moderne. Le Saint-
Jean-Évangéliste et le Saint-Jean-Baptiste, placés aux nos 237, 238,
sont d'une facture un peu commune, mais ferme. Cette puissance du
pinceau néanmoins allait être dépassée par Ribera, qui, né en 1588 à
Jativa, aux environs de Valence, imita le Càravage, son maître, dont il
exagérera les qualités. Ribera vécut longtemps en Italie; il mourut
même à Naples, où il était plus connu sous le nom de l'Espagnole!
que sous celui de Ribera. Le Musée possède passablement de tableaux
venant de lui. Un des plus remarquables est le Martyr de saint André,
toile dont l'aspect fait horreur. Quelle différence entre cette œuvre et le
même sujet traité par Murillo! Rien ne saurait mieux rendre la diffé-
rence du génie des deux maîtres.
Ce n'est point ici qu'il faut voir Moralès , Cano, Ribalta, ni Vicente
de Juanes, quoique ce dernier se produise en plusieurs tableaux