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DE MADRID A TOLÈDE.
fort beau retable peint, d'une grille et du tombeau de Francisco Ruiz,
évêque d'Avila; ni la chapelle de San-Bernardino de Silos, où se trouve
une Assomption d'El Greco; ni enfin San-Roman, ancienne mosquée,
remplie de sculptures et d'inscriptions mauresques.
On ne saurait guère se dispenser d'aller voir la synagogue con-
struite, vers le milieu du quatorzième siècle, par Lévi, trésorier de
Pierre le Cruel, qui le fit mourir en 1360, pour s'emparer, dit-on, de
sa fortune; la casa del Ayuntamiento, élevée d'après les plans d'El
Greco; l'hôpital de la Cruz, fondé en 1504 par Pedro Mendoza, dont
les armes décorent le patio, la chapelle, les galeries, et qui eut Hen-
rique Egas pour architecte (1504-1514); et l'hôpital de Fuera ou del
Rey, s'ouvrant sur un patio superbe, véritablement grandiose. Ce patio
présente une galerie et une allée centrale formées de hautes et sveltes
colonnes en marbre, conduisant à une longue nef presque nue, en
désharmonie avec la pompe architecturale du reste de l'édifice. Au
centre de cette église se trouve le tombeau du fondateur, le cardinal
Tavéra, régent d'Espagne, exécuté en marbre dans un bon style. La
tète du cardinal, taillée d'après le masque, porte un cachet de vérité
palpable. Son faire l'emporte sur celui des quatre Vertus et des Génies
qui décorent le pourtour du monument. Les deux médaillons dont il
est accosté et divers détails sont traités avec un vrai talent. Nous
avons vu, dans cette église, un retable du peintre El Greco, mauvais de
couleur et forcé de mouvement, représentant le Baptême du Précur-
seur.
Le palais de l'archevêché n'offre rien de particulier que la biblio-
thèque provinciale, ouverte au public et conservée par un homme de
mérite, don Ramon, qui m'a prié de faire pour lui quelques recherches
sur le roman du Paon, continuation du poëme romanesque d'Alexan-
dre, à ce que prétend Fauchet. Il parait que le roman du Paon, attri-
bué faussement à Alphonse le Sage, serait d'un seigneur appelé Goto-
fredo, Gotefrède ou Jauffret, venu en Espagne avec Anne de Ponthieu,
seconde femme de San-Fernando, et qu'il aura composé son livre dans
la ville de Tolède, d'où le manuscrit a passé dans la bibliothèque
nationale de Paris. Ce serait donc une œuvre originale qu'il convien-
drait de restituer à notre littérature française.
DE MADRID A TOLÈDE.
fort beau retable peint, d'une grille et du tombeau de Francisco Ruiz,
évêque d'Avila; ni la chapelle de San-Bernardino de Silos, où se trouve
une Assomption d'El Greco; ni enfin San-Roman, ancienne mosquée,
remplie de sculptures et d'inscriptions mauresques.
On ne saurait guère se dispenser d'aller voir la synagogue con-
struite, vers le milieu du quatorzième siècle, par Lévi, trésorier de
Pierre le Cruel, qui le fit mourir en 1360, pour s'emparer, dit-on, de
sa fortune; la casa del Ayuntamiento, élevée d'après les plans d'El
Greco; l'hôpital de la Cruz, fondé en 1504 par Pedro Mendoza, dont
les armes décorent le patio, la chapelle, les galeries, et qui eut Hen-
rique Egas pour architecte (1504-1514); et l'hôpital de Fuera ou del
Rey, s'ouvrant sur un patio superbe, véritablement grandiose. Ce patio
présente une galerie et une allée centrale formées de hautes et sveltes
colonnes en marbre, conduisant à une longue nef presque nue, en
désharmonie avec la pompe architecturale du reste de l'édifice. Au
centre de cette église se trouve le tombeau du fondateur, le cardinal
Tavéra, régent d'Espagne, exécuté en marbre dans un bon style. La
tète du cardinal, taillée d'après le masque, porte un cachet de vérité
palpable. Son faire l'emporte sur celui des quatre Vertus et des Génies
qui décorent le pourtour du monument. Les deux médaillons dont il
est accosté et divers détails sont traités avec un vrai talent. Nous
avons vu, dans cette église, un retable du peintre El Greco, mauvais de
couleur et forcé de mouvement, représentant le Baptême du Précur-
seur.
Le palais de l'archevêché n'offre rien de particulier que la biblio-
thèque provinciale, ouverte au public et conservée par un homme de
mérite, don Ramon, qui m'a prié de faire pour lui quelques recherches
sur le roman du Paon, continuation du poëme romanesque d'Alexan-
dre, à ce que prétend Fauchet. Il parait que le roman du Paon, attri-
bué faussement à Alphonse le Sage, serait d'un seigneur appelé Goto-
fredo, Gotefrède ou Jauffret, venu en Espagne avec Anne de Ponthieu,
seconde femme de San-Fernando, et qu'il aura composé son livre dans
la ville de Tolède, d'où le manuscrit a passé dans la bibliothèque
nationale de Paris. Ce serait donc une œuvre originale qu'il convien-
drait de restituer à notre littérature française.