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GRENADE.
frises, des arcs et des jambages de portes et de fenêtres; tandis qu'au
plafond, une charpente en cèdre offre un véritable problème de coin
binaisons géométriques. Je ne sache pas que la pointe d'un graveur,
quelque habile qu'il ait été, se soit jamais donné la peine de rendre
ces caprices symétriquement harmonieux.
Presque toujours, depuis le sol jusqu'à hauteur d'appui, les mu-
railles d'intérieur sont placardées d'azulejos, faïence vernie, où des
angles jaunes, noirs, rouges et verts forment mosaïque avec leur
fond d'un blanc terne. Au-dessus des azulejos règne le stuc ou le
plâtre, que les Arabes savaient rendre dur et travailler d'une ma-
nière fort remarquable. Ils ne taillaient donc presque jamais la pierre,
bien moins encore le marbre; ils employaient des moules qu'ils dis-
tançaient ou répétaient autant que pouvait l'exiger l'effet; aussi bâtis-
saient-ils très-vite, ne visant guère qu'aux résultats d'ensemble, sans
trop se préoccuper des détails, lesquels souvent manquent chez eux
d'un certain fini.
A Cordoue, Ecija, Jaen, Ségovie, Séville, Tolède, Valladolid, comme
à Grenade, partout enfin où nous avons pu voir des monuments arabes
d'une certaine importance, nous avons fait la même observation; les
magnificences mauresques dont nous cherchions les specimen en pierre,
en albâtre, en marbre, en granit, nous les trouvions en plâtre : or,
pour qui sait par cœur son Italie, ces magnificences semblaient bien
pâles à côté des splendeurs de Florence, de Venise, de Milan et de
Rome. Ceci contrariera beaucoup les idées de luxe féérique qu'éveille,
dans les imaginations les plus positives, le nom seul de l'Alhambra;
rien n'est plus vrai néanmoins : excepté quelques colonnes, la plupart
d'un seul bloc et d'une hauteur de deux à trois mètres, excepté quel-
ques dalles dans le pavage des vasques de bassins et des petites niches
pour déposer les babouches, il n'y a peut-être pas un seul morceau
de marbre employé dans les constructions intérieures de l'Alhambra.
LE GÉNÉRALIF1.
« 11 est difficile, dit M. Théophile Gautier, de rêver quelque chose de
1 Jeunalu-l-Arif, le jardin de l'architecte.
GRENADE.
frises, des arcs et des jambages de portes et de fenêtres; tandis qu'au
plafond, une charpente en cèdre offre un véritable problème de coin
binaisons géométriques. Je ne sache pas que la pointe d'un graveur,
quelque habile qu'il ait été, se soit jamais donné la peine de rendre
ces caprices symétriquement harmonieux.
Presque toujours, depuis le sol jusqu'à hauteur d'appui, les mu-
railles d'intérieur sont placardées d'azulejos, faïence vernie, où des
angles jaunes, noirs, rouges et verts forment mosaïque avec leur
fond d'un blanc terne. Au-dessus des azulejos règne le stuc ou le
plâtre, que les Arabes savaient rendre dur et travailler d'une ma-
nière fort remarquable. Ils ne taillaient donc presque jamais la pierre,
bien moins encore le marbre; ils employaient des moules qu'ils dis-
tançaient ou répétaient autant que pouvait l'exiger l'effet; aussi bâtis-
saient-ils très-vite, ne visant guère qu'aux résultats d'ensemble, sans
trop se préoccuper des détails, lesquels souvent manquent chez eux
d'un certain fini.
A Cordoue, Ecija, Jaen, Ségovie, Séville, Tolède, Valladolid, comme
à Grenade, partout enfin où nous avons pu voir des monuments arabes
d'une certaine importance, nous avons fait la même observation; les
magnificences mauresques dont nous cherchions les specimen en pierre,
en albâtre, en marbre, en granit, nous les trouvions en plâtre : or,
pour qui sait par cœur son Italie, ces magnificences semblaient bien
pâles à côté des splendeurs de Florence, de Venise, de Milan et de
Rome. Ceci contrariera beaucoup les idées de luxe féérique qu'éveille,
dans les imaginations les plus positives, le nom seul de l'Alhambra;
rien n'est plus vrai néanmoins : excepté quelques colonnes, la plupart
d'un seul bloc et d'une hauteur de deux à trois mètres, excepté quel-
ques dalles dans le pavage des vasques de bassins et des petites niches
pour déposer les babouches, il n'y a peut-être pas un seul morceau
de marbre employé dans les constructions intérieures de l'Alhambra.
LE GÉNÉRALIF1.
« 11 est difficile, dit M. Théophile Gautier, de rêver quelque chose de
1 Jeunalu-l-Arif, le jardin de l'architecte.