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VOYAGE EN ESPAGNE.
lerrori. » Au-dessous sont les armes du héros tenues par des soldats.
L'effigie de Gonzalve et celle de sa femme, représentés agenouillés,
occupent les deux côtés du maître-autel. Un autre édifice religieux,
privé comme celui-ci de sa population légitime, de ses moines, qui certes
ne conspiraient pas contre le repos public et n'entassaient pas des
trésors, la Chartreuse ou Cartuja, située à courte distance de la ville,
mérite bien une visite. Ses arabesques en plâtre, imitées du style mau-
resque, sorte de défi jeté par des artistes chrétiens aux artisans musul-
mans de l'Alhambra, présentent des motifs d'une grande originalité, des
détails charmants. Si nous osions leur adresser un reproche, ce serait
de montrer un fini trop délié, trop minutieux, de perdre en petits dé-
tails la portée majestueuse des grandes lignes.
CATHÉDRALE.
Avant de clore notre pérégrination pieuse, entrons à la cathédrale ,
lourd édifice bâti sur l'emplacement d'une mosquée, et que les Grena-
dinos admirent comme le nec plus ultra du génie. Nous aussi, nous ne
manquerons de déférence ni pour le plan primitif de Diégo de Si-
loez (1529); ni pour ces cinq grandes nefs supportées par des colonnes
corinthiennes; ni pour la hardiesse du cimborio et de l'arche élancée
qui s'ouvre à soixante mètres d'élévation sur le chœur; mais nous n'eu
serons que plus difficile dans l'appréciation des œuvres additionnelles du
siècle dernier, qui vient figurer ici en longues perruques Louis XIV et
en colifichets Pompadours. Les façades, les clochers sont inachevés ; et de
quelque côté qu'on porte les regards, ou reconnaît les ridicules efforts
opérés, sous l'inspiration de Philippe V, dans le but de défigurer la re-
naissance. Cependant, à travers le fatras du mauvais goût, nous distin-
guons bon nombre de choses passables et quelques belles choses. Ici règne
en maître le célèbre Alonso Cano. On montre comme étant de lui, dans le
chœur, sept scènes de la Vie de la Vierge; le portrait idéal d'un jeune
guerrier et d'une jeune femme, vrais chefs-d'œuvre, qu'on s'imagine à
tort représenter Adam et Ève; àla chapelle de la Trinidad, une Trinidad
et une Vierge ; dans la chapelle de San-Miguel , une Virgen de la Sole-
dad ; dans la sacristie, une charmante Conception sculptée; dans l'ora-
toire, une Vierge avec l'Enfant; et une autre Vierge drapée dans la Sa-
VOYAGE EN ESPAGNE.
lerrori. » Au-dessous sont les armes du héros tenues par des soldats.
L'effigie de Gonzalve et celle de sa femme, représentés agenouillés,
occupent les deux côtés du maître-autel. Un autre édifice religieux,
privé comme celui-ci de sa population légitime, de ses moines, qui certes
ne conspiraient pas contre le repos public et n'entassaient pas des
trésors, la Chartreuse ou Cartuja, située à courte distance de la ville,
mérite bien une visite. Ses arabesques en plâtre, imitées du style mau-
resque, sorte de défi jeté par des artistes chrétiens aux artisans musul-
mans de l'Alhambra, présentent des motifs d'une grande originalité, des
détails charmants. Si nous osions leur adresser un reproche, ce serait
de montrer un fini trop délié, trop minutieux, de perdre en petits dé-
tails la portée majestueuse des grandes lignes.
CATHÉDRALE.
Avant de clore notre pérégrination pieuse, entrons à la cathédrale ,
lourd édifice bâti sur l'emplacement d'une mosquée, et que les Grena-
dinos admirent comme le nec plus ultra du génie. Nous aussi, nous ne
manquerons de déférence ni pour le plan primitif de Diégo de Si-
loez (1529); ni pour ces cinq grandes nefs supportées par des colonnes
corinthiennes; ni pour la hardiesse du cimborio et de l'arche élancée
qui s'ouvre à soixante mètres d'élévation sur le chœur; mais nous n'eu
serons que plus difficile dans l'appréciation des œuvres additionnelles du
siècle dernier, qui vient figurer ici en longues perruques Louis XIV et
en colifichets Pompadours. Les façades, les clochers sont inachevés ; et de
quelque côté qu'on porte les regards, ou reconnaît les ridicules efforts
opérés, sous l'inspiration de Philippe V, dans le but de défigurer la re-
naissance. Cependant, à travers le fatras du mauvais goût, nous distin-
guons bon nombre de choses passables et quelques belles choses. Ici règne
en maître le célèbre Alonso Cano. On montre comme étant de lui, dans le
chœur, sept scènes de la Vie de la Vierge; le portrait idéal d'un jeune
guerrier et d'une jeune femme, vrais chefs-d'œuvre, qu'on s'imagine à
tort représenter Adam et Ève; àla chapelle de la Trinidad, une Trinidad
et une Vierge ; dans la chapelle de San-Miguel , une Virgen de la Sole-
dad ; dans la sacristie, une charmante Conception sculptée; dans l'ora-
toire, une Vierge avec l'Enfant; et une autre Vierge drapée dans la Sa-