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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0594
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510 VOYAGE EN ESPAGNE.
de l'Espagne, en l'empêchant de percevoir des droits légitimes, et le
commerce de ce pays, qui ne peut lutter contre les producteurs étran-
gers. L'influence française ne peut qu'être favorable à l'Espagne; le
général Roncali m'a dit, en propres termes, que « si les idées de Napo-
« léon avaient pu prévaloir en Espagne, ce malheureux pays ne serait pas
« aujourd'hui en retard d'un demi-siècle sur la France et l'Angleterre.
« Oui, ajouta-t-il, si Napoléon ne nous avait pas opprimés, s'il n'avait
« pas froissé le juste orgueil d'un peuple généreux, l'Espagne aurait
« compris l'utilité des idées de réforme qu'on lui proposait^ aujour-
« d'hui nous serions vos égaux. »
Ces paroles, venant d'un homme éclairé et qui a eu tout récemment
l'honneur de faire partie des conseils de la couronne, m'ont causé autant
de joie que de surprise. Elles prouvent, je pense, que les préjugés s'ef-
facent peu à peu, et qu'il s'établit une communauté d'idées fondée sur
des besoins analogues. La France a fait bien du mal aux nations qui
l'avoisinent; elle a porté le fer et la flamme, surtout en Espagne; mais,
en même temps, elle a propagé ses idées, ses institutions, et ses ennemis
s'accordent à dire qu'elle n'a pas fait que du mal. La révolution fran-
çaise exerce une influence directe sur la Péninsule, et l'on nous rend la
justice de dire que nous ne sommes pas égoïstes.
Par suite de mesures de police, on ne peut plus s'embarquer après le
coucher du soleil sans une permission spéciale du chef politique. En
conséquence, après de longs adieux faits à la société brillante réunie
chez le consul de France où nous avions diné, le chef politique nous a
fait accompagner par un de ses aides de camp, et nous avons pu
monter dans le canot du Phénicien qui stationnait pour nous à l'embar-
cadère. Le capitaine, qui savait que nous dînions avec toutes les autorités
de Malaga, avait bien voulu nous attendre un peu. Il était plus de neuf
heures quand nous sommes arrivés à bord; quelques instants après, le
bateau à vapeur, ayant levé l'ancre, gagnait le large dans la direction
de Gibraltar.
J'ai trouvé le pont du Phénicien encombré de matelats étendus par
terre. C'est un bivouac qui m'a paru plus surprenant encore quand j'ai
vu qu'il était destiné à une troupe de femmes assez jeunes, assez jolies;
sorte de régiment sous la garde et la conduite d'une grosse mère aux
 
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