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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0605
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RIVE MÉDITERRANÉENNE. 521
seaux anglais peuvent se réparer, se réunir, et, -sous ce rapport, on ne
saurait en méconnaître la valeur. Mais il ne s'ensuit pas que Gibraltar,
par exemple, soit aussi imprenable qu'on veut bien le dire. Ce n'est pas
tant son artillerie qui le garde que le peu de profondeur de la mer qui
l'environne, et qui ne permettrait pas aux gros vaisseaux d'en appro-
cher à bonne portée. Du côté de terre, l'attaque ne serait peut-être pas
aussi difficile qu'on le pense. Les batteries qui sont dans les immenses
couloirs que l'on a creusés dans la montagne m'ont semblé sujettes à
un inconvénient auquel on n'a peut-être pas songé. Je crois que le dé-
faut de courants d'air, dans ces galeries étroites, laisserait la fumée
s'y accumuler au point de suffoquer les servants. J'ajoute même que
les détonations de ces grosses pièces, dans un espace resserré, pour-
raient bien ébranler le rocher excavé, et déterminer un immense ébou-
lement qui engloutirait les canons et les canonniers. Je souhaite que
l'on n'ait jamais l'occasion d'en venir à l'expérience, et que cette col-
lection de bouches à feu ne figure jamais autrement que comme un
musée d'artillerie. Fasse le ciel que toutes ces machines à extermina-
tion se rouillent peu à peu, et que les gouvernements s'aperçoivent
quelque jour que le métal employé à fondre des canons pourrait rece-
voir une destination meilleure.
Pendant que nous revenions en ville, nous voyions défiler devant
nous la musique du régiment écossais dont j'ai déjà parlé. Ces hommes,
si singulièrement vêtus dans leur nudité, sont beaux, grands et ro-
bustes, leur air martial fait plaisir à voir. Les cornemuses sont
nombreuses, et j'aurais voulu les entendre jouer de près quelques-uns
de leurs airs nationaux dont le caractère est si remarquable, dit-on.
Quelques officiers à cheval ont une tournure excellente.
Gibraltar possède un grand nombre de conviens, galériens et forçats
que j'ai vus défiler en bon ordre se rendant à leurs travaux. Ils ont
des vêtements de couleur et de forme particulière, mais ils n'ont pas de
fers; leur aspect n'indique pas la dégradation morale que l'on ren-
contre dans nos bagnes. Je crois que nous aurions raison d'imiter ce
régime, qui me paraît préférable au nôtre. Nos philanthropes devraient
bien songer à rendre leurs condamnés moins hideux.
Nous sommes revenus à la porte qui précède le lieu où l'on s'em-
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