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D'IRUN-A YITORIA.
appréciation des lieux ne m'a semblé ressortir d'une manière plus évi-
dente que dans le district d'Alava.
A mesure qu'on avance , les montagnes deviennent des collines qui
s'effacent bientôt pour laisser à la plaine de Yitoria la faculté de s'é¬
tendre et d'encadrer cent soixante-huit villages, groupés autour de leur
capitale, tels que des enfants dociles autour de leur mère; villages liés
entre eux par les guirlandes de verdure dont les chemins sont garnis,
mais unis plus intimement encore par certaine communauté de sym-
pathies et d'habitudes.
VITORIA.
Une ville moyen àge, qui a l'air de se cacher, honteuse d'être laide,
et qui ne montre aux regards curieux de l'étranger que ses mu-
railles antiques et sa vieille église Santa Maria , hissée fièrement au
sommet d'une colline comme une aigrette sur le casque du guerrier;
une ville nouvelle, prétentieuse et fière de ses rues en rectangle, de ses
immenses casernes bourgeoises, qu'on croirait toutes élevées pour des
allures uniformes; ville dont le caractère originel s'efface, dont la régu-
larité moderne envahit toutes les issues, qui a changé son armée de
moines contre une armée de fantassins, ses cloches contre des tambours,
ses couvents contre des casernes, ses remparts contre des alamedas ou pro-
menades publiques, le Prado, la Florida, rendez-vous ordinaire d'une
population de quinze mille habitants, voilà Yitoria. Sa grande place,
Plaza Nueva, ou d'Isabelle II, formée d'un portique de soixante-seize
arcades, sous lequel affluent les promeneurs que la nuit ou le mauvais
temps chasse des alamedas extérieures; le palais provincial, au fronton
triangulaire duquel on lit : Diputacion de Avila, et sur les degrés du-
quel posent deux lions forts beaux imités de Thorv aldsen; telles sont les
constructions capitales de la ville moderne. La ville ancienne a bien
quelques ogives, quelques sculptures , mais rien de remarquable. D'ail-
leurs nos maçons contemporains, à force de percer des jours, de surélever
des étages, ont défiguré complètement l'art ancien dans l'église de Santa
Maria; le badigeonneur a passé dix fois son pinceau avec un soin qui
en dissimule tous les détails; on n'y perd peut-être pas grand'chose;
D'IRUN-A YITORIA.
appréciation des lieux ne m'a semblé ressortir d'une manière plus évi-
dente que dans le district d'Alava.
A mesure qu'on avance , les montagnes deviennent des collines qui
s'effacent bientôt pour laisser à la plaine de Yitoria la faculté de s'é¬
tendre et d'encadrer cent soixante-huit villages, groupés autour de leur
capitale, tels que des enfants dociles autour de leur mère; villages liés
entre eux par les guirlandes de verdure dont les chemins sont garnis,
mais unis plus intimement encore par certaine communauté de sym-
pathies et d'habitudes.
VITORIA.
Une ville moyen àge, qui a l'air de se cacher, honteuse d'être laide,
et qui ne montre aux regards curieux de l'étranger que ses mu-
railles antiques et sa vieille église Santa Maria , hissée fièrement au
sommet d'une colline comme une aigrette sur le casque du guerrier;
une ville nouvelle, prétentieuse et fière de ses rues en rectangle, de ses
immenses casernes bourgeoises, qu'on croirait toutes élevées pour des
allures uniformes; ville dont le caractère originel s'efface, dont la régu-
larité moderne envahit toutes les issues, qui a changé son armée de
moines contre une armée de fantassins, ses cloches contre des tambours,
ses couvents contre des casernes, ses remparts contre des alamedas ou pro-
menades publiques, le Prado, la Florida, rendez-vous ordinaire d'une
population de quinze mille habitants, voilà Yitoria. Sa grande place,
Plaza Nueva, ou d'Isabelle II, formée d'un portique de soixante-seize
arcades, sous lequel affluent les promeneurs que la nuit ou le mauvais
temps chasse des alamedas extérieures; le palais provincial, au fronton
triangulaire duquel on lit : Diputacion de Avila, et sur les degrés du-
quel posent deux lions forts beaux imités de Thorv aldsen; telles sont les
constructions capitales de la ville moderne. La ville ancienne a bien
quelques ogives, quelques sculptures , mais rien de remarquable. D'ail-
leurs nos maçons contemporains, à force de percer des jours, de surélever
des étages, ont défiguré complètement l'art ancien dans l'église de Santa
Maria; le badigeonneur a passé dix fois son pinceau avec un soin qui
en dissimule tous les détails; on n'y perd peut-être pas grand'chose;