BURGOS.
59
ici la Renaissance, système architectural qu'on aperçoit encore debout
dans différentes rues, notamment colle Fernan Gonzalez jusqu'à pla-
zuela de la Audiencia; avec Charles III, d'illustre mémoire, se sont ou-
vertes les grandes places, les promenades, les larges voies de commu-
nication; avec Isabelle II, on a vu naître beaucoup de rues nouvelles,
droites, régulières, garnies de maisons élégantes; on a changé la desti-
nation de bâtiments anciens et créé d'excellentes choses dans l'intérêt
public.
Ces églises converties ên magasins, ces couvents en casernes, ces
vastes hôtels qu'occupe une aristocratie pauvre, et dont les lambris
dorés abritaient jadis l'opulence, font naître de tristes réflexions; on se
demande si le progrès, à la conquête duquel les générations s'épuisent,
ne serait pas plutôt un déplacement d'idées et d'intérêts, et si Burgos,
par exemple, n'avait pas plus de sève et de vie, plus de richesse et de
bonheur quand le patio de cinquante demeures seigneuriales reten-
tissait du bruit des visiteurs; quand une légion d'artistes laissait errer
son imagination de la campanille jusqu'aux tombeaux des églises; de
la porte armoriée d'un noble jusqu'au comptoir d'un industriel. Il est
certain que, dans le seizième siècle, Burgos entendait probablement
beaucoup moins de tambours et de trompettes, mais qu'elle entendait
plus de cloches; qu'elle voyait passer moins de soldats, mais beaucoup
plus de moines, d'artistes et d'ouvriers. Il est certain encore qu'au lieu
d'une étroite échoppe décorée du titre de libreria où figurent cinquante
ou soixante volumes, le célèbre imprimeur Jean de Burgos et ses émules
donnaient à la typographie (1485-1498) une impulsion analogue à celle
des autres arts. Pendant le dix-septième siècle, ces derniers jettent
encore quelques lueurs brillantes; on voit s'élever au milieu d'eux le
peintre Mat. Cerezo (1635-1685); puis ils disparaissent parmi les
troubles de la guerre, pour revenir un siècle plus tard s'atteler au
char de Charles III.
En créant le paseo del Espolon, jolie promenade décorée de statues;
la plaza del Mercado et sa vaste prison; la plaza de la Constitucion,
qui avait alors un autre nom, Charles réveilla passagèrement l'esprit
architectural de cette ville. On y bâtit beaucoup aujourd'hui; on y
élève de grandes maisons, mais nous ne voyons aucune construction
59
ici la Renaissance, système architectural qu'on aperçoit encore debout
dans différentes rues, notamment colle Fernan Gonzalez jusqu'à pla-
zuela de la Audiencia; avec Charles III, d'illustre mémoire, se sont ou-
vertes les grandes places, les promenades, les larges voies de commu-
nication; avec Isabelle II, on a vu naître beaucoup de rues nouvelles,
droites, régulières, garnies de maisons élégantes; on a changé la desti-
nation de bâtiments anciens et créé d'excellentes choses dans l'intérêt
public.
Ces églises converties ên magasins, ces couvents en casernes, ces
vastes hôtels qu'occupe une aristocratie pauvre, et dont les lambris
dorés abritaient jadis l'opulence, font naître de tristes réflexions; on se
demande si le progrès, à la conquête duquel les générations s'épuisent,
ne serait pas plutôt un déplacement d'idées et d'intérêts, et si Burgos,
par exemple, n'avait pas plus de sève et de vie, plus de richesse et de
bonheur quand le patio de cinquante demeures seigneuriales reten-
tissait du bruit des visiteurs; quand une légion d'artistes laissait errer
son imagination de la campanille jusqu'aux tombeaux des églises; de
la porte armoriée d'un noble jusqu'au comptoir d'un industriel. Il est
certain que, dans le seizième siècle, Burgos entendait probablement
beaucoup moins de tambours et de trompettes, mais qu'elle entendait
plus de cloches; qu'elle voyait passer moins de soldats, mais beaucoup
plus de moines, d'artistes et d'ouvriers. Il est certain encore qu'au lieu
d'une étroite échoppe décorée du titre de libreria où figurent cinquante
ou soixante volumes, le célèbre imprimeur Jean de Burgos et ses émules
donnaient à la typographie (1485-1498) une impulsion analogue à celle
des autres arts. Pendant le dix-septième siècle, ces derniers jettent
encore quelques lueurs brillantes; on voit s'élever au milieu d'eux le
peintre Mat. Cerezo (1635-1685); puis ils disparaissent parmi les
troubles de la guerre, pour revenir un siècle plus tard s'atteler au
char de Charles III.
En créant le paseo del Espolon, jolie promenade décorée de statues;
la plaza del Mercado et sa vaste prison; la plaza de la Constitucion,
qui avait alors un autre nom, Charles réveilla passagèrement l'esprit
architectural de cette ville. On y bâtit beaucoup aujourd'hui; on y
élève de grandes maisons, mais nous ne voyons aucune construction