258 VOYAGES E.N EGYPTE,
un siège. L'aga sortit, et les femmes se tinrent
debout autour de moi, pendant que le beau-
frère de l'aga me faisait du café et me préparait
une pipe, mais sans permettre aux femmes d'y
toucher. Il n'osait leur confier la moindre chose,
sachant qu'elles lui joueraient mille tours dès
qu'il aurait tourné le dos. Il paraissait se piquer de
montrer un grand usage du monde, en réprimant
lacuriositéindiscrète des femmes, quandelles vou-
laient examiner mon costume avec trop d'impor-
tunité. Je fis signe aux femmes de s'asseoir , et
j'invitai la sœur de l'aga à prendre du café avec
moi ; mais le beau-frère les traita toutes très-
rudement, et me fit entendre que le café était
trop bon pour elles, et qu'elles n'avaient qu'à
boire de l'eau. Quand j'eus fini, il alla serrer
la cafetière. J'avais déjà vécu assez avec les
femmes d'Égypte , pour m'habituer à fumer,
et j'achevai assez lestement ma demi-pipe. Après
avoir fumé quelque temps, je déposai la pipe
auprès de moi. Une des femmes la prit et com-
mença à fumer ; mais en voyant une profana-
tion aussi horrible , le beau-frère lui arracha la
pipe, et il aurait battu la femme si je ne m'y
étais opposée. Il alla serrer ensuite la pipe aussi
soigneusement que la cafetière.
J'étais choquée , je l'avoue , de la distinction
un siège. L'aga sortit, et les femmes se tinrent
debout autour de moi, pendant que le beau-
frère de l'aga me faisait du café et me préparait
une pipe, mais sans permettre aux femmes d'y
toucher. Il n'osait leur confier la moindre chose,
sachant qu'elles lui joueraient mille tours dès
qu'il aurait tourné le dos. Il paraissait se piquer de
montrer un grand usage du monde, en réprimant
lacuriositéindiscrète des femmes, quandelles vou-
laient examiner mon costume avec trop d'impor-
tunité. Je fis signe aux femmes de s'asseoir , et
j'invitai la sœur de l'aga à prendre du café avec
moi ; mais le beau-frère les traita toutes très-
rudement, et me fit entendre que le café était
trop bon pour elles, et qu'elles n'avaient qu'à
boire de l'eau. Quand j'eus fini, il alla serrer
la cafetière. J'avais déjà vécu assez avec les
femmes d'Égypte , pour m'habituer à fumer,
et j'achevai assez lestement ma demi-pipe. Après
avoir fumé quelque temps, je déposai la pipe
auprès de moi. Une des femmes la prit et com-
mença à fumer ; mais en voyant une profana-
tion aussi horrible , le beau-frère lui arracha la
pipe, et il aurait battu la femme si je ne m'y
étais opposée. Il alla serrer ensuite la pipe aussi
soigneusement que la cafetière.
J'étais choquée , je l'avoue , de la distinction