HISTOIRE D E S GRANDS
façon de les mettre en œuvre lcs ait rendu fi durables , que îes
veiiiges en paroiffent encore en tant d’endroits. Mais tout cela feroit
bien peu de chofe , s’ils eftoient renclos ôt refferrez dans les termes
d’une ville, ainfi que la pius grande partie des autres ouvrages publics :
ou dans un efpace de dix, quinze, ou vingt lieiies , comme les Aque*
ducs. Mais ce qui rend ces chemins admirabies fur tous les ouvrages
du Monde , c’eit la longueur immenfe , 6c grande eftenduëdesterres,
à travers lefqueiles ils font conduits : qui ell de l’Orient en l’Occi-
dent, 6c du Midy au Septentrion. Encore ne feroit-ce pas ü grand
cas, s’il n’y avoit qu’un chemin ou deux de telle eftenduë : mais il y
en a II grande quantité , qu’il n’eft pas poftibie de les fupputer par
iin nombre certain, à qui veut faire eftat des grands, des moyens, 6c
des petits : eftant très-affeuré , que ies livres n’ont fait mention que
des plus grands 6c pius fignaiez , comme des corps ou troncs princi-
paux : 6c laiffé en arriere une infinité de bras 6c de branches qui en
dépendent, commc chofe par trop iongue 6c ennuyeufe à déveiopper
par le menu.
z. Après donc qu’és deux livres précedens nous avons traité du
mieux qu’ii nous a efté pofftble des auteurs des Grands Chemins, de la
matiere dont ils font compofez , 6c de la forme dont on s’eft fervy
pour les rendre forts 6c durables contre les années : il faut parler en
ce troifiéme Livre du grand nombre , 6c de la longueur admirabie d’i-
ceux : 6c pour ce faire , les prendre en ia Coiomne tant rénommée ,
que l’on appelioit, Milliarium aureum , plantée par Augufte au beau
milieu de la viüe de Rome : pour de-là , ainfi que de ieur fource, 6c
premiere racine , les faire fortir à travers les ruës militaires, portes 6c
rauxbourgs de iadite Viile : les conduire par tout és environs , 6c les
continuer par des Ponts fur les Rivieres , 6c par des Ports à travers
les Mers jufques aux extrémitez de la domination Romaine.
3. Comme ainfi foit donc que i’Empire de Ronle eft le champ,
fur lequel toutes ces Voyes font dépeintes 6c tracées, il ne nous eft;
pas poftible de former dans les efprits une conception digne de Ia
grandeur 6c du nombre defdits chemins, fî nous ne réprefentons
premierement la longueur 6c la largeur dudit Empire : enfemble la
muititude de fes Provinces, chacune defquelles eftoit accommodée
6c garnie de bon nombre de teiles voyes : ainfî que nous verrons
au progrès de ce livre. Et c’eft chofe admirable que le Peuple
Romain ait efté quafî l’efpace de cinq cens ans à iutter comme dans
fon foyer à l’encontre des Peuples de la feule Italie, tant il a fallu
de temps pour décider par divers combats qui en feroit le maiftre :
puis qu’és deux centaines d’années enfuivantes , il fe foit épandu à la
pointe de fon épée par toute l’Europe , l’Afie , 6c TAfrique : c’eft-
à-direÿ par tout ce qu’il y a de beau 6c de bon au Monde, Ita^ue mi~
façon de les mettre en œuvre lcs ait rendu fi durables , que îes
veiiiges en paroiffent encore en tant d’endroits. Mais tout cela feroit
bien peu de chofe , s’ils eftoient renclos ôt refferrez dans les termes
d’une ville, ainfi que la pius grande partie des autres ouvrages publics :
ou dans un efpace de dix, quinze, ou vingt lieiies , comme les Aque*
ducs. Mais ce qui rend ces chemins admirabies fur tous les ouvrages
du Monde , c’eit la longueur immenfe , 6c grande eftenduëdesterres,
à travers lefqueiles ils font conduits : qui ell de l’Orient en l’Occi-
dent, 6c du Midy au Septentrion. Encore ne feroit-ce pas ü grand
cas, s’il n’y avoit qu’un chemin ou deux de telle eftenduë : mais il y
en a II grande quantité , qu’il n’eft pas poftibie de les fupputer par
iin nombre certain, à qui veut faire eftat des grands, des moyens, 6c
des petits : eftant très-affeuré , que ies livres n’ont fait mention que
des plus grands 6c pius fignaiez , comme des corps ou troncs princi-
paux : 6c laiffé en arriere une infinité de bras 6c de branches qui en
dépendent, commc chofe par trop iongue 6c ennuyeufe à déveiopper
par le menu.
z. Après donc qu’és deux livres précedens nous avons traité du
mieux qu’ii nous a efté pofftble des auteurs des Grands Chemins, de la
matiere dont ils font compofez , 6c de la forme dont on s’eft fervy
pour les rendre forts 6c durables contre les années : il faut parler en
ce troifiéme Livre du grand nombre , 6c de la longueur admirabie d’i-
ceux : 6c pour ce faire , les prendre en ia Coiomne tant rénommée ,
que l’on appelioit, Milliarium aureum , plantée par Augufte au beau
milieu de la viüe de Rome : pour de-là , ainfi que de ieur fource, 6c
premiere racine , les faire fortir à travers les ruës militaires, portes 6c
rauxbourgs de iadite Viile : les conduire par tout és environs , 6c les
continuer par des Ponts fur les Rivieres , 6c par des Ports à travers
les Mers jufques aux extrémitez de la domination Romaine.
3. Comme ainfi foit donc que i’Empire de Ronle eft le champ,
fur lequel toutes ces Voyes font dépeintes 6c tracées, il ne nous eft;
pas poftible de former dans les efprits une conception digne de Ia
grandeur 6c du nombre defdits chemins, fî nous ne réprefentons
premierement la longueur 6c la largeur dudit Empire : enfemble la
muititude de fes Provinces, chacune defquelles eftoit accommodée
6c garnie de bon nombre de teiles voyes : ainfî que nous verrons
au progrès de ce livre. Et c’eft chofe admirable que le Peuple
Romain ait efté quafî l’efpace de cinq cens ans à iutter comme dans
fon foyer à l’encontre des Peuples de la feule Italie, tant il a fallu
de temps pour décider par divers combats qui en feroit le maiftre :
puis qu’és deux centaines d’années enfuivantes , il fe foit épandu à la
pointe de fon épée par toute l’Europe , l’Afie , 6c TAfrique : c’eft-
à-direÿ par tout ce qu’il y a de beau 6c de bon au Monde, Ita^ue mi~