CHEMINS D E L‘ E M P 1 R E Liv.'IIT. 145
fk de nombre 6c de genre , d’un neutre pîurier , eftant devenu femi-
nin fingulier: comme le dodeTurnebele rémarque en cestermes: quam
Stradaw fœminino genere vocant Itali, Strata flurali dixit Lucretius îib.
primo , qui ei nomini fœminino occafonem dediffe propè •videtur.
Guichardin , en fa belle 6c gentille Deicription du Païs-bas, par-
lant des Grands Chemins de l’Empire, qui paroifiènt encore entiers
avec admiration en ces quartiers : dit, que les Italiens les nommcnt au-
trement, Vie iajîricate , 6c les François des Chaufièes. Qiiant au mot
Italien , il leur vient du verbe Lajiricare, qui fignifie paver en leur
langue , 6c qui s’approprie à toutes fortes de pavemens 6c fortifications
de chemins , voire-mefme aux pavez de Mofaïque. Sebaftiano Erifio,
Italien de nation , tourne ainfi le mot de Suetone , Vias fernendas fi-
lice in urbe , £5? extra urbem gîarea fubftruendas, marginandafque , lors
que parlant de la Voye Flaminienne,ildit, Dal qual luogodi Suetonionoi
‘uediamoj che Augufto prefe J'opra di fe , a far lafiricare la Via Flaminia
da Roma infino a Rimini j Andrea Palladio met en ufage ce mot enla
mefme fignification , Fecero , dit-il, gli Antichi quefie lor Vie Militari
in due tnodi : cioe 0 îaftrigandole di Pietre : overo coprendole tutte di ghia-
ra & di fabbia.
f. Quant au nom François de Chauflce , il ne vient d’ailleurs, fi-
non à Calcibus } c’eft-à-dire , des plantes des pieds , defquelles ces
chemins font ordinairement battus en marchant, de mefme déduètion
que Callis j à callo pecudum vocatum , Jive Callo pecudum perduratum ,
comme dit Ifidore. C’eft d’où vient que nos vieux Peres , quiécri-
voient leurs titres en tel Latin qu’ils pouvoient, il y a deux cens ans,
6c au-ddTus , appelloient ces Chauffécs Calceias , 6c Calciatas , ainfi
•que nous avons dit, lors que nous avons parlé des Chaufiees de Bru-
nehault, que les anciennes écritures nomment Calceias Brunechildis. On
les nomme encore en noftre Gaule Beigique , Chemins Ferrez, com-
me en Efpagne on appelle le Grand Chemin de Salamanque, la Voye
Argentée : l’un 6c l’autrc nom , cftant pris de la fimilitude , que les
petits cailloux , dont ces chemins font pavez , ont avec ces deux mé-
taux contraires en couleur.
6. Quant aux Angïois, il femble qu’ils appelîent les VoyesMilitai-
res fàites par les Empereurs en la grande Bretagne , du nom de Streat,
quaft à Sternendo. Ce que l’on peut conjeéturer par ces noms de Wa-
thlingfireat, Verîamdreat, Ikenildftreat , Erminftreat j deiquels nous
avons donné la fignification au dernier Chapitre de noftre premier li-
vre parlant des Auteurs des Grands Chemins d’Angleterre.
7. Bref, encore que l’Hiftoire 6c le droit appeile lefdites Voyes de
l’Empire , Vias Militares , Confulares , Pratorias : Et que le nom de
Magn£ Viœ , vel Magna Itinera , ne fe trouve point en ufage dans les
Âuteurs Latins : û eft-ce que je ne me fuis point lervy de ces noms
Ltb. T9Ï
Adverftfr»
c. 15.
Au Iivre
intitulé ,
Difeorfo [o-
pra le Mt-
daglie de gli
Antichi.
fk de nombre 6c de genre , d’un neutre pîurier , eftant devenu femi-
nin fingulier: comme le dodeTurnebele rémarque en cestermes: quam
Stradaw fœminino genere vocant Itali, Strata flurali dixit Lucretius îib.
primo , qui ei nomini fœminino occafonem dediffe propè •videtur.
Guichardin , en fa belle 6c gentille Deicription du Païs-bas, par-
lant des Grands Chemins de l’Empire, qui paroifiènt encore entiers
avec admiration en ces quartiers : dit, que les Italiens les nommcnt au-
trement, Vie iajîricate , 6c les François des Chaufièes. Qiiant au mot
Italien , il leur vient du verbe Lajiricare, qui fignifie paver en leur
langue , 6c qui s’approprie à toutes fortes de pavemens 6c fortifications
de chemins , voire-mefme aux pavez de Mofaïque. Sebaftiano Erifio,
Italien de nation , tourne ainfi le mot de Suetone , Vias fernendas fi-
lice in urbe , £5? extra urbem gîarea fubftruendas, marginandafque , lors
que parlant de la Voye Flaminienne,ildit, Dal qual luogodi Suetonionoi
‘uediamoj che Augufto prefe J'opra di fe , a far lafiricare la Via Flaminia
da Roma infino a Rimini j Andrea Palladio met en ufage ce mot enla
mefme fignification , Fecero , dit-il, gli Antichi quefie lor Vie Militari
in due tnodi : cioe 0 îaftrigandole di Pietre : overo coprendole tutte di ghia-
ra & di fabbia.
f. Quant au nom François de Chauflce , il ne vient d’ailleurs, fi-
non à Calcibus } c’eft-à-dire , des plantes des pieds , defquelles ces
chemins font ordinairement battus en marchant, de mefme déduètion
que Callis j à callo pecudum vocatum , Jive Callo pecudum perduratum ,
comme dit Ifidore. C’eft d’où vient que nos vieux Peres , quiécri-
voient leurs titres en tel Latin qu’ils pouvoient, il y a deux cens ans,
6c au-ddTus , appelloient ces Chauffécs Calceias , 6c Calciatas , ainfi
•que nous avons dit, lors que nous avons parlé des Chaufiees de Bru-
nehault, que les anciennes écritures nomment Calceias Brunechildis. On
les nomme encore en noftre Gaule Beigique , Chemins Ferrez, com-
me en Efpagne on appelle le Grand Chemin de Salamanque, la Voye
Argentée : l’un 6c l’autrc nom , cftant pris de la fimilitude , que les
petits cailloux , dont ces chemins font pavez , ont avec ces deux mé-
taux contraires en couleur.
6. Quant aux Angïois, il femble qu’ils appelîent les VoyesMilitai-
res fàites par les Empereurs en la grande Bretagne , du nom de Streat,
quaft à Sternendo. Ce que l’on peut conjeéturer par ces noms de Wa-
thlingfireat, Verîamdreat, Ikenildftreat , Erminftreat j deiquels nous
avons donné la fignification au dernier Chapitre de noftre premier li-
vre parlant des Auteurs des Grands Chemins d’Angleterre.
7. Bref, encore que l’Hiftoire 6c le droit appeile lefdites Voyes de
l’Empire , Vias Militares , Confulares , Pratorias : Et que le nom de
Magn£ Viœ , vel Magna Itinera , ne fe trouve point en ufage dans les
Âuteurs Latins : û eft-ce que je ne me fuis point lervy de ces noms
Ltb. T9Ï
Adverftfr»
c. 15.
Au Iivre
intitulé ,
Difeorfo [o-
pra le Mt-
daglie de gli
Antichi.