CHEMINS D E V E M P IR E. Liv. IV. iff
DE LA SECONDE CAÜSE FINALE
des Grands Chemins de l’Empire.
Chapitrb III.
ï. §y'en un f grand Empire qu'é- ^ 3;. Qrands Chemins pavez , propres
toit celuy des Romains, le Prince & à gouverner un Ji grand Empire.
devoit avoir fa rêfidence aumilieu. ^ 4. Similitude du corps humaïn,
Z. Confeil d'un Gymnofophijie à & de fes parties.
Alexandre fur ce fujet. ^ 5*. Témoignage de Suetone.
ü ’Empire de Rome du tems d’Augufte Cefar ,
étoit parvenu à une grandeur St étenduë de terres
fi immenfe , que non fans caufe plufieurs luy onc
donné le nom du Monde entier : ainfî que nous
avons montrc dès le commencement du livre troi*
fîéme de cetœuvre. Pour maintenir en état un
corps d’Empire fi diffus & fî large , & pour em*
pêcher qu’il ne vint à fuccomber fous fon propre faix , il étoit necef-
faire que celuy qui en étoit le fouverain Chef, fût en tems de paix en
la ville de Rome , comme au centre de fa domination : ôc qu’il eût
i’œii attentif ainfî qu’un Argus, en tous les endroits de fa circonféren-
ce : afin que fî quelque partie d’iceluy venoit à s’ébranler, qu’il y pût
promptement courir : ou bien y envoyer du fecours pour le tenir en
pied , Ôc l’affermir en fon fîege.
Tibere Ceiar au commencement de fbn Empire, voyant de queî-
le irnportance il étoit de faire fa demeure à Rome , afin d’établir ies
fondemens de fa domination naifîante , ne voulut jamais quitter la Vil-
îe , queîque cîameur que le Senat & le Peuple fifî:, fur les bruits qui
couroient des féditions militaires émûës és Armées de Drufus & Ger-
manicus. Car chacun luy objectoit, que cependant qu’ii amufoit le
Senat 5c le Peuple de vaines promeffes, les foldats fe débauchoient ,
ne pouvant pas être tenus en leur devoir par deux jeunes hommes qui
manquoient d’experience 6c d’autorité : que fa préfence y étoit ne-
ceffaire pour ranger les Legions à l’obéïffance : qu’Augulte avoit fait
plufieurs tels voyages en fa vieillefîe, ôc qu’il faifoit beau voir fon Suc-
cefîeur en la fîeur de fon âge , feoir és affemblées de Confeil, pour
contrôller les paroles des Senateurs. Que la Ville étoit en affez grati-
de afîeurance : Que c’étoit aux Armées à quoy il falloit prompte-
ment rémedier , en appaifant les féditions par fa prefence 6c autorité :
V *
DE LA SECONDE CAÜSE FINALE
des Grands Chemins de l’Empire.
Chapitrb III.
ï. §y'en un f grand Empire qu'é- ^ 3;. Qrands Chemins pavez , propres
toit celuy des Romains, le Prince & à gouverner un Ji grand Empire.
devoit avoir fa rêfidence aumilieu. ^ 4. Similitude du corps humaïn,
Z. Confeil d'un Gymnofophijie à & de fes parties.
Alexandre fur ce fujet. ^ 5*. Témoignage de Suetone.
ü ’Empire de Rome du tems d’Augufte Cefar ,
étoit parvenu à une grandeur St étenduë de terres
fi immenfe , que non fans caufe plufieurs luy onc
donné le nom du Monde entier : ainfî que nous
avons montrc dès le commencement du livre troi*
fîéme de cetœuvre. Pour maintenir en état un
corps d’Empire fi diffus & fî large , & pour em*
pêcher qu’il ne vint à fuccomber fous fon propre faix , il étoit necef-
faire que celuy qui en étoit le fouverain Chef, fût en tems de paix en
la ville de Rome , comme au centre de fa domination : ôc qu’il eût
i’œii attentif ainfî qu’un Argus, en tous les endroits de fa circonféren-
ce : afin que fî quelque partie d’iceluy venoit à s’ébranler, qu’il y pût
promptement courir : ou bien y envoyer du fecours pour le tenir en
pied , Ôc l’affermir en fon fîege.
Tibere Ceiar au commencement de fbn Empire, voyant de queî-
le irnportance il étoit de faire fa demeure à Rome , afin d’établir ies
fondemens de fa domination naifîante , ne voulut jamais quitter la Vil-
îe , queîque cîameur que le Senat & le Peuple fifî:, fur les bruits qui
couroient des féditions militaires émûës és Armées de Drufus & Ger-
manicus. Car chacun luy objectoit, que cependant qu’ii amufoit le
Senat 5c le Peuple de vaines promeffes, les foldats fe débauchoient ,
ne pouvant pas être tenus en leur devoir par deux jeunes hommes qui
manquoient d’experience 6c d’autorité : que fa préfence y étoit ne-
ceffaire pour ranger les Legions à l’obéïffance : qu’Augulte avoit fait
plufieurs tels voyages en fa vieillefîe, ôc qu’il faifoit beau voir fon Suc-
cefîeur en la fîeur de fon âge , feoir és affemblées de Confeil, pour
contrôller les paroles des Senateurs. Que la Ville étoit en affez grati-
de afîeurance : Que c’étoit aux Armées à quoy il falloit prompte-
ment rémedier , en appaifant les féditions par fa prefence 6c autorité :
V *