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ARCHITECTURE FRANÇOISE, Liv. III.

Séminaire
de S. Sul
pice.

s'eft éloigné d'autant moins de l'efprit de convenance, qui eft une des parties effen-
" tielles de l'Architecture.

Cette même convenance, qui indique une fimplicité uniforme dans l'extérieur, ainfi
qu'on l'a affectée dans ce bâtiment, au Séminaire de Saint Nicolas du Chardonnet,
au Collège de la Sorbonne, à celui de Mazarin que nous avons décrit, aufîi bien que
dans une infinité d'autres de même efpece, n'empêche pas néanmoins que félon l'ufage
des différentes pièces qui compofent leur intérieur, on n'enrichilfe celles qui exigent
une forte de magnificence. De ce nombre font les Chapelles, leurs Sacrifties, les Salles
publiques, les Réfectoires &c, qui peuvent être revêtus de menuiferie & ornés de
fculpture & de peinture. Nous remarquerons à cette occafion, que la Chapelle du grand
Séminaire dont nous faifons la defcription eft un chef-d'œuvre du fameux le Brun (c),
qui dans le plafond a repréfenté l'Affomption de la Vierge, & fur le tableau de l'autel,
la defcente du St. Efprit. Cette Chapelle monte de fond, & l'on y a pratiqué une tri-
bune qui répond au premier étage de ce bâtiment.

Plan du Premier Etage. Planche IL

Cette Planche offre la diftribution des appartemens des Supérieurs de ces trois prin-
cipaux bâtimens, la plus grande partie des falles publiques néceffaires dans un édifice
de cette efpece, les chambres des Seminariftes, les corridors & les efcaliers qui montent
aux difïérens étages qui régnent fur tous les bâtimens du grand Séminaire, dont nous
allons feulement donner la décoration des façades, le petit Séminaire & la Commu-
nauté n'ayant rien de régulier dans leur extérieur.

Elévation du coté de la rue. Planche III.

L'ordonnance de cette élévation n'a rien de remarquable, mais fi l'on veut remonter
aux premiers principes de l'Architecture, qui confiftent dans la convenance, ainfi que
nous l'avons indiqué dans notre Introduction, on verra que ce feroit agir contre les
règles de l'art, que de répandre une richeffe indifcrette dans la décoration d'un édifice
où non-feulement la fimplicité doit être la bafe fondamentale, mais auffi dont la defti-
nation & l'ufage femblent exiger que la folidité & la commodité en fanent tout le mé-
rite. Il n'en eft pas moins vrai pour cela qu'on auroit dû affecter plus de limétrie dans
cette décoration 5 d'ailleurs la porte qui, parce qu'elle donne entrée à un grand bâtiment,
eft tenue allez fpacieufe, pêche contre les loix de l'ordonnance, les membres d'Archi-
tecture qui l'accompagnent n'ayant aucun rapport avec fa malle; ce qui nous montre
évidemment que l'Architecte de ce bâtiment, entendoit mieux la conftruction & la
diftribution que la partie de la décoration. Pour faire du fimple, on n'en eft pas plus
difpenfé d'obferver une correfpondance de proportion dans toute fon ordonnance, &
une expreffion relative aux loix du bon goût. La convenance dont nous venons de

(c) Ce célèbre Artifte étoit né à Paris le 22 Mars 1619, & demie de Peinture & de Sculpture que Louis le Grand a depuis

eft mort le 12 Février 1690, il a été enterré à St. Nicolas du honorée de fa Kojale protection <Ù° qui a fourni des Peintres & des

Chardonnet où eft fon maufolée & celui de fon époufe, deux Sculpteurs à toute l'Europe où elle a toujours tenu le premier rang

des plus beaux ouvrages de Coizevox. Pour donner une idée L'Académie du Dejfein de cette fuperbe Rome qui avait eu juf

précife de la fupériorité de ce grand Peintre, voici l'Epitaphe qu'à préfent l'avantage des beaux arts fur toutes les autres Nations,

qui eft gravée fur fon tombeau : A LA MEMOIRE DE le reconnut pour fon Prince en i6y6 <& en i6jj. Ce fontfes defjeins

CHARLES LE BRUN, Ecuyer, Sr. de ThionviUe, premier qui ont répandu le bon goût dans tous les arts, & fous fa direction

Peintre du Roi, Directeur des Manufactures Royales des Gobelins, les farneufes Manufactures des Gobelins ont fourni les plus précieux

Directeur Chancelier de l'Académie Royale de Peinture & Sculp- meubles & les plus magnifiques ornemens des Maifons Royales,

ture. Pour marque éternelle de fon mérite, Louis le Grand le fit fon

Son génie vafle & fupérieur le mit en peu de tems au-deffus de premier Peintre, lui donna des Lettres authentiques de Noblejfe, &

tous les Peintres de fon fiécle; ce fut lui qui forma la célèbre Aca- le combla de fes bienfaits, &c.
 
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