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https://doi.org/10.11588/diglit.22044#0259
ARCHITECTURE FRANÇOISE, Liv. IV
CHAPITRE XII.
Defcription de la Maison de Mr. Jules Hardouin Manfard, rue des
TourneÏÏes, près la 'Porte St. Antoine, ù° projet d'une Maison
à bâtir par le même Architecte.
Maifon de ETTE Maifon fut bâtie, pour & fur les deffeins de Jules Hardouin Manfard (a)
fard. an V^> qui n'étoit que premier Architecte du Roi lorfqu'il la fit élever. Elle appartient
aujourd'hui à Mefiire Jacques Hardouin Manfard, fils de Jules Hardouin dont nous
venons de parler 5 & eft occupée actuellement par M. le Marquis de Janfon Maréchal
des Camps & Armées du Roi, & par M. de Vabois, Gentilhomme ordinaire de
Sa Majefté.
Plan du re°^ de chauffée. Planche I.
Cette Maifon, quoique peu fpacieufe, ne laifTe pas néanmoins que de contenir un
logement allez confidérable : les cuifines font fouterraines, on y communique par
defTous le grand efcalier & leur defcente eft à l'endroit marqué A. La cour eft fort pe-
tite, mais comme le mur mitoyen B eft peu élevé, elle procure cependant une lumière
fufrifante aux pièces du rez-de-chauffée fituées dans le principal corps de logis de ce côté.
Le corps de bâtiment fur la rue contient un paffage principal C, une écurie de
quatre chevaux, une cuifine particulière, un logement pour le Portier, & un paffage
de dégagement marqué D, qui aujourd'hui fert de remife, la porte E étant condamnée,
& la croifée F ouverte jufques fur le fol. Pour multiplier les écuries l'on en a pratiqué
une dans la cour vers l'endroit G qui eft devenue néceffaire, le principal corps de logis
fur le jardin étant occupé par les deux Locataires dont nous avons parlé, & celui du
côté de la rue étant loué à divers Particuliers qui montent aux différens étages de ce
côté par l'efcalier H.
Le rez-de-chauffée du corps de logis du fond eft compofé d'un veftibule affez orné
& qui découvre l'efcalier qui eft à fa droite : ce veftibule donne une entrée dans une
grande falle aujourd'hui divifée en deux parties, cette falle conduit au jardin qui s'étend
jufqu'au mur des Boulevards & qui fe reffent encore, malgré fon peu d'entretien, d'avoir
été dans fon origine ordonné par un homme de l'art. Cette falle, nommée ici fallon,
communique à un grand cabinet fervant à préfent de chambre à coucher & donnant
entrée à une pièce devenue le cabinet de cet appartement. Tous les plafonds des pièces
de ce rez-de-chauffée ainfi que ceux du premier étage (dont nous ne donnons point
(a) Jules Hardouin Manfard, né à Paris l'an 1645, étoit
fils de Jules Hardouin, premier Peintre du Cabinet du Roi,
& eft mort le 14 Mai 1708, Confeiller du Roi en fes Conseils,
Chevalier de l'Ordre de St. Michel, Comte de Sagonne,
Baron de Jouj, Seigneur de Neuilli, d'Angy-fur-Bois, &c,
Surintendant & Ordonnateur des Bâtimens, Jardins, Arts &
Manufactures de France. On peut dire de cet illuftre Archi-
tecte qu'en devenant l'héritier de François Manfard, fon oncle
du côté maternel, il marcha fur les traces de ce grand homme.
Son premier ouvrage confidérable fut le Château de Clagny,
qu'il commença à bâtir à l'âge de 22 ans, par ordre de S. M.,
& qu'on peut avouer être un des chef-d'œuvres de notre
Architecture Françoife, ainfi que nous le décrirons en fon
lieu, Tome V Au refte nous n'entreprendrons pas de parler
de tous les ouvrages érigés fur les deffeins & fous la conduite
de cet Architecte. La Place de Vendôme, celle des Victoires,
les bâtiments de Verfailles, de Trianon & de la Ménagerie, les
Jardins & le Château de Marly, ainfi que pluiieurs autres
grands édifices de ce célèbre Artifte, & qui font partie de ce
Recueil, démontreront beaucoup mieux la capacité de Jules
Hardouin Manfard que ce que nous en pourrions rapporter
dans cette note, joint à ce que nous en avons déjà dit dans
celle que nous avons donné fur ce célèbre Architecte, premier
Volume, page 192, note c, qui eft moins étendue à la vérité
que celle-ci, n'ayant appris que depuis l'impreffion quelques
particularités effentielles à la mémoire de cet homme illuflre.
Il eft mort à Marly, comme nous l'avons déjà obfervé, en
1708, & a été enterré à St. Paul où l'on voit contre un pilier
fitué dans le bas-côté, à droite, près de la Chapelle de la
Communion, un monument de marbre fculpté par Coyfevox
& érigé à la gloire de cet Architecte.
CHAPITRE XII.
Defcription de la Maison de Mr. Jules Hardouin Manfard, rue des
TourneÏÏes, près la 'Porte St. Antoine, ù° projet d'une Maison
à bâtir par le même Architecte.
Maifon de ETTE Maifon fut bâtie, pour & fur les deffeins de Jules Hardouin Manfard (a)
fard. an V^> qui n'étoit que premier Architecte du Roi lorfqu'il la fit élever. Elle appartient
aujourd'hui à Mefiire Jacques Hardouin Manfard, fils de Jules Hardouin dont nous
venons de parler 5 & eft occupée actuellement par M. le Marquis de Janfon Maréchal
des Camps & Armées du Roi, & par M. de Vabois, Gentilhomme ordinaire de
Sa Majefté.
Plan du re°^ de chauffée. Planche I.
Cette Maifon, quoique peu fpacieufe, ne laifTe pas néanmoins que de contenir un
logement allez confidérable : les cuifines font fouterraines, on y communique par
defTous le grand efcalier & leur defcente eft à l'endroit marqué A. La cour eft fort pe-
tite, mais comme le mur mitoyen B eft peu élevé, elle procure cependant une lumière
fufrifante aux pièces du rez-de-chauffée fituées dans le principal corps de logis de ce côté.
Le corps de bâtiment fur la rue contient un paffage principal C, une écurie de
quatre chevaux, une cuifine particulière, un logement pour le Portier, & un paffage
de dégagement marqué D, qui aujourd'hui fert de remife, la porte E étant condamnée,
& la croifée F ouverte jufques fur le fol. Pour multiplier les écuries l'on en a pratiqué
une dans la cour vers l'endroit G qui eft devenue néceffaire, le principal corps de logis
fur le jardin étant occupé par les deux Locataires dont nous avons parlé, & celui du
côté de la rue étant loué à divers Particuliers qui montent aux différens étages de ce
côté par l'efcalier H.
Le rez-de-chauffée du corps de logis du fond eft compofé d'un veftibule affez orné
& qui découvre l'efcalier qui eft à fa droite : ce veftibule donne une entrée dans une
grande falle aujourd'hui divifée en deux parties, cette falle conduit au jardin qui s'étend
jufqu'au mur des Boulevards & qui fe reffent encore, malgré fon peu d'entretien, d'avoir
été dans fon origine ordonné par un homme de l'art. Cette falle, nommée ici fallon,
communique à un grand cabinet fervant à préfent de chambre à coucher & donnant
entrée à une pièce devenue le cabinet de cet appartement. Tous les plafonds des pièces
de ce rez-de-chauffée ainfi que ceux du premier étage (dont nous ne donnons point
(a) Jules Hardouin Manfard, né à Paris l'an 1645, étoit
fils de Jules Hardouin, premier Peintre du Cabinet du Roi,
& eft mort le 14 Mai 1708, Confeiller du Roi en fes Conseils,
Chevalier de l'Ordre de St. Michel, Comte de Sagonne,
Baron de Jouj, Seigneur de Neuilli, d'Angy-fur-Bois, &c,
Surintendant & Ordonnateur des Bâtimens, Jardins, Arts &
Manufactures de France. On peut dire de cet illuftre Archi-
tecte qu'en devenant l'héritier de François Manfard, fon oncle
du côté maternel, il marcha fur les traces de ce grand homme.
Son premier ouvrage confidérable fut le Château de Clagny,
qu'il commença à bâtir à l'âge de 22 ans, par ordre de S. M.,
& qu'on peut avouer être un des chef-d'œuvres de notre
Architecture Françoife, ainfi que nous le décrirons en fon
lieu, Tome V Au refte nous n'entreprendrons pas de parler
de tous les ouvrages érigés fur les deffeins & fous la conduite
de cet Architecte. La Place de Vendôme, celle des Victoires,
les bâtiments de Verfailles, de Trianon & de la Ménagerie, les
Jardins & le Château de Marly, ainfi que pluiieurs autres
grands édifices de ce célèbre Artifte, & qui font partie de ce
Recueil, démontreront beaucoup mieux la capacité de Jules
Hardouin Manfard que ce que nous en pourrions rapporter
dans cette note, joint à ce que nous en avons déjà dit dans
celle que nous avons donné fur ce célèbre Architecte, premier
Volume, page 192, note c, qui eft moins étendue à la vérité
que celle-ci, n'ayant appris que depuis l'impreffion quelques
particularités effentielles à la mémoire de cet homme illuflre.
Il eft mort à Marly, comme nous l'avons déjà obfervé, en
1708, & a été enterré à St. Paul où l'on voit contre un pilier
fitué dans le bas-côté, à droite, près de la Chapelle de la
Communion, un monument de marbre fculpté par Coyfevox
& érigé à la gloire de cet Architecte.