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https://doi.org/10.11588/diglit.22057#0172
ARCHITECTURE FRANÇOISE, Liv. VIL
i i i
CHAPITRE II.
Vlan general au reipde-chaujfee des Bâtimens, Cours (ÙV Avant-cour
du Château de Verfailles. Planche IL
ON voit d’un feul coup d’œil, fur cette planche, la difpofition générale des Cours
& des Bâtimens au rez-de-chauffée du Château de Verfailles, dans fon état aétuel
(Novembre 1755), auffi-bien qu’une partie des dépendances & des Jardins qui accompa-
gnent ce Palais. Cependant nous ne nous propofons pas d’entrer dans le détail de
chaque appartement de ce Château : non-feulement nous ferions obligés de nous ré-
péter fans celle, mais nous formions peut-être de la retenue dont nous croyons devoir
ufer à l’égard de cette Maifon Royale. Notre but ici eft d’écrire pour les Artiftesj il n’y
doit être queftion que des rellources de l’Art, & non de certains détails qui n’intéref-
fent véritablement que les perfonnes de la Cour. Renfermons-nous donc dans les bornes
que nous avons dû nous prefcrire, & engageons nos Leéteurs à nous palier certaines
obfervations que nous nous fommes trouvés obligés de faire, par la néceflité de nous
rendre compte, & au Public, des beautés qui fe remarquent dans cet Edifice, aulfi-bien
que des licences qui peuvent s’y rencontrer, comme la feule route qui puilfe conduire
au progrès de l’Art, & le feul motif, nous ne craignons point de le répéter, qui nous
dirige ellentiellement dans nos obfervations.
De la Place d’Armes, dont nous avons parlé, page 99, on entre dans une grande
avant-cour qui n’en eft féparée que par une grille de fer doré, d’un deflein d’afiez bon
goût, & aux extrémités de laquelle font deux guérites qui fervent de piedeftaux à deux
grouppes de pierre 5 l’un, à droite, repréfente la Victoire de la France fur Y Empire, par
Marft; l’autre, à gauche, repréfente la Victoire de la France fur YEJpagne, par Girardon.
Cette cour eft bordée d’une terralfe de forme variée, divifée en deux parties, & à la
tête defquelles fe remarquent deux fontaines. Le pourtour extérieur de ces terralles eft
foutenu d’un mur de revêtilïement, décoré de membres d’Architeéture (/) & couronné
d’une baluftrade d’un deflein ferme & hardi. Au deflous de ces terralles font pratiqués
des corps-de-gardes pour les Gardes Françoife & Suifle, aulfi bien que dans le foubafle-
ment des ailes & des pavillons marqués A. Ces corps de Bâtimens, deffcinés aux quatre
Miniflres & Secrétaires d’Etat, font donner à cette avant-cour le nom de cour des Ministres.
Leur décoration extérieure, que nous ne donnerons point ici, eft dans le même genre
que celle du grand commun, dont on verra une élévation fur la planche XXVI. Les
pavillons de cette avant-cour différent cependant des ailes par leur couverture, étant
terminés par des combles à l’impériale, revêtus pour la plus grande partie de plomb
doré 5 au lieu que les ailes font feulement couvertes par un comble à la manfarde, ainfi
(f) Ces revétilfemens ne s’apperçoivent guère aujourd’hui,
par la quantité d’échopes & autres petits Bâtimens qu’on a
laiffé conftruire autour des murs. Infenliblement on fe laiffe
gagner par l’importunité ou la commifération, en forte que
par fucceffion de tems on oublie la bienféance. Le Speélateur
fe trouve choqué, principalement l’Etranger, de voir à l’entrée
de nos Maifons Royales, un ridicule amas d’échopes, de
barraques, &c. qui en nuifant au coup d’œil, altère la beauté
des formes, & s’oppofe à la convenance qu’on devrait obferver
ellentiellement dans tout ce qui concerne les Palais des Grands,
& qu’on ne négligé même que trop fouvent dans les monu-
mens élevés à la piété des fideles.
Certainement c’eft un grand obftacle pour l’afpeâ de l’en-
trée du Château de Verfailles, d’une flrufture d’ailleurs allez
irrégulière, que d’y remarquer tant d’objets vils & méprifa-
bles qui s’accordent fi peu avec la majefté du lieu. Qu’on ne
s’y trompe pas, les dehors d’un Palais de cette importance exi-
gent de l’attention. Ordinairement l’impreffion qu’on fe fait
de l’entrée d’un Edifice, nous fuit dans les dedans. De cette
impreffion naît plus ou moins de fatisfa&ion, & lorlque l’ame
fe trouve mieux difpofée par des dehors heureufement conçus
& dirigés par un œil lurveillant, l’efprit prend plus de part à
l’examen des chofes qu’il contemple, d’où il réfulte toujours
un bien réel pour les connoilfances que l’Amateur & 1 Artifte
veulent acquérir.
Château de
'Verfailles.
Avant-cour.
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CHAPITRE II.
Vlan general au reipde-chaujfee des Bâtimens, Cours (ÙV Avant-cour
du Château de Verfailles. Planche IL
ON voit d’un feul coup d’œil, fur cette planche, la difpofition générale des Cours
& des Bâtimens au rez-de-chauffée du Château de Verfailles, dans fon état aétuel
(Novembre 1755), auffi-bien qu’une partie des dépendances & des Jardins qui accompa-
gnent ce Palais. Cependant nous ne nous propofons pas d’entrer dans le détail de
chaque appartement de ce Château : non-feulement nous ferions obligés de nous ré-
péter fans celle, mais nous formions peut-être de la retenue dont nous croyons devoir
ufer à l’égard de cette Maifon Royale. Notre but ici eft d’écrire pour les Artiftesj il n’y
doit être queftion que des rellources de l’Art, & non de certains détails qui n’intéref-
fent véritablement que les perfonnes de la Cour. Renfermons-nous donc dans les bornes
que nous avons dû nous prefcrire, & engageons nos Leéteurs à nous palier certaines
obfervations que nous nous fommes trouvés obligés de faire, par la néceflité de nous
rendre compte, & au Public, des beautés qui fe remarquent dans cet Edifice, aulfi-bien
que des licences qui peuvent s’y rencontrer, comme la feule route qui puilfe conduire
au progrès de l’Art, & le feul motif, nous ne craignons point de le répéter, qui nous
dirige ellentiellement dans nos obfervations.
De la Place d’Armes, dont nous avons parlé, page 99, on entre dans une grande
avant-cour qui n’en eft féparée que par une grille de fer doré, d’un deflein d’afiez bon
goût, & aux extrémités de laquelle font deux guérites qui fervent de piedeftaux à deux
grouppes de pierre 5 l’un, à droite, repréfente la Victoire de la France fur Y Empire, par
Marft; l’autre, à gauche, repréfente la Victoire de la France fur YEJpagne, par Girardon.
Cette cour eft bordée d’une terralfe de forme variée, divifée en deux parties, & à la
tête defquelles fe remarquent deux fontaines. Le pourtour extérieur de ces terralles eft
foutenu d’un mur de revêtilïement, décoré de membres d’Architeéture (/) & couronné
d’une baluftrade d’un deflein ferme & hardi. Au deflous de ces terralles font pratiqués
des corps-de-gardes pour les Gardes Françoife & Suifle, aulfi bien que dans le foubafle-
ment des ailes & des pavillons marqués A. Ces corps de Bâtimens, deffcinés aux quatre
Miniflres & Secrétaires d’Etat, font donner à cette avant-cour le nom de cour des Ministres.
Leur décoration extérieure, que nous ne donnerons point ici, eft dans le même genre
que celle du grand commun, dont on verra une élévation fur la planche XXVI. Les
pavillons de cette avant-cour différent cependant des ailes par leur couverture, étant
terminés par des combles à l’impériale, revêtus pour la plus grande partie de plomb
doré 5 au lieu que les ailes font feulement couvertes par un comble à la manfarde, ainfi
(f) Ces revétilfemens ne s’apperçoivent guère aujourd’hui,
par la quantité d’échopes & autres petits Bâtimens qu’on a
laiffé conftruire autour des murs. Infenliblement on fe laiffe
gagner par l’importunité ou la commifération, en forte que
par fucceffion de tems on oublie la bienféance. Le Speélateur
fe trouve choqué, principalement l’Etranger, de voir à l’entrée
de nos Maifons Royales, un ridicule amas d’échopes, de
barraques, &c. qui en nuifant au coup d’œil, altère la beauté
des formes, & s’oppofe à la convenance qu’on devrait obferver
ellentiellement dans tout ce qui concerne les Palais des Grands,
& qu’on ne négligé même que trop fouvent dans les monu-
mens élevés à la piété des fideles.
Certainement c’eft un grand obftacle pour l’afpeâ de l’en-
trée du Château de Verfailles, d’une flrufture d’ailleurs allez
irrégulière, que d’y remarquer tant d’objets vils & méprifa-
bles qui s’accordent fi peu avec la majefté du lieu. Qu’on ne
s’y trompe pas, les dehors d’un Palais de cette importance exi-
gent de l’attention. Ordinairement l’impreffion qu’on fe fait
de l’entrée d’un Edifice, nous fuit dans les dedans. De cette
impreffion naît plus ou moins de fatisfa&ion, & lorlque l’ame
fe trouve mieux difpofée par des dehors heureufement conçus
& dirigés par un œil lurveillant, l’efprit prend plus de part à
l’examen des chofes qu’il contemple, d’où il réfulte toujours
un bien réel pour les connoilfances que l’Amateur & 1 Artifte
veulent acquérir.
Château de
'Verfailles.
Avant-cour.