MALADIES DES OS.
ration sont trop infidèles pour que nous devions nous y arrêter
davantage.
Extraction. Il est nécessaire, avant d'opérer, de faire dispa-
raître les complications, telles qu'une hydarth rose qui s'oppose-
rait à la recherche des corps étrangers, ou une inflammation vive
qui ne ferait que s'exaspérer par l'opération.
Comme c'est toujours au genou que l'on a eu occasion d'ex-
traire des corps étrangers, le procédé opératoire est unique-
ment relatif à cette articulation. Le malade doit être couché sur
le dos, la jambe étendue; le genou affecté, soutenu par un
coussin, est placé sur le bord du lit du côté du chirurgien.
Cela étant, la première chose à faire est de chercher le corps
étranger; il arrive quelquefois qu'il fuit au-dessous de la rotule
ou dans l'espace intercondylien du fémur, et qu'on est obligé,
pour le déplacer, de faire exécuter des mouvemens au malade.
Alors l'opérateur conduit devant ses doigts, ce corps, de ma-
nière à l'amener sur le condyle interne ou le condyle externe
du fémur, suivant que cela est plus facile dans un sens que dans
l'autre. Lorsqu'il y est parvenu, il fixe lui-même le corps étran-
ger entre le pouce et l'indicateur de la main gauche et, ordon-
nant à un aide de tendre en même temps la peau en haut et en
dehors, il pratique, suivant la longueur du membre, une incision
dont l'étendue varie d'après le volume du corps à extraire. Par
cette incision, qui divise à la fois la peau et la capsule articulaire,
le corps étranger sort ordinairement de lui-même comme un
noyau de cerise qu'on presserait entre les doigts. Dès qu'on cesse
d'écarter la plaie, la rétraction naturelle de la peau détruit le pa-
rallélisme existant entre son ouverture et celle de la capsule ar-
ticulaire qui se trouve ainsi fermée et prévient l'entrée de l'air.
Il ne reste plus, pour terminer l'opération, qu'à réunir la solu-
tion de continuité des tégumens avec des bandelettes aggluti-
natives, et à entourer l'articulation avec un bandage circulaire
imbibé d'eau blanche. La plupart des chirurgiens recomman-
dent de maintenir le membre dans l'extension; M. Malgaigne
préfère la flexion modérée, comme moins pénible et n'exposant
pas autant à la raideur consécutive de l'articulation.
Si l'on avait affaire à plusieurs corps étrangers, il faudrait
essayer de les extraire à la fois en les amenant tous vers la même
incision ; autrement si cela exigeait des manœuvres qui dussent
trop irriter l'articulation, il serait préférable de les extraire,
plus tard, par une seconde opération. Enfin, lorsque le corps
étranger est adhérent, et qu'il s'insère par un prolongement
fibreux ou d'autre nature, il devient nécessaire d'attirer au de-
hors cette espèce de pédicule et de le réséquer avec des ciseaux.
ANKYLOSES.
On a remédié de trois manières aux inconvéniens qui résul-
tent de la soudure d'une articulation : i° en y rétablissant les
mouvemens par la rupture de l'ankylose, i° en déplaçant pour
ainsi dire le siège des mouvemens par la création d'une articu-
lation artificielle; 3° enfin, en excisant l'un des os pour redres-
ser le membre lorsque l'ankylose est accompagnée d'une dévia-
tion très considérable.
i0 Rupture de l'ankylose.
On a vu les mouvemens se rétablir, dans les articulations
ankylosées depuis long-temps, lorsque les os venaient à être dis-
joints accidentellement par une chute ou par une violence ex-
térieure quelconque (Fah. de Hilden, Meckrel, Bartholin). De
pareils exemples étaient bien faits pour appeler l'attention des
chirurgiens et pour les conduire à tenter en pratique une mé-
thode que la nature leur avait révélée. Cependant l'expérience
n'a point répondu par des résultats aussi heureux. Presque
toutes les tentatives de rupture d'ankylose ont été funestes ou
bien ont eu des effets plus nuisibles qu'utiles, et plutôt capables de
décourager les praticiens que de les inviter à de nouveaux essais.
Il en résulte que, dans l'état actuel de la science, on ne peut
pas rejeter d'une manière formelle la question des ruptures d'an-
kyloses, puisque la théorie et quelques faits permettent de com-
prendre la possibilité de résultats meilleurs ; mais si l'on remar-
que (pue l'ankylose est une difformité et non une maladie, que
la santé des malades n'en est nullement altérée, et si l'on consi-
dère qu'en brisant l'articulation on s'expose presque sûrement
à des accidens inflammatoires capables de compromettre la vie,
ou de nécessiter au moins l'amputation du membre, on jugera ,
comme nous, qu'il est plus sage et plus moral de s'abstenir d'une
semblable opération.
2° Création dune articulation artificielle.
La méthode à suivre pour pratiquer cette opération consiste
à découvrir l'os et à le scier de manière à en interrompre la con-
tinuité. Dans le but de s'opposer à la réunion solide des frag-
mens, on leur imprime de temps en temps des mouvemens dont
on augmente graduellement l'étendue et la fréquence. Par ce
moyen l'on réunit les conditions nécessaires pour favoriser une
fausse articulation. Peu à peu les deux bouts de l'os s'émoussent
et se polissent par le frottement; le fragment mobile s'arrondit
en forme de tête, l'autre se creuse en forme de cavité articulaire,
et ils finissent quelquefois par s'emboîter assez exactement. Le
périoste et le tissu cellulaire environnant se condensent, s'épais-
sissent et font l'office d'une capsule fibreuse; les muscles eux-
mêmes sont susceptibles de se fasciculer et de se modifier par-
tiellement, pour s'accommoder aux mouvemens qu'exige la nou-
velle articulation.
Les nombreux exemples de pseudarthroses à la suite de frac-
tures non consolidées, dans lesquelles les fonctions du membre
étaient en partie conservées, avaient pu instruire le chirurgien
sur les résultats qu'il devait attendre d'une articulation arti-
ficielle; les différens cas de résections dans la continuité des os
et les expérimentations sur les animaux lui avaient démontré le
peu de danger de cette tentative. Mais aujourd'hui c'est une
opération nouvelle, enlréedans le domaine de la science depuis
que deux exemples recueillis sur l'homme, et couronnés de
succès, sont venus transformer ces prévisions en certitude. Le
premier fait appartient à M. Barton de Philadelphie, l'inven-
teur des fausses articulations dans le but de remédier aux
ankyloses. Ce chirurgien fit l'essai de son opération, le 22 no-
vembre 1836, sur un jeune homme de vingt-un ans affecté
d'une soudure des deux os de la hanche avec flexion à angle
droit de la cuisse sur le bassin et avec rotation du genou en
dedans. M. Barton (pl. 5o, fig. 4) pratiqua d'abord sur la par-
tie la plus saillante du grand trochanter une incision cruciale
qui n'intéressait que la peau et dont la division verticale avait
dix-neuf centimètres (sept pouces) de longueur, tandis que la di-
vision transversale n'offrait qu'une étendue de treize centimètres
(cinq pouces). Les quatre lambeaux furent disséqués et relevés,
et l'aponévrose mise à découvert fut largement incisée. Alors il
détacha avec soin les insertions musculaires qui recouvrent l'os
ration sont trop infidèles pour que nous devions nous y arrêter
davantage.
Extraction. Il est nécessaire, avant d'opérer, de faire dispa-
raître les complications, telles qu'une hydarth rose qui s'oppose-
rait à la recherche des corps étrangers, ou une inflammation vive
qui ne ferait que s'exaspérer par l'opération.
Comme c'est toujours au genou que l'on a eu occasion d'ex-
traire des corps étrangers, le procédé opératoire est unique-
ment relatif à cette articulation. Le malade doit être couché sur
le dos, la jambe étendue; le genou affecté, soutenu par un
coussin, est placé sur le bord du lit du côté du chirurgien.
Cela étant, la première chose à faire est de chercher le corps
étranger; il arrive quelquefois qu'il fuit au-dessous de la rotule
ou dans l'espace intercondylien du fémur, et qu'on est obligé,
pour le déplacer, de faire exécuter des mouvemens au malade.
Alors l'opérateur conduit devant ses doigts, ce corps, de ma-
nière à l'amener sur le condyle interne ou le condyle externe
du fémur, suivant que cela est plus facile dans un sens que dans
l'autre. Lorsqu'il y est parvenu, il fixe lui-même le corps étran-
ger entre le pouce et l'indicateur de la main gauche et, ordon-
nant à un aide de tendre en même temps la peau en haut et en
dehors, il pratique, suivant la longueur du membre, une incision
dont l'étendue varie d'après le volume du corps à extraire. Par
cette incision, qui divise à la fois la peau et la capsule articulaire,
le corps étranger sort ordinairement de lui-même comme un
noyau de cerise qu'on presserait entre les doigts. Dès qu'on cesse
d'écarter la plaie, la rétraction naturelle de la peau détruit le pa-
rallélisme existant entre son ouverture et celle de la capsule ar-
ticulaire qui se trouve ainsi fermée et prévient l'entrée de l'air.
Il ne reste plus, pour terminer l'opération, qu'à réunir la solu-
tion de continuité des tégumens avec des bandelettes aggluti-
natives, et à entourer l'articulation avec un bandage circulaire
imbibé d'eau blanche. La plupart des chirurgiens recomman-
dent de maintenir le membre dans l'extension; M. Malgaigne
préfère la flexion modérée, comme moins pénible et n'exposant
pas autant à la raideur consécutive de l'articulation.
Si l'on avait affaire à plusieurs corps étrangers, il faudrait
essayer de les extraire à la fois en les amenant tous vers la même
incision ; autrement si cela exigeait des manœuvres qui dussent
trop irriter l'articulation, il serait préférable de les extraire,
plus tard, par une seconde opération. Enfin, lorsque le corps
étranger est adhérent, et qu'il s'insère par un prolongement
fibreux ou d'autre nature, il devient nécessaire d'attirer au de-
hors cette espèce de pédicule et de le réséquer avec des ciseaux.
ANKYLOSES.
On a remédié de trois manières aux inconvéniens qui résul-
tent de la soudure d'une articulation : i° en y rétablissant les
mouvemens par la rupture de l'ankylose, i° en déplaçant pour
ainsi dire le siège des mouvemens par la création d'une articu-
lation artificielle; 3° enfin, en excisant l'un des os pour redres-
ser le membre lorsque l'ankylose est accompagnée d'une dévia-
tion très considérable.
i0 Rupture de l'ankylose.
On a vu les mouvemens se rétablir, dans les articulations
ankylosées depuis long-temps, lorsque les os venaient à être dis-
joints accidentellement par une chute ou par une violence ex-
térieure quelconque (Fah. de Hilden, Meckrel, Bartholin). De
pareils exemples étaient bien faits pour appeler l'attention des
chirurgiens et pour les conduire à tenter en pratique une mé-
thode que la nature leur avait révélée. Cependant l'expérience
n'a point répondu par des résultats aussi heureux. Presque
toutes les tentatives de rupture d'ankylose ont été funestes ou
bien ont eu des effets plus nuisibles qu'utiles, et plutôt capables de
décourager les praticiens que de les inviter à de nouveaux essais.
Il en résulte que, dans l'état actuel de la science, on ne peut
pas rejeter d'une manière formelle la question des ruptures d'an-
kyloses, puisque la théorie et quelques faits permettent de com-
prendre la possibilité de résultats meilleurs ; mais si l'on remar-
que (pue l'ankylose est une difformité et non une maladie, que
la santé des malades n'en est nullement altérée, et si l'on consi-
dère qu'en brisant l'articulation on s'expose presque sûrement
à des accidens inflammatoires capables de compromettre la vie,
ou de nécessiter au moins l'amputation du membre, on jugera ,
comme nous, qu'il est plus sage et plus moral de s'abstenir d'une
semblable opération.
2° Création dune articulation artificielle.
La méthode à suivre pour pratiquer cette opération consiste
à découvrir l'os et à le scier de manière à en interrompre la con-
tinuité. Dans le but de s'opposer à la réunion solide des frag-
mens, on leur imprime de temps en temps des mouvemens dont
on augmente graduellement l'étendue et la fréquence. Par ce
moyen l'on réunit les conditions nécessaires pour favoriser une
fausse articulation. Peu à peu les deux bouts de l'os s'émoussent
et se polissent par le frottement; le fragment mobile s'arrondit
en forme de tête, l'autre se creuse en forme de cavité articulaire,
et ils finissent quelquefois par s'emboîter assez exactement. Le
périoste et le tissu cellulaire environnant se condensent, s'épais-
sissent et font l'office d'une capsule fibreuse; les muscles eux-
mêmes sont susceptibles de se fasciculer et de se modifier par-
tiellement, pour s'accommoder aux mouvemens qu'exige la nou-
velle articulation.
Les nombreux exemples de pseudarthroses à la suite de frac-
tures non consolidées, dans lesquelles les fonctions du membre
étaient en partie conservées, avaient pu instruire le chirurgien
sur les résultats qu'il devait attendre d'une articulation arti-
ficielle; les différens cas de résections dans la continuité des os
et les expérimentations sur les animaux lui avaient démontré le
peu de danger de cette tentative. Mais aujourd'hui c'est une
opération nouvelle, enlréedans le domaine de la science depuis
que deux exemples recueillis sur l'homme, et couronnés de
succès, sont venus transformer ces prévisions en certitude. Le
premier fait appartient à M. Barton de Philadelphie, l'inven-
teur des fausses articulations dans le but de remédier aux
ankyloses. Ce chirurgien fit l'essai de son opération, le 22 no-
vembre 1836, sur un jeune homme de vingt-un ans affecté
d'une soudure des deux os de la hanche avec flexion à angle
droit de la cuisse sur le bassin et avec rotation du genou en
dedans. M. Barton (pl. 5o, fig. 4) pratiqua d'abord sur la par-
tie la plus saillante du grand trochanter une incision cruciale
qui n'intéressait que la peau et dont la division verticale avait
dix-neuf centimètres (sept pouces) de longueur, tandis que la di-
vision transversale n'offrait qu'une étendue de treize centimètres
(cinq pouces). Les quatre lambeaux furent disséqués et relevés,
et l'aponévrose mise à découvert fut largement incisée. Alors il
détacha avec soin les insertions musculaires qui recouvrent l'os