50 ATHÈiXES.
Lemnos se saississant des flèches de Philoctète. On y voit aussi Oresle et
Pylade tuant, l'un, Egisthe, et le second, les /ils de Nauplius qui étaient
venus au secours d'Egisthe. Une autre partie de ce tableau représente
Polyxène qu'on va sacrifier sur le tombeau d'Achille. Homère a bien fait
de passer sous silence une action aussi cruelle. Il me semble aussi qu'il a
eu raison de dire qu'Achille prit Scyros, au lieu de le représenter dans
cette île confondu avec des jeunes filles, comme l'ont fait d'autres
poètes, ce que Polygnote a représenté dans l'édifice dont nous parlons 4.
Il a peint également Nausicaa et ses compagnes lavant leurs vêtements
dans le fleuve et Ulysse debout auprès d'elles, le tout d'après Homère. On
y remarque encore d'autres peintures, savoir : Alcibiade, avec 4es
emblèmes de la victoire qu'il avait remportée aux courses de Némée2;
Persée se rendant à Séryphe et portant à Polydecte la tête de Méduse.
Au-dessus de ces peintures, en laissant de côté l'Enfant qui porte des
urnes et le Lutteur, peint par Timœnète, on voit le portrait de Musée 3. »
Cette énumération de peintures n'ayant entre elles aucune liaison, aucun
rapport, cette réunion ({'académies, de portraits, de compositions histori-
ques, n'indiquent-elles pas évidemment un musée composé de tableaux
rapportés et non pas une salle revêtue de peintures murales qui nécessai-
1. Nous retrouvons ce sujet, Achille découvert par Ulysse au milieu des filles de Lycomède, dans
une des principales peintures de Pompéi. Cette composition, qui existait dans le tablinum de la
maison du Questeur ou de Castor et Pollux, pourrait bien être une réminiscence de celle de
Polygnote. La même donnée a inspiré l'auteur d'une mosaïque encore en place à Pompéi dans la
maison d'Apollon.
2. Alcibiade avait fait faire deux peintures à l'occasion de cette victoire; le nom de l'artiste nous
a été conservé par Athénée :
« Lorsqu'il revint d'Olympie à Athènes, il consacra deux tableaux dus au pinceau d'Aglaophon.
Dans l'un, on voyait l'assemblée des jeux olympiques et pythiques couronner Alcibiade; dans l'autre
était représentée (la nymphe) Semée tenant sur ses genoux Alcibiade dont la figure surpassait en
beauté celle des plus belles femmes. » Satvrus, cité par Athénée. Deipnos. L. XII.
II y a dans ce passage plusieurs erreurs manifestes; ce fut à Némée qu'Alcibiade remporta la
victoire, ainsi que l'atteste la présence de la nymphe protectrice de ce lieu. En outre, comment
eût-on pu représenter à la fois l'assemblée des jeux olympiques et pythiques qui se célébraient, les
premiers à Olympie, les seconds à Delphes.
D'un autre côté, Plutarque n'est pas d'accord avec Satvrus sur le nom du peintre, et Amyot, son
traducteur, de son autorité privée, voit dans celui de Némée tout autre chose que la désignation de
la divinité protectrice de Némée :
« Et ayant le peintre Aristophon peint une courtisane nommée Nemea, qui tenait entre ses bras
Alcibiade assis en son giron, tout le peuple y accourait et prenoit grand plaisir à voir ce tableau. »
Plutarque. Vie d'Alcibiade.
3. Paisv^ias. AU. L. XXII.
Lemnos se saississant des flèches de Philoctète. On y voit aussi Oresle et
Pylade tuant, l'un, Egisthe, et le second, les /ils de Nauplius qui étaient
venus au secours d'Egisthe. Une autre partie de ce tableau représente
Polyxène qu'on va sacrifier sur le tombeau d'Achille. Homère a bien fait
de passer sous silence une action aussi cruelle. Il me semble aussi qu'il a
eu raison de dire qu'Achille prit Scyros, au lieu de le représenter dans
cette île confondu avec des jeunes filles, comme l'ont fait d'autres
poètes, ce que Polygnote a représenté dans l'édifice dont nous parlons 4.
Il a peint également Nausicaa et ses compagnes lavant leurs vêtements
dans le fleuve et Ulysse debout auprès d'elles, le tout d'après Homère. On
y remarque encore d'autres peintures, savoir : Alcibiade, avec 4es
emblèmes de la victoire qu'il avait remportée aux courses de Némée2;
Persée se rendant à Séryphe et portant à Polydecte la tête de Méduse.
Au-dessus de ces peintures, en laissant de côté l'Enfant qui porte des
urnes et le Lutteur, peint par Timœnète, on voit le portrait de Musée 3. »
Cette énumération de peintures n'ayant entre elles aucune liaison, aucun
rapport, cette réunion ({'académies, de portraits, de compositions histori-
ques, n'indiquent-elles pas évidemment un musée composé de tableaux
rapportés et non pas une salle revêtue de peintures murales qui nécessai-
1. Nous retrouvons ce sujet, Achille découvert par Ulysse au milieu des filles de Lycomède, dans
une des principales peintures de Pompéi. Cette composition, qui existait dans le tablinum de la
maison du Questeur ou de Castor et Pollux, pourrait bien être une réminiscence de celle de
Polygnote. La même donnée a inspiré l'auteur d'une mosaïque encore en place à Pompéi dans la
maison d'Apollon.
2. Alcibiade avait fait faire deux peintures à l'occasion de cette victoire; le nom de l'artiste nous
a été conservé par Athénée :
« Lorsqu'il revint d'Olympie à Athènes, il consacra deux tableaux dus au pinceau d'Aglaophon.
Dans l'un, on voyait l'assemblée des jeux olympiques et pythiques couronner Alcibiade; dans l'autre
était représentée (la nymphe) Semée tenant sur ses genoux Alcibiade dont la figure surpassait en
beauté celle des plus belles femmes. » Satvrus, cité par Athénée. Deipnos. L. XII.
II y a dans ce passage plusieurs erreurs manifestes; ce fut à Némée qu'Alcibiade remporta la
victoire, ainsi que l'atteste la présence de la nymphe protectrice de ce lieu. En outre, comment
eût-on pu représenter à la fois l'assemblée des jeux olympiques et pythiques qui se célébraient, les
premiers à Olympie, les seconds à Delphes.
D'un autre côté, Plutarque n'est pas d'accord avec Satvrus sur le nom du peintre, et Amyot, son
traducteur, de son autorité privée, voit dans celui de Némée tout autre chose que la désignation de
la divinité protectrice de Némée :
« Et ayant le peintre Aristophon peint une courtisane nommée Nemea, qui tenait entre ses bras
Alcibiade assis en son giron, tout le peuple y accourait et prenoit grand plaisir à voir ce tableau. »
Plutarque. Vie d'Alcibiade.
3. Paisv^ias. AU. L. XXII.