Société de l'Histoire de l'Art Français [Hrsg.]: Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français (1910)

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demande très humblement pardon à Votre Altesse Royale
si je luy repette ma chanson d’hier et d’avant-hier. Toute
ma peine vient de ce que je suis si entièrement abandonné
à moi-même et que je reçois si rarement de ses ordres et
quasi jamais ceux du Prince Royal. Il est difficile d’agir
de son chef, quand on réussit c’est un hasard, quand on
échoue c’est une faute... Ce que je dis, Madame, n’est pas
une plainte, mais un mouvement de zèle pour votre ser-
vice... Je supplie Votre Altesse Royale d’y réfléchir...
J’aime à lui devoir mon repos qui consiste à me voir
honoré des Ordres de ceux que je sers.

Louise-Ulrique acheta les collections, mais la faveur
ne revint pas. L’oubli, un oubli dédaigneux, sinon
hostile, acheva de s’épaissir autour du courtisan
vieilli. Après avoir terminé l’éducation du jeune
prince, — aumône consentie à sa pauvreté, — il dut
s’enterrer dans sa retraite d’Akeroô et y mourut, misé-
rable, au milieu de l’indifférence de ceux dont il avait
formé l’intelligence, amenuisé le goût. La collection
de Louise-Ulrique est maintenant presque entière au
Musée de Stockholm1.

C’est, en dehors de nos frontières et mise à part la
collection Wallace, le plus bel assemblage qui soit
des productions de ce génie primesautier, spirituel
et parfois mélancolique sous son élégance, qui fut
l’expression de la France du xvme siècle.

Pierre Lespinasse.

1. Je compte publier prochainement les catalogues raison-
nés et annotés des collections de Tessin et de Louise-Ulrique,
ou tout au moins de celles de leurs acquisitions qui intéressent
l’art français.