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Société de l'Histoire de l'Art Français [Hrsg.]
Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français — 1920

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Schneider, René: Le fantastique de Mantegna
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https://doi.org/10.11588/diglit.19305#0118

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— 96 —

et chevelure le nuage même, d’où le visage émerge seul
dans sa précision : habileté toute spéciale, qui cherche à
ménager la transition entre les choses inanimées et les
êtres, ceux-ci paraissant comme une émanation de
celles-là, et les unes et les autres appartenant au monde
léger de l’air. Mais l’exemple le plus saisissant de ce fan-
tastique particulier à Mantegna est le Cavalier qui tra-
verse l’espace dans une nuée, au-dessus du Saint-Sébas-
tien du Musée impérial de Vienne. Cette étrange figure
n’est pas restée ignorée comme celle du tableau du
Louvre. M. Paul Kristeller en a longuement recherché le
symbolisme. L’œuvre émouvante aurait été conçue à
Vérone, à l’ombre de la cathédrale, et le Cavalier serait
le souvenir du fameux bas-relief roman de la façade, où
Théodoric, le Dietrich de Bern de la légende germanique,
chef des Ariens et persécuteur, est lancé dans la chasse
infernale. Mantegna aurait peut-être personnifié dans le
Cavalier l’idée de persécution. J’ai dit, à la Société de
l’Art français, les difficultés que soulève cette expli-
cation. Il est possible que le saint revoie, avant de mou-
rir, ce qu’il était avant l’arrêt de l’empereur : le jeune
chef de la cohorte prétorienne. Évocation du passé mili-
taire avant la glorieure déchéance?

Toujours est-il que, au Louvre ou à Vienne, un curieux
côté de l’art de Mantegna s’offre à l’historien. Pris entre
le goût du relief, qui est le fond de son génie, et l’impres-
sion d’inconsistance floconneuse, Mantegna cherche le
compromis. Le puissant modeleur de statues laisse au
Cavalier la grande allure d’un fragment romain, mais il
enveloppe de douceur le modelé. Les profils superposés qui
passent dans le ciel de la Sagesse victorieuse rappellent des
camées : on y retrouve le peintre archéologue qui a orné
d’un grand camée les roues du char de triomphe de
César. Mais il s’efforce de baigner de flou le contour. Le
dur plasticien et le voisin des brillants vénitiens, beau-
frère de Giovanni Bellini qui déjà substituait au dessin
linéaire le « sfumato », ont sincèremnt pactisé dans ces
délicates figures.
 
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