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Société de l'Histoire de l'Art Français [Hrsg.]
Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français — 1925

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Macon, Gustave: Une lettre inédite du peintre Piat-Joseph Sauvage (1814)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19275#0210

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'94 —

Une lettre inédite du peintre Piat-Joseph Sauvage
(1814).

(Communication de M. Gustave Maçon K)

Lettre du peintre Piat-Joseph Sauvage au prince de Condé.

Tournay, 17 avril 1814.

Au retour de Paris de M. Decelle, valet de chambre-bijou-
tier de Monseigneur, mon premier mot a été de lui demander
avec l’élan du cœur des nouvelles d’un Prince à qui j’étois at-
taché de toute mon âme et pour la vie; j’étois fier des bontés
et de la confiance dont S. A. S. avoit daigné me combler et
surtout du titre de son premier peintre.

Le bon M. Decelle me répondit d’une manière peu flatteuse
et m’apprit que mon illustre maître étoit indisposé contre moi
parceque Son Altesse croyoit que j’avois brûlé mon titre de
premier peintre et que j’avois figuré dans la Révolution.

Il n’y a que des ennemis ou des jaloux qui ont pu m’impu-
ter une conduite aussi abominable; j’en ai convaincu M. De-
celle et je lui ai donné toutes les preuves du contraire, il
s’étoit engagé de désabuser V. A. S. quand la mort l’a surpris.
La pensée de passer pour un traître et un révolutionnaire m’a
causé un violent chagrin, et je n’y puis penser sans que mon
cœur se révolte. J’ai constamment été royaliste et j’ai été traité
en conséquence. J’ai été nommé par ce parti à ma section
électeur pour former la députation de Paris; c’est cette année
que les Marats, les Dantons, David, Sergent, etc., ont été
nommés malgré nous; nous avons fait scission et nous nous
sommes retirés à la Sainte-Chapelle; M. de Lacépède en étoit
le président; il pourroit l’attester en ma faveur; j’ai l’honneur
d’être connu de lui depuis longtemps. J’ai fait plus, j’ai signé
les listes des vingt mille et des dix mille en faveur du Roi, ce
qui est devenu des listes de proscription par la suite.

Quant aux titres brûlés, je joins ici la preuve que nous y
fûmes forcés. La fameuse Commune générale des arts n’étoit
composée que de barbouilleurs de Paris et de quelques
membres de l’Académie à la tête; c’étoit plutôt un comité ré-
volutionnaire qu’une assemblée d’artistes. Mon titre de l’Aca-
démie royale, celui de l’académie de Toulouse, de Lille, et
enfin celui qui m’étoit le plus cher, que V. A. S. m’avoit ac-
cordé, et tous ceux de mes confrères quelconques ont été livrés
aux flammes sur la place du Louvre. 1

1. Lue par M. Paul Vitry.
 
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