ié ACADEMIE DES SCIENCES,
dinal de Sun Pictro ad Vincula, qui receut la Thiare soubs le nom de Ju-
les Second.
Ce ne fut pas le seu! déplaisir qu'il receut à Rome : l’Ambassadeur
dp Venise, 6c les Partisans d’Espagne débauchèrent plusieurs Chefs de
son Armée 5 6c l’aftbiblirent tellement par leur desertion , qu’il ne fut
pas dans Rome sans danger de sa personne. Ces fascheux accidens firent
manquer son desiein sur le Royaume de Naples, 6c rendirent sa con-
duite en quelque façon descriée : neanmoins le Roy son Maistre n’en
diminua aucunement l’estime qu’il faisoit de luv : il le vit à son retour
en France avec la mesme affe&ion , &: l’envoya peu apres à Haghenau
L’an 1^04. en Allemagne pour recevoir de l’Empereur l’Investiture du Duché de
Milan, 6c conclure avec luy le Mariage qu’ils avoient projette. Mais
celuy de Ferdinand avec Germaine de Foix, Niepce de Loiiis XII. 6c
la mort de l’Archiduc Philippe , ayant apporté du changement dans les
affaires ; ces projets demeurèrent sans effet, 6c le Roy donna pour Dot
à cette Niepce la part qu’il pretendoit au Royaume de Naples , qui
demeura depuis ce temps là entièrement soubs l’obéissance 6c pouvoir
du Roy d’Espagne.
Quelque temps apres les Génois rallumèrent le feu de la guerre par
leur révolté : le Roy en fut picqué jtisques à tel point, qu’il resolut d’aller
en personne leur faire sentir son indignation. Le Cardinal le devança
avec une puissante Armée jusqu’à la ville d’Ast , 6c mit une si grande
En Javier espouvante parmy ce Peuple surprisjque ne voyant point déplus prompt
,J°7' 6c meilleur remede que d’avoir recours à la clemence du Roy, ils luy
envoyèrent des Députez : mais leurs soubmisiions ne purent sseschir ce
Prince irrité .-après avoir deffait quelques Troupes qui tenoient la cam-
pagne , il entra dans la ville de Genes suivy du Cardinal, qui estoit ar-
mé de toutes pièces , 6c tenoit une espée nue en la main pour marque
de leur deffaite, 6c de sa viétoire.
A peine avoit il repalsé les Monts, que le Cardinal luy persuadâ de
seressentir des outrages qu’il avoit receus des Vénitiens dans la derniere
entrepriso de Naples. Ce Prince estoit déjà aigry contre la Republique, à
cause des obstacles qu’elle avoit apportez au progrez de ses armes en
Italie, 6c de ce qu’elle retenoit Cremone, sur laquelle il avoit des pré-
tentions. L’Empereur luy en vouloit aulîi pour quelques Places qu’elle
luy detenoit; 6c le Roy d’Espagne ce mêlant dans cette querelle pour ses
interests particuliers : ces trois Princes envoyèrent leurs Ambassadeurs
à Cambray pour nouer entre eux une Ligue contre cet ennemy com-
mun. Marguerite femme de Philibert Duc de Savoye, y alla de la part
de l’Empereur son Pere, accompagnée du Secrétaire Matthieu l’Ange,
depuis Cardinal de Gurce : le Cardinal d’Amboise s’y rendit au nom
du Roy son maistre 5 6c cette confédération 6c alliance ayant esté arrestée
le neufiesmede Décembre de l’An mille cinc cens sept, l'Année suivan*
te se passa en préparations pour cette guerre. Au commencement de
l’An mille cinc cens neuf le Roy de France porta ses Armes en Italie
accompagné du Cardinal. Ce Ministre infatigable , estoit extrêmement
affligé de la goutte : neanmoins surmontant les plus hautes difficultez
par son courage, 6c par le zele qu’il avoit au service de son Prince, il
se fit pasfer les Monts en littiere sans abandonner le Roy pendant ce
pénible voyage. Il se trouva tout malade qu’il estoit à la Bataille d’Ag-
nadel, pour animer les Chefs 6c les Soldats par sa presence ; 6c quoy
qu’il
dinal de Sun Pictro ad Vincula, qui receut la Thiare soubs le nom de Ju-
les Second.
Ce ne fut pas le seu! déplaisir qu'il receut à Rome : l’Ambassadeur
dp Venise, 6c les Partisans d’Espagne débauchèrent plusieurs Chefs de
son Armée 5 6c l’aftbiblirent tellement par leur desertion , qu’il ne fut
pas dans Rome sans danger de sa personne. Ces fascheux accidens firent
manquer son desiein sur le Royaume de Naples, 6c rendirent sa con-
duite en quelque façon descriée : neanmoins le Roy son Maistre n’en
diminua aucunement l’estime qu’il faisoit de luv : il le vit à son retour
en France avec la mesme affe&ion , &: l’envoya peu apres à Haghenau
L’an 1^04. en Allemagne pour recevoir de l’Empereur l’Investiture du Duché de
Milan, 6c conclure avec luy le Mariage qu’ils avoient projette. Mais
celuy de Ferdinand avec Germaine de Foix, Niepce de Loiiis XII. 6c
la mort de l’Archiduc Philippe , ayant apporté du changement dans les
affaires ; ces projets demeurèrent sans effet, 6c le Roy donna pour Dot
à cette Niepce la part qu’il pretendoit au Royaume de Naples , qui
demeura depuis ce temps là entièrement soubs l’obéissance 6c pouvoir
du Roy d’Espagne.
Quelque temps apres les Génois rallumèrent le feu de la guerre par
leur révolté : le Roy en fut picqué jtisques à tel point, qu’il resolut d’aller
en personne leur faire sentir son indignation. Le Cardinal le devança
avec une puissante Armée jusqu’à la ville d’Ast , 6c mit une si grande
En Javier espouvante parmy ce Peuple surprisjque ne voyant point déplus prompt
,J°7' 6c meilleur remede que d’avoir recours à la clemence du Roy, ils luy
envoyèrent des Députez : mais leurs soubmisiions ne purent sseschir ce
Prince irrité .-après avoir deffait quelques Troupes qui tenoient la cam-
pagne , il entra dans la ville de Genes suivy du Cardinal, qui estoit ar-
mé de toutes pièces , 6c tenoit une espée nue en la main pour marque
de leur deffaite, 6c de sa viétoire.
A peine avoit il repalsé les Monts, que le Cardinal luy persuadâ de
seressentir des outrages qu’il avoit receus des Vénitiens dans la derniere
entrepriso de Naples. Ce Prince estoit déjà aigry contre la Republique, à
cause des obstacles qu’elle avoit apportez au progrez de ses armes en
Italie, 6c de ce qu’elle retenoit Cremone, sur laquelle il avoit des pré-
tentions. L’Empereur luy en vouloit aulîi pour quelques Places qu’elle
luy detenoit; 6c le Roy d’Espagne ce mêlant dans cette querelle pour ses
interests particuliers : ces trois Princes envoyèrent leurs Ambassadeurs
à Cambray pour nouer entre eux une Ligue contre cet ennemy com-
mun. Marguerite femme de Philibert Duc de Savoye, y alla de la part
de l’Empereur son Pere, accompagnée du Secrétaire Matthieu l’Ange,
depuis Cardinal de Gurce : le Cardinal d’Amboise s’y rendit au nom
du Roy son maistre 5 6c cette confédération 6c alliance ayant esté arrestée
le neufiesmede Décembre de l’An mille cinc cens sept, l'Année suivan*
te se passa en préparations pour cette guerre. Au commencement de
l’An mille cinc cens neuf le Roy de France porta ses Armes en Italie
accompagné du Cardinal. Ce Ministre infatigable , estoit extrêmement
affligé de la goutte : neanmoins surmontant les plus hautes difficultez
par son courage, 6c par le zele qu’il avoit au service de son Prince, il
se fit pasfer les Monts en littiere sans abandonner le Roy pendant ce
pénible voyage. Il se trouva tout malade qu’il estoit à la Bataille d’Ag-
nadel, pour animer les Chefs 6c les Soldats par sa presence ; 6c quoy
qu’il