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https://doi.org/10.11588/diglit.42501#0304
m ACADEMIE DES SCIENCES,
le rond de la Terre ne peut remplir , il monte jusqu’aux Cieux pour y
apprendre les secrets inscrutables de la sageste infinie de Dieu : il ta-
che de marquer icy bas ses Decrets dans les traits de nos mains , & de
nos visages : mais son travail est vain ; sa science est impuissante j
puis qu’elle est établie sur des fondemens aulîî incertains qu'ils sont ex-
travagans.
Cette vérité se reconnoit en la vie de Jean Taisnier , natis
d’Ath en Hainaut, homme d’un espric curieux ; qui ayantembrasTé avec
une application incroyable lestude du Droit, de la Pbilosophie, des Ma-
thématiques , Sc de la Mufîque , prit le degré de Doéleur en quelques-
unes de ces Facultez, &; les expliqua en public avec beaucoup d’applau-
distement. Comme il aimoit les choses nouvelles , il quitta sa Patrie
quoy que les Sciences fustènt lors autant sseuristantes au Pays-Bas qu’en
aucun autre endroit du Monde ; & voyagea par toute l’Europe , pour
enseigner ce qu’il sçavoit , & pour apprendre ce qu’il ne sçavoit pas :
mesme il resolut de paster dans les autres parties de l’Univers 3 mon-
trant combien son genie estoit porté à courir , par ces mots qu’il prit
oh le Destin pour Devise ; £>uo sat a trahrnt. Ayant pratiqué quelques amis auprès
m'appelle. <je l’Empereur Charles V. lors qu’il se preparoit au siege de Thunes, il
fut receu à la Cour de ce Prince en qualité de Chapelain , &: de Musi-
cien de l’Oratoire , &: le suivit en cette expédition 5 pendant laquelle
il eut le loisir de sonder la doctrine des Maures , &des Arabes. De l’Af-
frique il pasta dans PAsie ; remarqua soigneusement les singularitez de
ces vastes contrées, de mesme que le naturel des habitans; & rechercha
sur tout la compagnie de ceux quiavoient quelque Science â pour confé-
rer avec eux, &: reconnoistre leurs opinions.
Apres avoir communiqué ses beaux secrets de Mathématique aux
Orientaux , il fit voile vers l’Italie 5 vid les Isles de Malthe, <3c de Sici-
le î où comme un autre Archimede il inventa une sorte de navire , de
forme , & de grandeur extraordinaire. Estant arrivé à Rome il y en-
seigna les Mathématiques à plus de trois cens Etudians ; comme il fit
encore à Ferrare, &: en quelques autres Universitez : puis il prit la route
de l’Allemagne, ôc s’arresta quelque temps à Cologne pour gouverner la
Musique de Jean Gebhard Archevêque du lieu.
Ayant achevé sès courses vagabondes par son retour au Pays-bas , il
se mit à écrire un Livre desqualitez del’Ayman , qui depuislors estfort
en usage dans la navigation 3 un du mouvement perpétuel <3c local con-
tre Aristote , & les Peripateticiens ; un autre de la Spbere : un encore
du mouvement tres-rapide, jusqu’alors inconnu : mais au lieu de con-
tinuer à chercher de la gloire par ces louables travaux , il s’amusa puis
après à mettre en lumière ce qu’il avoit appris dans ses voyages tou-
chant la divination de la fortune des hommes par les îineamens des
mains ; s’imaginant qu’il en pouvoit tirer des notions certaines du tem-
pérament , des inclinations , du bonheur , ou du malheur des person-
nes ; autant ou plus que par l’aspeét des Astres , & les supputations la-
borieuses du jour , de l’heure , & du moment de la naissance , que les
Astrologues observent ordinairement : ce qui le porta à prendre enco-
re cette autre Devise ; In manihus fortes ejus. De sorte qu’il faisoir des
predi&ions trompeuses sur Ja seule inspe&ion des mains ; par Iesquelles
il attirait à soy les ignorans a les crédules , & les curieux : en quoy il
per-
le rond de la Terre ne peut remplir , il monte jusqu’aux Cieux pour y
apprendre les secrets inscrutables de la sageste infinie de Dieu : il ta-
che de marquer icy bas ses Decrets dans les traits de nos mains , & de
nos visages : mais son travail est vain ; sa science est impuissante j
puis qu’elle est établie sur des fondemens aulîî incertains qu'ils sont ex-
travagans.
Cette vérité se reconnoit en la vie de Jean Taisnier , natis
d’Ath en Hainaut, homme d’un espric curieux ; qui ayantembrasTé avec
une application incroyable lestude du Droit, de la Pbilosophie, des Ma-
thématiques , Sc de la Mufîque , prit le degré de Doéleur en quelques-
unes de ces Facultez, &; les expliqua en public avec beaucoup d’applau-
distement. Comme il aimoit les choses nouvelles , il quitta sa Patrie
quoy que les Sciences fustènt lors autant sseuristantes au Pays-Bas qu’en
aucun autre endroit du Monde ; & voyagea par toute l’Europe , pour
enseigner ce qu’il sçavoit , & pour apprendre ce qu’il ne sçavoit pas :
mesme il resolut de paster dans les autres parties de l’Univers 3 mon-
trant combien son genie estoit porté à courir , par ces mots qu’il prit
oh le Destin pour Devise ; £>uo sat a trahrnt. Ayant pratiqué quelques amis auprès
m'appelle. <je l’Empereur Charles V. lors qu’il se preparoit au siege de Thunes, il
fut receu à la Cour de ce Prince en qualité de Chapelain , &: de Musi-
cien de l’Oratoire , &: le suivit en cette expédition 5 pendant laquelle
il eut le loisir de sonder la doctrine des Maures , &des Arabes. De l’Af-
frique il pasta dans PAsie ; remarqua soigneusement les singularitez de
ces vastes contrées, de mesme que le naturel des habitans; & rechercha
sur tout la compagnie de ceux quiavoient quelque Science â pour confé-
rer avec eux, &: reconnoistre leurs opinions.
Apres avoir communiqué ses beaux secrets de Mathématique aux
Orientaux , il fit voile vers l’Italie 5 vid les Isles de Malthe, <3c de Sici-
le î où comme un autre Archimede il inventa une sorte de navire , de
forme , & de grandeur extraordinaire. Estant arrivé à Rome il y en-
seigna les Mathématiques à plus de trois cens Etudians ; comme il fit
encore à Ferrare, &: en quelques autres Universitez : puis il prit la route
de l’Allemagne, ôc s’arresta quelque temps à Cologne pour gouverner la
Musique de Jean Gebhard Archevêque du lieu.
Ayant achevé sès courses vagabondes par son retour au Pays-bas , il
se mit à écrire un Livre desqualitez del’Ayman , qui depuislors estfort
en usage dans la navigation 3 un du mouvement perpétuel <3c local con-
tre Aristote , & les Peripateticiens ; un autre de la Spbere : un encore
du mouvement tres-rapide, jusqu’alors inconnu : mais au lieu de con-
tinuer à chercher de la gloire par ces louables travaux , il s’amusa puis
après à mettre en lumière ce qu’il avoit appris dans ses voyages tou-
chant la divination de la fortune des hommes par les îineamens des
mains ; s’imaginant qu’il en pouvoit tirer des notions certaines du tem-
pérament , des inclinations , du bonheur , ou du malheur des person-
nes ; autant ou plus que par l’aspeét des Astres , & les supputations la-
borieuses du jour , de l’heure , & du moment de la naissance , que les
Astrologues observent ordinairement : ce qui le porta à prendre enco-
re cette autre Devise ; In manihus fortes ejus. De sorte qu’il faisoir des
predi&ions trompeuses sur Ja seule inspe&ion des mains ; par Iesquelles
il attirait à soy les ignorans a les crédules , & les curieux : en quoy il
per-