30e Année — -—-=^ Février 1891
Tout le luxe de l'homme d'armes est dans son
harnois. Chaque pillage vient lui en apporter de
plus beaux ou lui donne de l'or pour contribuer
BULLETIN DE FEVRIER 1891
LES ARMES ARTISTIQUES
AU XVe S IL CLE
C'est au xv° siècle que le luxe des armes
atteint son apogée. Le xvie siècle fournira
des armures d'un travail artistique plus parfait,
il n'en aura pas de plus riches. Tissus somp-
tueux, orfèvreries précieuses, perfection de
technique, tout se réunit pour former les plus
belles parures à l'homme d'armes. Et en môme
temps la guerre sans trêve ni pitié ; des années
de combats, de sacs et de rapines, viennent
j ... Walerain de Saint-Paul était prise trente mille
donner au soldat toutes les jouissances aux . 1 .
ecusd or. Celui du cheval du comte de boix en
« Les plattners de l'Allemagne, dit Edouard
de Beaumont, et les armuriers célèbres de
Lombardie, les préférés, qui, depuis des siècles
déjà, fournissait des harnois à la France, en pro-
Fig. 140.
Salade de tournoi (seconde moitié du xvi» siècle).
à les enrichir. Des pièces d'armures valent des
fortunes. Le seul chanfrein du cheval du comte
dépens des vaincus.
Fig. 147.
Arbalète à cric (xv» siècle).
valait quinze mille. L'épée de Dunois, à l'entrée
à Rouen (1449), était estimée vingt mille écus
d'or, car elle était rehaussée de pierreries cl sa
Fig. 157.
Épée du xv» siècle: travail allemand (Musée de Cluny).
duisaient alors de précieux et de magnifiques
pour Paris et la cour de Bourgogne. »
Les ducs de Bourgogne comptaient depuis des
années parmi les souverains les plus puissants
et les plus riches. Rivaux des princes italiens,
ils attirent à leur cour les artistes de tous pays;
peintres, émailleurs, orfèvres, affluent et pro-
Fig. I2B.
Harnois des gendarmes des compagnies d'ordonnance
du roi Charles VU (xv« siècle) (I).
Triste temps pour les faibles que ces années
?u l'An glais, le Bourguignon, l'Italien et tous
s '"nercenaires d'Europe saccagent le pays,
'"donnant les grandes villes, pillant et incen-
ant ]es petites, rendant la campagne inhabi-
'e- En dehors des enceinles, la vie n'est plus
P°ssible à qui ne porte pas du fer. Les gens de
s erre tiennent la plaine et les chefs des écor-
eui-s sont de la graine de connétables.
Fig. 167.
L'empereur Maximilien monté en joute (Musée d'Artillerie).
Fig, 15
duisent pour eux des merveilles. Parmi ces
maîtres, nous voyons des armuriers lombards,
Èpée d'armes du xv»'siècië"(Musée d'Artillerie). j les frères Mérate, dont les marques nous sont
connues, qui s'établissent à Arbois, vers 1495.
Mq rnu!cs ees gravures sont extraites de l'ouvrage de j bouterolle se terminait par un énorme rubis. Un peu avant, Louis XI avait établi des arma
de 34o "''cn MaintJron : 'es Armes. i vol. in-4» anglais Une des salades que portait le duc de Bourgogne riers italiens à Tours.
ca,-i„„ PaSes. ''lustré de 250 gravures. Broché : 3 fr. 50; >
tonne, /, r... j.n , ii..,,:.:.. i„,„„:„,„„;„„ ,„•„,„:„., .....
M
'gnon.
4 fr. 50. Librairies-Imprimeries réunies, 2,' rue [ en 1443, lors de son expédition dans le Luxem- Les plus célèbres batteurs d'armures, forgeurs
bourg, élail cotée à cent mille écus d'or. j. et monteurs d'épées, étaient alors les Milanais
BULLETINS DE L'ART POU H TOUS.
N° 62.
Tout le luxe de l'homme d'armes est dans son
harnois. Chaque pillage vient lui en apporter de
plus beaux ou lui donne de l'or pour contribuer
BULLETIN DE FEVRIER 1891
LES ARMES ARTISTIQUES
AU XVe S IL CLE
C'est au xv° siècle que le luxe des armes
atteint son apogée. Le xvie siècle fournira
des armures d'un travail artistique plus parfait,
il n'en aura pas de plus riches. Tissus somp-
tueux, orfèvreries précieuses, perfection de
technique, tout se réunit pour former les plus
belles parures à l'homme d'armes. Et en môme
temps la guerre sans trêve ni pitié ; des années
de combats, de sacs et de rapines, viennent
j ... Walerain de Saint-Paul était prise trente mille
donner au soldat toutes les jouissances aux . 1 .
ecusd or. Celui du cheval du comte de boix en
« Les plattners de l'Allemagne, dit Edouard
de Beaumont, et les armuriers célèbres de
Lombardie, les préférés, qui, depuis des siècles
déjà, fournissait des harnois à la France, en pro-
Fig. 140.
Salade de tournoi (seconde moitié du xvi» siècle).
à les enrichir. Des pièces d'armures valent des
fortunes. Le seul chanfrein du cheval du comte
dépens des vaincus.
Fig. 147.
Arbalète à cric (xv» siècle).
valait quinze mille. L'épée de Dunois, à l'entrée
à Rouen (1449), était estimée vingt mille écus
d'or, car elle était rehaussée de pierreries cl sa
Fig. 157.
Épée du xv» siècle: travail allemand (Musée de Cluny).
duisaient alors de précieux et de magnifiques
pour Paris et la cour de Bourgogne. »
Les ducs de Bourgogne comptaient depuis des
années parmi les souverains les plus puissants
et les plus riches. Rivaux des princes italiens,
ils attirent à leur cour les artistes de tous pays;
peintres, émailleurs, orfèvres, affluent et pro-
Fig. I2B.
Harnois des gendarmes des compagnies d'ordonnance
du roi Charles VU (xv« siècle) (I).
Triste temps pour les faibles que ces années
?u l'An glais, le Bourguignon, l'Italien et tous
s '"nercenaires d'Europe saccagent le pays,
'"donnant les grandes villes, pillant et incen-
ant ]es petites, rendant la campagne inhabi-
'e- En dehors des enceinles, la vie n'est plus
P°ssible à qui ne porte pas du fer. Les gens de
s erre tiennent la plaine et les chefs des écor-
eui-s sont de la graine de connétables.
Fig. 167.
L'empereur Maximilien monté en joute (Musée d'Artillerie).
Fig, 15
duisent pour eux des merveilles. Parmi ces
maîtres, nous voyons des armuriers lombards,
Èpée d'armes du xv»'siècië"(Musée d'Artillerie). j les frères Mérate, dont les marques nous sont
connues, qui s'établissent à Arbois, vers 1495.
Mq rnu!cs ees gravures sont extraites de l'ouvrage de j bouterolle se terminait par un énorme rubis. Un peu avant, Louis XI avait établi des arma
de 34o "''cn MaintJron : 'es Armes. i vol. in-4» anglais Une des salades que portait le duc de Bourgogne riers italiens à Tours.
ca,-i„„ PaSes. ''lustré de 250 gravures. Broché : 3 fr. 50; >
tonne, /, r... j.n , ii..,,:.:.. i„,„„:„,„„;„„ ,„•„,„:„., .....
M
'gnon.
4 fr. 50. Librairies-Imprimeries réunies, 2,' rue [ en 1443, lors de son expédition dans le Luxem- Les plus célèbres batteurs d'armures, forgeurs
bourg, élail cotée à cent mille écus d'or. j. et monteurs d'épées, étaient alors les Milanais
BULLETINS DE L'ART POU H TOUS.
N° 62.