Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Bulletin de l' art pour tous — 1891

DOI Heft:
No 65 (Mai 1891)
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.22588#0017
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
L"ART-POUR - TOUS

Encyclopédie te z -artindustriel et décora tîf

Y> arat5s a rit to'us les m/CHS

Emile Reiber J C. Sauvageot ( P. Gélis-Didot

Directeur - Fondateur \ Directeur Directeur

1861-64 1886-90! 1865-85 1891

Librairies-Imprimeries réunies

tAl-annuel: 24Jr. ^MiMI||||t|||||||||||l|l|||l|IUL- AncUna^aison Morel

_m -M^M-^M -m -4.ir -4»iwW'^ii^iEm (p\ PARIS MiPM^ ^h^h.'K

2, rue Mignon, 2 V^___>^*5

30e Année ^----—' Mai 1891

BULLETIN DE MAI 1891 I derrière lui, croisent leurs épées hautes au- 1 et plus de simplicilé dans la facture, M. Châlon

dessus des marches que va franchir le roi. — fera mieux ressortir encore les qualités décora-

M. J.-P. Laurens est un maître dans le genre tives qui se révèlent dans son tableau,

historique. Son talent précis et chercheur fait Le sentimentet la simplicité ; — une âme émue,

revivre les grandes scènes qu'il peint avec la un œil juste, une main naïve : n'est-ce pas là

puissance d'une évocation. Ici en particulier, tout l'artiste? Qu'avaient de plus les primitifs,

dans le rendu de ce sujet sévère, sa facture ces grands maîtres, et quelle douce surprise,

vigoureuse fait merveille. Quel effet produira quand nous trouvons ces qualités réunies dans

exactement son œuvre dans les salles de l'Hôtel une œuvre nouvelle ! Cette surprise, M. Henri

de Ville? C'est ce qu'on ne peut préjuger. Peut- Martin nous la fait éprouver. Chacun sa chimère,

être s'y dépouillera-t-elle de certaines sèche- écrit-il pour légende : et en quelques types très

C'est un fait accompli cette année : Paris pos- resses que le jour du Salon tend à exagérer. simples, il concrète l'idée de l'humanité, cara-

sède deux Salons. Elle demeurera, en tout cas, une des belles pro- vane errante, en marche vers le leurre jamais

On sait la querelle qui divisa l'an dernier le ) ductions de ce grand et consciencieux arliste. atteint de l'Idéal, tour à tour soutenue par la

monde des artistes. Une rupture éclatante s'en- Chatoyante de couleurs, exécutée légèrement, vision de ses rêves ou pliant sous le fardeau de
suivit et le clan des dissidents alla planter bruyam- d'un pinceau brillant et facile, la grande toile de

L'Art pour Tous au Salon

Les Champs-Elysées

ment ses tentes au Champ de Mars. M. Ferrier séduit le regard. C'est la Glorifica

Ce fut un gros événement. Les rivalités tion des Arts qu'il a prise pour thème ; ce sujet

d'ateliers, les querelles d'écoles, mille questions j était fait pour plaire à l'auteur du Printemps,

d'amour-propre l'ont rendu définitif. Tout espoir ! et il y a trouvé une de ses plus heureuses com-

de retour est perdu : le Vernissage du Champ de j positions.

Mars est désormais une institution parisienne. M. Raphaël Collin, dans la sienne, retrouve

L'art trouvera-t-il son compte à cette scis- la note délicate qui lui a valu tous ses succès,
sion? Nous en sommes convaincu. Qui dit con- Son plafond pour le foyer de l'Odéon, avec ses
currence dit progrès; et le public, tout au moins, figures estompées et d'une élégante silhouette,
apprécie déjà les bienfaits de celle-ci. — C'est, est un fin morceau de peinture décorative.

au Champ de Mars, un cercle fermé — comme il
le déclare lui-même en se proclamant, d'ailleurs,
national, — où les noms connus sont en grande

majorité, où quelques privilégiés, admis à l'hon- son effet. La décrire est déjà superflu. Le jour

neur de ce voisinage, peuvent tous se placer au
large sur les cimaises. Pareil idéal n'était guère
réalisable aux Champs-Elysées. Plus hospitalier,
plus largement ouvert à tous les efforts, le Palais

de l'Industrie reste le vrai Salon, celui où l'espoir j de marbre, c'est un grouillement de buveurs et
des médailles, — cette consécration nécessaire j de femmes écrasés d'ivresse; et soudain une
aux jeunes, — pousse en masse tous ceux qui
cherchent une place au jour. Il a compris, cepen-
dant, qu'il fallait bon gré mal gré suivre le mou-
vement; il a restreint ses admissions, élargi ses
salles, et nous sommes déjà loin de l'ancienne
halle aux peintures, dont la seule visite était un

ses passions. Idée simple, sobrement exprimée,
avec le parti pris d'oublier tout procédé, de
renoncer à toute convention, d'aller droit à l'âme,
et de l'émouvoir par une impression si vivement
ressentie, si fortement rendue, que l'artiste, en
nous la faisant partager, nous paraisse n'avoir fait
que la réveiller en nous. Celte évocation créa-
trice, but suprême de l'art, M. Henri Martin y
arrive dans son beau tableau. Faut-il lui repro-
cher les procédés sommaires de son exécution ?
Il y a peut-être, au contraire, un charme qui se
dégage de cet art encore incertain. Quoi qu'il en
soit, cette vision poétique et lumineuse ne
s'efface pas de l'esprit. Dans la visite du Salon,
bien des œuvres vous intéressent : celle-là vous
fait penser.

M. Gervais, dans sa légende des Saintes-
Mariés, a trouvé une note d'art d'une rare déli-
catesse. Sur un large horizon bleu, tout vibrant
de lumière, qu'un grand vol de flamants roses
emplit de ses taches papillotantes, ce sont trois
esclave, les bras au ciel, secoue ce troupeau j belles figures de femmes nues, puissamment

Si M. Rochegrosse n'était pas satisfait du bruit
qu'a soulevé son œuvre, c'est qu'il serait dif-
ficile. Rarement toile à sensation a mieux réussi

commence à poindre sur Rabylone et ses pre-
mières lueurs pénètrent jusqu'au vestibule du
palais royal, où tout dort du sommeil lourd de
l'orgie. Sur les dalles, sur les lits, sur les degrés

d'un grand cri de terreur. Les grilles du palais
s'ouvrent devant une foule hurlante d'ennemis,
et l'Ange de la mort étend ses ailes sur ce lu-
gubre réveil.

On a reproché à cette toile un décor exagéré,
écrasant labeur. j un manque d'émotion sincère. — Celte critique, j silhouettes élégantes et vraies, enveloppées

Nos lecteurs n'attendent pas de nous une si elle est fondée, s'adresse au sujet plutôt qu'à J dans un ton gris d'une exquise qualité, sa Bénédic-
revue détaillée du Salon. Reaucoup le connais- l'artiste. — Les grandes scènes de l'histoire
sent déjà; les journaux ont fait pour les autres passée attirent M. Rochegrosse : les désespoirs
le dénombrement des tableaux qui se bousculent d'Andromaque, l'horreur dramatique d'une Jac-
sur ses murs. Nous ne voulons, ni nous appesantir querie, l'ivresse de la populace traînant Vitel-
sur les maîtres qui ont épuisé les louanges de lius à l'égout, lui ont inspiré des pages saisis-
la critique, ni parler des deux ou trois cents santés. La Mort de Babylone dépasse-t-elle le
loiles qui se sont faufilées aux dépens sans doute cadre d'un tableau ? ou bien l'artiste, conscient

d'oeuvres plus méritantes. C'est aux jeunes que de sa trop grande ambition, a-t-il voulu, malgré j efforts et de la vitalité de noire jeune école
ftous nous arrêterons de préférence; à tout ce tout, nous étonner cette fois par un tour de Dans le nu, ce sont les Baigneuses de M. Axi-

lui, dans cette cohue un peu banale, nous sem- j force? Peut-être : mais convenons du moins que lette, la Tentation de M. Rourgonnier, la Sula-

son œuvre, avec ses beaux arrangements, ses j mite de M. A. Dupuy, le Crépusculeàe M. A. Royé,
reconstitutions curieuses, ses morceaux de nu, d'une harmonie vaporeuse pleine de charme ;
d'une vivante facture, dénote un producteur la Captivité de Juda, de M. Antin, très délicate
fièrement les lecteurs de Y Art pour Tous, est d'une rare puissance, duquel l'art est en droit dans sa note un peu sourde; enfin, pour finir
représenlé au Salon par plusieurs œuvres de d'attendre de grandes choses. par un maître, le Laminoir de M. Rordes, sur-

grande valeur. La Voûte d'acier, de M. J.-P. Lau- Que manque-t-il à M. Chalon pour que s:i prenant de puissance et de vie.

^Ns, occupe la place d'honneur du grand Salon. Mort de Sardanapale soit une œuvre? Peu de Rien des noms jeunes et déjà aimés du public,

^e roi Louis XVI, suivi des officiers de sa mai- chose : un peu plus d'impression, un peu moins dans la peinture de genre : M. Gelhay, M. Lau-
°n, descend de voiture aux portes de l'Hôtel d'accessoires. Dans cette toile trop chargée, les rent-Desrousseaux, M. Kowalski, MM. G. et H.
j e Ville. Railly lui présente la cocarde aux cou- morceaux juxtaposés, tous en valeur, se dis- Cain, qui font revivre avec esprit les scènes du
eurs de Paris, tandis que les échevins, rangés j putenl le regard : avec un sentiment plus écrit j bon vieux temps et dont les récompenses offi-

■ 7 — —---- ~ ——---------I-----------j-----------

'3lera révéler un effort, trahir un tempérament,
foire éclore une espérance.
Le genre décoratif, qui intéresse plus particu-

construites, modelées d'une brosse solide et
souple. C'est simple, lumineux, distingué : un
pareil tableau révèle un artiste.

Nous en dirons autant de la toile de M. Le
Sidaner, qui fait face à la précédente. Avec ses

tion de la mer est un des morceaux les plus
pleins de promesses que renferme le Salon.

M. Cadel, dans sa Vision, M. Dessart, dans
le Départ des pêcheurs, M. Ritte, dans sa Dalila
bien composée, d'une brillante facture, M. Res-
ques, dans son Arrivée à Bethléem, beaucoup
d'autres, à des degrés différents, témoignent des

•BULLETINS DE L'ART POUR TOUS. — N° 65.
 
Annotationen