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BULLETTN DE L'ART POUR TOUS

N° 68

pris lors du pillage du Palais d'Été, en 1860. Il
est forme de trois tuniques superposées, la se-
conde étant armée de plaies d'acier formant
brigantine; des épaulières d'acier richement
ornées de dragons en filigrane d'or complètent
la défense du torse; le casque est un bonnet
conique avec couvre-nuque et oreillères de soie;
les jambières sont en structure de briganline.
Tout ce harnois est jaune, magnifiquement orné
d'or et de pierreries.

Les boucliers chinois sont d'osier ou de jonc
tressé, rarement recouverts de peau; ils sont
toujours peints à figuralion d'animaux fantas-
tiques.

On retrouve dans les armes d'hast du Céleste-
Empire toutes les formes en usage chez nous
du xive au xvne siècle : fauchard, fourche de
guerre, hallebarde, pertuisane, vouge, couteau
de brèche, corsesque, esponlon, d'autres en-
core, mais avec des dispositions singulières
que ce peuple original apporte en tous ses Ira-
vaux.

Les armes à feu ne sont pas moins remar-
quables comme formes. Mais, jusqu'en ces der-
nières années, l'arme en usage était l'arquebuse
à mèche, avec serpenlin, peu différente de notre
trait à poudre du xve siècle. Les fusils à tir ra-
pide sont maintenant aux mains de tous les sol-
dats. Ainsi le progrès, ou ce que l'on considère
comme tel, fait sa voie, mettant aux mains des
derniers barbares forlement organisés tous les
engins avec lesquels ils pourront un jour nous
écraser sous leurs hordes innombrables, après
nous avoir ruinés par leur développement éco-
nomique.

Fig. 4.

Garde en for rehaussé d'or, par Kinaï
(L'Art japonais, de M. Gonsc).

C'est une chose singulière de voir combien
les armes japonaises ont peu varié à travers le
temps. Entre les plus anciennes que l'on con-
naisse, — elles ne paraissent pas remonter au
delà de notre xe siècle, — et celles que l'on por-
tait en dernier lieu, vers 1868, il n'y a aucune
différence; on n'y remarque aucune tendance au
progrès. Les armures rudimentaires de plates de
notre xiii° siècle lui sont déjà supérieures, car
contre les coups de pointe sérieusement appli-
qués l'armure japonaise ne vaut rien. Ces pano-
plies, dont tout l'intérêt réside dans le luxe du
décor, l'habileté du travail, sont lourdes et
pèchent surtout par leurs jointures, qui sont
restées constamment incomplètes.

De la cuirasse, qui se compose d'une dossière et
d'un plastron, soit baltus chacun dans une seule
pièce de fer, soit formés de nombreuses bandes
parallèles dans le sens horizontal, pend une
sorte de jupe composée de lambrequins qui sont
des plaques de métal ou de carlon laqué unies par
des rubans et des cordonnets de soie. Les épau-
lières, plus ou moins carrées, dont les avances
supérieures relevées forment parfois passe-
gardes, sont d'une mauvaise forme et protègent
mal les épaules, tout en laissant à découvert les
aisselles. Les manches de mailles, qui sont fa-
briquées à la mode des anciennes broignes,
n'ont en général rien de la solidité de ces tissus
de métal que fabriquent si bien les Asiatiques.
Les cuissots sont faits de lames de fer ajustées

sur étoffe, comme les mailles des manches ; sou- ,
vent les grèves incomplètes sonl de même na- I
j ture, et cela rappelle certains de nos harnois
i; mixles du xive siècle. II esl douteux que les Ja- j
i ponais aient employé le cuir à leurs accoutre-
ments militaires; ils préféraient de forts tissus i
j de soie qui, en somme, lorsqu'ils sont bien pi- i
qués, résistent bien aux coups de taille. Les j
belles armures que les maîtres de l'atelier des
Miotshin et d'autres encore fabriquèrent au

Fig. 5.

Garde en fer incrusté d'argent, par Nobouivé
(L'Art japonais, de M. Gonse.)

xvie siècle, au temps de Taïko-Sama, emprunten t
à la panoplie d'Europe la forme des casques,
les grèves et les brassards complets, les pan-
sières bien arrondies de formes. Les bourgui-
gnotes, armets, cabassets, même les salades du
xve siècle, toutes les défenses de tête usitées en
Europe, sont imitées alors au Japon, et, comme
l'Europe continuait un aelif commerce avec
l'extrême Orient, toutes les armes défensives
du Portugal et de l'Lspagne passent au Japon.
Mais les Japonais ne peuvent les adopter telles
quelles; il faut qu'ils les remanient à leur idée.
Nos collections publiques et privées sont pleines
de ces casques ainsi modifiés. Ici c'est une bour-
guignole Henri H d'un travail italien, encore
chargée de ses entrelacs gravés et dorés sur
| l'acier du timbre. Mais le Japonais qui la porla
en fit couper les jouées, abattre le couvre-nuque,
et remplaça ces défenses par ce grand couvre-
| nuque à étages mobiles qui fut de mise chez
nous dans les capelines de fer des règnes de
Louis XIII cl de Louis XIV. Ailleurs, un armet
| a été traité de même sorte. Les imitations de
j cabasset et de salade sont des plus fréquentes.
Mais la belle panoplie européenne du xvie siècle
ne fut jamais imitée.

Ces imperfections ne doivent point être re-
cherchées dans le manque de procédés tech-
niques. Les armuriers japonais comptent parmi
les plus habiles travailleurs de métaux du monde
j entier; leurs ciselures, leurs œuvres de forges,
leurs trempes, leurs martelages, leurs alliages
; sont faits pour nous étonner. Mais il est probable
que les grands partis aristocratiques tinrent tou-
| jours en suspicion ces produits d'un art étran-
ger, les armesdeces Luropéens qu'ils éloignaient
j systématiquement de leur pays et dont ils redou-
taient l'intrusion. Sans doute ils connurent le j
j sort de l'Amérique tombée aux mains des Espa- !
gnols, et il faut remercier ces féodaux du service
qu'ils rendirent alors aux arts. Car, si le Japon se
I fût alors ouvert à l'Europe, comme il l'a fait en
ces dernières années, l'art japonais eût été perdu
trois siècles plus tôt. L'épouvanlable décadence
artistique qui a suivi la révolution de 1868 est
pour nous montrer la sagesse de ces grands
seigneurs japonais jaloux de leur industrie, sou-
verainement amis des belles choses, et qui con-
naissaient mieux que personne le peuple imita- i
j leur et léger à l'excès qu'ils avaient charge de j
gouverner.

(.4 suivre.) Maurice Maindrox.

) i

Concours

Décoration de la grande salle à manger
de l'Hôtel de Ville de Paris.

Un concours est ouvert entre tous les artistes
peintres français pour la décoration artistique de
la grande salleà manger de l'Hôtel de Ville, com-
prenant un grand plafond circulaire, deux pla-
fonds latéraux de l'orme rectangulaire et huit
dessus déportes. Prix alloué : 49,000francs.

Les arlistes auront toute liberté pour le choix
el la composition des sujets; ils arrêteront les
motifs à leur gré; mais l'ensemble de leurs tra-
vaux devra se rattacher à une idée générale qui
en reliera les diverses parties.

Le dernier délai pour le dépôt des esquisses
est le 15 décembre. L'exposition publique aura
lieu du 20 décembre au 5 janvier. Le jugement
sera rendu le 30 décembre au plus lard. Il mettra
de côté trois esquisses, dont les auteurs seront
chargés d'en peindre à grandeur d'exécution un
fragment.

L'artiste classé le premier sera chargé de l'exé-
cution définitive ; le second recevra une prime
de 3,500 francs; le troisième une prime de
2,500 francs.

Les peintres désireux de prendre part au con-
cours trouveront à l'Hôtel de Ville (bureau des
beaux-arts, escalier D, 2e étage), de midi à
cinq heures de l'après-midi, le programme dudit
concours ainsi que le plan des surfaces à dé-
corer.

•Uiëèf trf- é^-ff = f § f § $

Grand Prix de Rome

peinture

Grand prix de Home: M. Lavalley (Alexandre-
Claude-Louis), élève de MM. Cabanel, Maillot
et Bouguereau (premier second grand prix en
1886).

Premier second grand prix : M. Dechenau
(Adolphe), élève de MM. Jules Lefebvre, Bou-
langer, Benjamin Constant.

Deuxième second grand prix : M. Elcheverry
(Hubert-Denis), élève de M. Bonnat.

sculpture

Grand prix de Rome : M. Sicard, élève de
M. Cavelier, 2" second grand prix en 1890.

Premier second grand prix : M. Lefebvre,
élève de M. Cavelier.

Deuxième second grand prix : M. Desruelles,
élève de MM. l'aiguière et Lanson.

architecture

Grand prix de Rome : M. Eustache, élève de
M. Ginain.

Premier second grand prix: M.Paul Normand,
élève de MM. Normand, André el Laloux.

Second grand prix : M. Chaussemiche, élève
de MM. André et Laloux.

École nationale des Arts décoratifs

La distribution des prix attribués aux élèves
de l'Ecole a eu lieu, dimanche 26 juillet, à l'am-
phithéâtre de la nouvelle Sorbonne, sous la pré-
sidence de M. Bardoux, vice-président du Sénat,
ancien ministre, asssisté du personnel de la
direction des beaux-arts et des professeurs de
l'École. Ont obtenu :

Section des jeunes gens.

Dessin. — Grand prix de dessin en loges :
Bourgeois. — Prix Ealizc : dessin. de plante
 
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