BULLETIN DE L'ART POUR TOUS
N° 70
Voyez leurs masques, et ces charmantes pende-
loques qu'ils appellent netzuké. Si nous les sur-
passons d'habitude dans la peinture d'histoire
ou de genre (encore ne faudrait-il point trop
haut le crier, car ils composent et arrangent
aussi bien que nous), cela tient à ce que, ainsi
que je l'ai dit, nous dessinons l'homme mieux
qu'eux et qu'ils se passent du modelé sans lequel
une figure nous semble incomplète; mais ils
peignent bien mieux que nous les oiseaux, les
poissons, les reptiles, les insectes et les plantes.
Ils voient et rendent la vie intense de l'animal,
du brin d'herbe ou de la fleur comme nous ne
l'avonsjamais su faire.
Je voudrais, mon ami, que l'on donnât pour
modèles dans les cours de dessin à l'usage des
enfants et des adultes, des gravures japonaises
d'oiseaux et de fleurs à côté des photographies,
faites d'après les têtes du Vinci ou les acadé-
mies de Michel-Ange. On ferait preuve d'éclec-
tisme sageen agissant ainsi ; ce serait, mettre les
chefs-d'œuvre en confraternité dans les esprits
des chercheurs du Beau. Et puis, comme je l'ai
dit, les Japonais rendent le mouvement beau-
coup mieux que nous, et cela tient à ce qu'ils
('étudient davantage chez tous les êtres animés.
■Il nous est assez facile de rendre les mouve-
ments de l'homme, parce que nous les sentons
bien, les ayant accomplis nous-mêmes à l'aide
de nos propres muscles. Mais il faut une faculté
visuelle exercée depuis le jeune âge et une
patience à toute épreuve pour saisir les secrets
de la vie, les expressions des animaux et des
plantes. Or il faut que l'oiseau, que l'insecte, que
la plante soient rendus avec la vie, c'est-à-dire
le mouvement vrai, de même que l'homme.
Vétilles ! diront les gens qui, voulant se donner
l'air de ne comprendre la nature que de haut et
d'ensemble, affectent de mépriser le détail.
Charme exquis ! répondront ceux qui aiment
vraiment et toujours la nature, et qui jouissent
de voir une fleurette qui se fraye un chemin
entre deux fleurettes épanouies avant elle, pour
obtenir sa part de la grande aumône du soleil,
aussi bien qu'ils sentent leur âme se dilater
devant un magique panorama de montagnes.
L'extase devant la mer immense empêche-t-elle
d'admirer la vague qui déferle! Non, sans cloute.
D'ailleurs, n'en déplaise à M. Loti, les Japonais
ont été aussi forts, dans le grand que dans le
petit, dans l'ensemble que dans le détail. Chez
leurs grands artistes on peut voir comment la
conception du tout se développait et se fortifiait
par la connaissance approfondie de la partie. En
même temps qu'ils ont cet esprit du détail qui
est la vie, ils possèdent le haut sentiment déco-
ratif qui relie les détails pour former un
ensemble grandiose. Car toujours, chez eux, la
décoration est en harmonie avec la forme.
Voyez leurs armes, leurs vases, leurs boîtes de
laque, leurs étuis, leurs pipes, leurs peignes,
leurs épingles à cheveux, vous retrouverez dans
tous ces objets la preuve de cette grande loi.
Cette harmonie est parfois imprévue, étrange,
mais elle ne manque jamais.
De tout ceci je conclus, mon ami, que nous
avons beaucoup à apprendredesJaponais etque
nous devons les étudier de même queles Italiens,
les Espagnols, les Hollandais et les Flamands,
afin de tirer d'eux tout ce qu'ils nous peuvent
enseigner, sans nous laisser aller à perdre notre
personnalité dans nos productions à la suite de
cet enseignement. Leur céramique, leurs fontes,
leurs ciselures, leurs étoffes, de même que leur
peinture et leur sculpture, fourniront aux artistes
el aux industriels qui aiment sans parti pris ce
qui est beau et bien fait, des élément snouveaux
d'étude qui leur permettront de faire plus beau
et mieux encore.
O. Guentcau de Mussy.
Concours
Prix Troyon
L'Académie des beaux-arts a rendu son juge-
ment dans le concours Troyon :
Elle a décerné le prix d'une valeur de
1,100 francs à M. Amédée Gibert, auteur de la
toile portant le numéro 16.
Deux mentions honorables ont été en outre
accordées : la première à M. Didier Pouzet, la
seconde à M. G. Jules Moteley, pour leurs
tableaux inscrits sous les numéros 5 et 28.
-q-
Érection à Paris d'une statue
de Beaumarchais.
Vendredi, 16 octobre, a eu lieu l'élection des
! jurés laissés au choix des concurrents.
Ont été élus : MM. Dubois, Falguière et
Mercié.
Ont été désignés comme jurés supplémen-
taires : MM. Barrias, Mathurin Moreau et Aubé.
L'exposition des esquisses aura lieu au palais
des Beaux-Arts, au Champ-cle-Mars, salle cen-
trale, contiguë à la galerie Rapp (entrée par la
porte Rapp, avenue de la Bourdonnais). Elle
sera ouverte, de midi à quatre heures, du 21 oc-
tobre au 5 novembre 1891 inclusivement.
Beaux-Arts
Direction des Beaux-Arts. — Par décret,
en date du 20 octobre, sur le rapport du minis-
tre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts,
M. Henry Roujon, chef de bureau au cabinet du
ministre, est nommé directeur des Beaux-Arts,
en remplacement de M. Lnrroumet, dont la délé-
gation prend fin sur sa demande.
Par décret du même jour, M. Larroumet est
nommé directeur honoraire des Beaux-Arts.
M. Camille Oudinot, attaché au ministère des
Beaux-Arts, est nommé secrétaire de la nouvelle
direction.
-O-
Le musée du Louvre. — Le département
des antiquités grecques et romaines, au musée du
Louvre, s'est enrichi récemment des objets sui-
vants :
Un double chapiteau ionique, d'un caractère
architectural curieux, avec l'extrémité supérieure
des deux colonnes accouplées, trouvé à Clazo-
mène : don de M. le général Vosseur;
Un personnage grotesque couché, le front
couronné de lauriers, bronze : don de M. Janiello;
Les moulages de sept monnaies de Démétrius
Poliorcète, représentant, au droit, Neptune armé
du trident, et, au revers, avec diverses variantes,
la Victoire de Samothrace : don de MM. Bapst et
Falize;
Deux grandes fibules, un petit torque et quatre
fragments de torques, trouvés à Suessula, en
I Campanie : don de M. Champoiseau ;
Une carafe à panse sphôrique et deux coupes,
! accompagnées de leurs carafes, le tout en verre
incolore, trouvées à Saïda : don de Mme Patri-
monio.
-O-
Au Palais-Bourbon. — On vient d'achever
; la mise en place définitive du bas-relief de
! Dalou, Mirabeau aux États généraux, fondu à
! cire perdue.
Cette œuvre a été placée dans la salle Casimir-
Perier, qui se trouve située derrière le bureau
' du président et a une entrée du coté de la cour
d'honneur.
Musée du Luxembourg. - Le Luxem-
bourg recevra, prochainement, dans sa col-
lection de sculpture, un marbre de M. Hector
Lemaire, le Matin, acheté depuis plusieurs
années.
Le comité des musées nationaux a accepté
pour le même musée un dessin d'architecture de
M. Paulin, ancien prix de Rome, la Piscine des
bains de Dioclétien, très remarqué au Salon de
cette année.
—G—
Jardin du Luxembourg. — L'administra-
tion des musées nationaux, de concert avec l'ar-
chitecte du palais du Sénat, fait placer en ce
moment un certain nombre de groupes décora-
tifs, provenantdes derniers Salons, dans le jardin
du Luxembourg. On vient de poser la Horde de
cerfs, groupe en bronze de M. Leduc, et les
Joies de la Famille, groupe en marbre de
M. Daillion. Prochainement on placera Au but,
groupe en bronze de M. Boucher, Œdipe et
Antigone, groupe en marbre de M. Hugues, et
Après le combat, groupe en marbre de M. Levas-
seur.
-O-
Musée de Versailles. — Le comité des
musées nationaux a accepté, pour le musée de
Versailles, le Portrait du général Dahlmann,
peint par un élève de David, Grégorius, et offert
par Mme veuve Masson.
-O-
Exposition des œuvres de Ribot. — Le
Conseil municipal de Paris, désirant posséder
une œuvre du regretté maître, vient d'acquérir,
de la succession de l'artiste, une très remar-
quable étude. Ce tableau, de petite dimension,
représente la boutique d'un antiquaire : un ama-
teur examine un casque que lui montre le mar-
chand d'antiquités. C'est une des dernières
œuvres qu'ait signées le maître; elle sera payée
6,000 francs. Un de ses tableaux les plus remar-
qués, Ribot peint par lui-même, ira au Louvre, sa
veuve étant décidée à l'offrir à l'État. Th. Ribot
est représenté en buste, son appui-main sous
le bras.
Ajoutons que, pour obéir aux dernières volon-
tés du maître, il n'y aura aucune vente des quel-
ques études laissées par lui. Une exposition
générale de son œuvre sera faite à l'Ecole des
beaux-arts; elle ne sera suivie d'aucune adju-
dication publique.
-0-
Union centrale des Arts décoratifs. —
M. Antonin Proust vient de faire distribuer aux
députés le texte de son rapport sur l'expro-
priation du terrain du palais du quai d'Orsay. Il
faut espérer que cette question, qui est pendante
depuis le 7 février 1885, et qui a donné lieu à de
nombreux projets de convention entre l'État el
l'Union centrale des Arts décoratifs, va enfin
recevoir une solution. On connaît les bases de
la convention du 15 janvier 1890, qui sont main-
tenues dans la convention nouvelle.
L'État concède pour quinze années le terrain
du quai d'Orsay à l'Union centrale des Arts déco-
ratifs, à la charge par celle-ci d'y élever, confor-
mément aux plans de M. Moyaux, approuvés
dans leur dernière forme par le conseil général
des bâtiments civils dès le mois de février 1890,
des constructions qui abriteront le Musée des
Arts décoratifs et à la condition que l'Union
centrale abandonnera, après quinze ans, en toute
propriété, à l'État, les constructions et toutes les
richesses qu'elles renfermeront. Aux termes des
devis de M. Moyaux, l'Union centrale dépensera
pour la construction du musée une somme de
! 3,171,000 francs. La construction doit être élevée
dans un délai de deux ans.
N° 70
Voyez leurs masques, et ces charmantes pende-
loques qu'ils appellent netzuké. Si nous les sur-
passons d'habitude dans la peinture d'histoire
ou de genre (encore ne faudrait-il point trop
haut le crier, car ils composent et arrangent
aussi bien que nous), cela tient à ce que, ainsi
que je l'ai dit, nous dessinons l'homme mieux
qu'eux et qu'ils se passent du modelé sans lequel
une figure nous semble incomplète; mais ils
peignent bien mieux que nous les oiseaux, les
poissons, les reptiles, les insectes et les plantes.
Ils voient et rendent la vie intense de l'animal,
du brin d'herbe ou de la fleur comme nous ne
l'avonsjamais su faire.
Je voudrais, mon ami, que l'on donnât pour
modèles dans les cours de dessin à l'usage des
enfants et des adultes, des gravures japonaises
d'oiseaux et de fleurs à côté des photographies,
faites d'après les têtes du Vinci ou les acadé-
mies de Michel-Ange. On ferait preuve d'éclec-
tisme sageen agissant ainsi ; ce serait, mettre les
chefs-d'œuvre en confraternité dans les esprits
des chercheurs du Beau. Et puis, comme je l'ai
dit, les Japonais rendent le mouvement beau-
coup mieux que nous, et cela tient à ce qu'ils
('étudient davantage chez tous les êtres animés.
■Il nous est assez facile de rendre les mouve-
ments de l'homme, parce que nous les sentons
bien, les ayant accomplis nous-mêmes à l'aide
de nos propres muscles. Mais il faut une faculté
visuelle exercée depuis le jeune âge et une
patience à toute épreuve pour saisir les secrets
de la vie, les expressions des animaux et des
plantes. Or il faut que l'oiseau, que l'insecte, que
la plante soient rendus avec la vie, c'est-à-dire
le mouvement vrai, de même que l'homme.
Vétilles ! diront les gens qui, voulant se donner
l'air de ne comprendre la nature que de haut et
d'ensemble, affectent de mépriser le détail.
Charme exquis ! répondront ceux qui aiment
vraiment et toujours la nature, et qui jouissent
de voir une fleurette qui se fraye un chemin
entre deux fleurettes épanouies avant elle, pour
obtenir sa part de la grande aumône du soleil,
aussi bien qu'ils sentent leur âme se dilater
devant un magique panorama de montagnes.
L'extase devant la mer immense empêche-t-elle
d'admirer la vague qui déferle! Non, sans cloute.
D'ailleurs, n'en déplaise à M. Loti, les Japonais
ont été aussi forts, dans le grand que dans le
petit, dans l'ensemble que dans le détail. Chez
leurs grands artistes on peut voir comment la
conception du tout se développait et se fortifiait
par la connaissance approfondie de la partie. En
même temps qu'ils ont cet esprit du détail qui
est la vie, ils possèdent le haut sentiment déco-
ratif qui relie les détails pour former un
ensemble grandiose. Car toujours, chez eux, la
décoration est en harmonie avec la forme.
Voyez leurs armes, leurs vases, leurs boîtes de
laque, leurs étuis, leurs pipes, leurs peignes,
leurs épingles à cheveux, vous retrouverez dans
tous ces objets la preuve de cette grande loi.
Cette harmonie est parfois imprévue, étrange,
mais elle ne manque jamais.
De tout ceci je conclus, mon ami, que nous
avons beaucoup à apprendredesJaponais etque
nous devons les étudier de même queles Italiens,
les Espagnols, les Hollandais et les Flamands,
afin de tirer d'eux tout ce qu'ils nous peuvent
enseigner, sans nous laisser aller à perdre notre
personnalité dans nos productions à la suite de
cet enseignement. Leur céramique, leurs fontes,
leurs ciselures, leurs étoffes, de même que leur
peinture et leur sculpture, fourniront aux artistes
el aux industriels qui aiment sans parti pris ce
qui est beau et bien fait, des élément snouveaux
d'étude qui leur permettront de faire plus beau
et mieux encore.
O. Guentcau de Mussy.
Concours
Prix Troyon
L'Académie des beaux-arts a rendu son juge-
ment dans le concours Troyon :
Elle a décerné le prix d'une valeur de
1,100 francs à M. Amédée Gibert, auteur de la
toile portant le numéro 16.
Deux mentions honorables ont été en outre
accordées : la première à M. Didier Pouzet, la
seconde à M. G. Jules Moteley, pour leurs
tableaux inscrits sous les numéros 5 et 28.
-q-
Érection à Paris d'une statue
de Beaumarchais.
Vendredi, 16 octobre, a eu lieu l'élection des
! jurés laissés au choix des concurrents.
Ont été élus : MM. Dubois, Falguière et
Mercié.
Ont été désignés comme jurés supplémen-
taires : MM. Barrias, Mathurin Moreau et Aubé.
L'exposition des esquisses aura lieu au palais
des Beaux-Arts, au Champ-cle-Mars, salle cen-
trale, contiguë à la galerie Rapp (entrée par la
porte Rapp, avenue de la Bourdonnais). Elle
sera ouverte, de midi à quatre heures, du 21 oc-
tobre au 5 novembre 1891 inclusivement.
Beaux-Arts
Direction des Beaux-Arts. — Par décret,
en date du 20 octobre, sur le rapport du minis-
tre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts,
M. Henry Roujon, chef de bureau au cabinet du
ministre, est nommé directeur des Beaux-Arts,
en remplacement de M. Lnrroumet, dont la délé-
gation prend fin sur sa demande.
Par décret du même jour, M. Larroumet est
nommé directeur honoraire des Beaux-Arts.
M. Camille Oudinot, attaché au ministère des
Beaux-Arts, est nommé secrétaire de la nouvelle
direction.
-O-
Le musée du Louvre. — Le département
des antiquités grecques et romaines, au musée du
Louvre, s'est enrichi récemment des objets sui-
vants :
Un double chapiteau ionique, d'un caractère
architectural curieux, avec l'extrémité supérieure
des deux colonnes accouplées, trouvé à Clazo-
mène : don de M. le général Vosseur;
Un personnage grotesque couché, le front
couronné de lauriers, bronze : don de M. Janiello;
Les moulages de sept monnaies de Démétrius
Poliorcète, représentant, au droit, Neptune armé
du trident, et, au revers, avec diverses variantes,
la Victoire de Samothrace : don de MM. Bapst et
Falize;
Deux grandes fibules, un petit torque et quatre
fragments de torques, trouvés à Suessula, en
I Campanie : don de M. Champoiseau ;
Une carafe à panse sphôrique et deux coupes,
! accompagnées de leurs carafes, le tout en verre
incolore, trouvées à Saïda : don de Mme Patri-
monio.
-O-
Au Palais-Bourbon. — On vient d'achever
; la mise en place définitive du bas-relief de
! Dalou, Mirabeau aux États généraux, fondu à
! cire perdue.
Cette œuvre a été placée dans la salle Casimir-
Perier, qui se trouve située derrière le bureau
' du président et a une entrée du coté de la cour
d'honneur.
Musée du Luxembourg. - Le Luxem-
bourg recevra, prochainement, dans sa col-
lection de sculpture, un marbre de M. Hector
Lemaire, le Matin, acheté depuis plusieurs
années.
Le comité des musées nationaux a accepté
pour le même musée un dessin d'architecture de
M. Paulin, ancien prix de Rome, la Piscine des
bains de Dioclétien, très remarqué au Salon de
cette année.
—G—
Jardin du Luxembourg. — L'administra-
tion des musées nationaux, de concert avec l'ar-
chitecte du palais du Sénat, fait placer en ce
moment un certain nombre de groupes décora-
tifs, provenantdes derniers Salons, dans le jardin
du Luxembourg. On vient de poser la Horde de
cerfs, groupe en bronze de M. Leduc, et les
Joies de la Famille, groupe en marbre de
M. Daillion. Prochainement on placera Au but,
groupe en bronze de M. Boucher, Œdipe et
Antigone, groupe en marbre de M. Hugues, et
Après le combat, groupe en marbre de M. Levas-
seur.
-O-
Musée de Versailles. — Le comité des
musées nationaux a accepté, pour le musée de
Versailles, le Portrait du général Dahlmann,
peint par un élève de David, Grégorius, et offert
par Mme veuve Masson.
-O-
Exposition des œuvres de Ribot. — Le
Conseil municipal de Paris, désirant posséder
une œuvre du regretté maître, vient d'acquérir,
de la succession de l'artiste, une très remar-
quable étude. Ce tableau, de petite dimension,
représente la boutique d'un antiquaire : un ama-
teur examine un casque que lui montre le mar-
chand d'antiquités. C'est une des dernières
œuvres qu'ait signées le maître; elle sera payée
6,000 francs. Un de ses tableaux les plus remar-
qués, Ribot peint par lui-même, ira au Louvre, sa
veuve étant décidée à l'offrir à l'État. Th. Ribot
est représenté en buste, son appui-main sous
le bras.
Ajoutons que, pour obéir aux dernières volon-
tés du maître, il n'y aura aucune vente des quel-
ques études laissées par lui. Une exposition
générale de son œuvre sera faite à l'Ecole des
beaux-arts; elle ne sera suivie d'aucune adju-
dication publique.
-0-
Union centrale des Arts décoratifs. —
M. Antonin Proust vient de faire distribuer aux
députés le texte de son rapport sur l'expro-
priation du terrain du palais du quai d'Orsay. Il
faut espérer que cette question, qui est pendante
depuis le 7 février 1885, et qui a donné lieu à de
nombreux projets de convention entre l'État el
l'Union centrale des Arts décoratifs, va enfin
recevoir une solution. On connaît les bases de
la convention du 15 janvier 1890, qui sont main-
tenues dans la convention nouvelle.
L'État concède pour quinze années le terrain
du quai d'Orsay à l'Union centrale des Arts déco-
ratifs, à la charge par celle-ci d'y élever, confor-
mément aux plans de M. Moyaux, approuvés
dans leur dernière forme par le conseil général
des bâtiments civils dès le mois de février 1890,
des constructions qui abriteront le Musée des
Arts décoratifs et à la condition que l'Union
centrale abandonnera, après quinze ans, en toute
propriété, à l'État, les constructions et toutes les
richesses qu'elles renfermeront. Aux termes des
devis de M. Moyaux, l'Union centrale dépensera
pour la construction du musée une somme de
! 3,171,000 francs. La construction doit être élevée
dans un délai de deux ans.