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Bulletin de l' art pour tous — 1892

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No 75 (Mars 1892)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24421#0009
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31e Année --Mars 1892

B U LLETI N DE MARS 1892

Esquisse de l'Histoire de l'Épée

AU XVIe SIÈCLE

Un conseiller du duc de Munstelberg-Œls,
Paulus Hentzner, qui voyageait en France à la
fin du xvic siècle, a relaté dans ses mémoires
l'étonnemenl qu'il éprouva en voyant les dimen-
sions des rapières des étudiants de Toulouse,
« si longues qu'elles dépassent la longueur d'un
homme ». Il est à croire cependant qu'en Alle-
magne on ne devait pas porter l'épée plus
courte ; car la rapière, la longue épée espa-
gnole, commençait à être de mode en tous
pays.

Elle apparaît en Angleterre de 1570 à 1580,
non sans rencontrer de résistance de la part des
vieux Anglais, qui prétendaient rester fidèles au
jeu de l'épée et du bouclier. Mais, si ces partisans
des anciens us tenaient en médiocre estime la
lame longue et délice de la rapière, et en pro-
fond mépris les étrangers qui liraient gloire et
profit de son enseignement, la jeune génération
tint à honneur de cultiver l'escrime de la nouvelle
arme et le degré d'élégance fui proportionné aux
dimensions de l'épée. Cette habitude de porter
les épées de longueur démesurée engendra,
paraît-il, de grands abus, car « Sa Majesté signa
une proclamation contre... et fil placer des ci-
toyens graves et choisis à chaque porte de la
ville, avec mission d'observer les passants..., de
briser la pointe des rapières qui dépassaient une
aune en longueur (1). »

Mais celle prohibition tendait avant tout à ban-
nir du royaume une arme autrement meurtrière
que celle épée ancienne dont on maniait surtout
le tranchant. L'auteur des Annales d'Elisabeth,
Darcie, et le grave Camden, nous apprennent
<|ue ce serait à « un dangereux scélérat », nommé
Pouland Yorke, qu'il faudrait attribuer l'usage
des coups de pointe dans les duels. Et les deux
historiens ne trouvent point d'expressions assez
sévères pour Flétrir ce personnage, qui, outre
une trahison par laquelle il livra Devanler aux
Espagnols en 1587, commit encore la méchante
;|elion d'introniser en Angleterre l'épée de ces
ennemis nationaux et « la mode pernicieuse et
méchante du combat à la rapière, nommée estoc
et seulement propre au jeu de pointe ».

Les Français adoptèrent plus facilement ces
epées espagnoles; ils abandonnèrent l'estocade
;l la fin du règne de Charles IX et usèrent libre-
ment de la rapière. Et, bien qu'ils n'égalassent
111 les Italiens ni les Espagnols dans le manie-
ment de colle longue épée, ils surent en faire un
sage terrible, car on compte, en arrivant au

) Egcrton Castle, l'Escrime et les Escrimeurs, Paris, 1888,
'°. P- 24.

BULLETINS DE L'ART POUR TOUS. - N° 75.

) règne de Louis XIII, plusieurs milliers de gen- ,
tilshommes tués en combats singuliers.

Pour bien comprendre la cause de ces dénoue-
ments funestes, il faut considérer les méthodes
d'escrime usitées à cette époque et qui ne pré- j
sentent aucun rapport avec l'art complètement j
théorique que nous apprenons aujourd'hui dans j
les salles d'armes.

Avant tout, les maîtres de cette époque ap-
prenaient à tuer. Se souciant peu de ce jeu aca- j
démique dont la règle inflexible assure au la- j
j borieux tireur moderne un avantage constant sur
j un adversaire fantaisiste, le duelliste de la fin j
du xvie siècle placé en face de son adversaire !
; ne tarde pas à changer de place, à tourner, à
voiler. Son arme tenue droite au bout du bras
allongé lui sert à pousser l'attaque; sa main
gauche armée d'une dague, ou simplement pro-
; tégée par un gant, à parer les coups de l'adver-
saire, et encore compte-t-il, pour les éviter, j
; beaucoup plus sur des déplacements de corps, j
; Ainsi son épée n'est guère qu'une arme d'al- j
taque ; il contrarie les bottes de la partie adverse
en croisant ou en traversant par des contre-
attaques. Pressé, mis en désordre, il pourra
; prendre, en passant d'une ligne à l'autre, une de
ces parades balayantes traversant quarte, en
< allant de tierce à seconde.

Il est évident qu'une semblable méthode de-
vait amener, entre adversaires peu expérimen-
( lés, des coups fourrés très fréquents. La bruta-
j lilé des mœurs, les passions déchaînées par les
I troubles religieux, ne faisaient qu'empirer un tel
j état de choses. Et tous les gentilshommes qui le
pouvaient faisaient le voyage d'Italie pour aller

Flg. 1 (I).

.

i demander aux grands maîtres, Viggiani, Ma- j
i rozzo, Pagano, Grassi, Agocchic, Fabris, le !

grand Tappe célébré par Brantôme, et tant ;
\ d'autres encore, les secrets de cette escrime

italienne qui devait, pendant un demi-siècle
; encore, briller du plus vif éclat. Aussi le prudent
I Montaigne s'écrie-l-il, déplorant celle fureur:

« Nous allons en Italie apprendre à escrimer et

l'exerçons aux dépens de nos vies avant de le
I sçavoir. »

Et celle escrime élail déjà par elle-même une

(I) Toutes les gravures qui illustrent cet article sont empruntées
! à l'ouvrage de M. Maurice Ma ndron : Les Armes. Ancienne maison l
j Quantin, Paris.

I

chose dangereuse; plus d'un y perdit un œil ou
y gagna des estafilades et. des contusions sé-
rieuses. On se servait de lourdes épées d'exer-
cice ayant généralement une simple garde en
croix. Aussi les mains devaient-elles être armées
de véritables gantelets. Le Musée de Cluny en
possède une paire (fonds Edouard de Beaumonl,
(fig. 1), qui date de la fin du xvie siècle. Ces
gants de prise sont faits de toile forte ; tout le
dessus des mains, le bout des doigts (ce qui
n'est pas indiqué dans la figure) sont recouverts
de tissu de mailles de fer, et la garde de celui
de main droite est protégée par trois tuiles de
fer contre les coups de taille.

Mais le visage était loin d'être aussi bien pro-
tégé; les masques métalliques n'apparaîtront
guère qu'un siècle plus tard. Aussi avait-on tout
à craindre de ces épées d'exercice à tranchant
et à pointe émoussés, mais sans bouton termi-
nal, et les mailres d'armes recommandent de ne
laisser faire d'assauts qu'entre tireurs déjà expé-
rimentés.

1
I

Fig. 2.

Jusqu'à la fin du règne de Louis XIII, la rapière
sera l'épée la mieux portée, l'épée de ville, l'épée
de duel. Sans perdre de sa longueur, elle s'al-
lège, à celle époque, cl une variété, qui est la
flamberge, fût très usitée en Allemagne et en
France dans les combats singuliers. Avec la
lame longue et déliée, parfois en forme d'alêne,
souvent aplatie, fréquemment allégée par des
gouttières, elle présente une garde simplifiée.
L'arc de jointure disparaît. Les quillons el le
pas d'âne, plus ou moins unis par des prolonge-
ments courbes, rejoignent une coquille plus ou
moins creuse qui abritera la main, mais sans
 
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