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Bulletin de l' art pour tous — 1892

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No 79 (Juillet 1892)
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L'ART-POUR • TOUS

ENCYCLOPEDIE DE L'ARTJNDUSTRIEL ET DECORATIF
■paratisaivt tous les mois
Emile Reiber ! C. Sauvageot ! P. Gélis-Didot

Directeur - Fondateur Directeur Directeu

861-64 o iS86-go\ i865-85 )

Litrairies-Imprimerics

Art.cie.nn& .Maison /"lord
PARIS

2, rue Mignon, 2

31e Année ^~ Juillet 1892

BULLETIN DE JUILLET 1892

article, étudié la genèse du mal. On a abusé des I inévitable foule des pasticheurs; et comme de
récompenses, on les a mercanlilisées au point de pareilles œuvres ne vivent et n'ont d'intérêt que

L'Art pour Tous au Salon

m

Le Champ de Mars

tuer la Société, et, de fait, la scission n'a pas eu
d'autre cause. On peut le dire sans exagérer, il y
avait plus d'exempts qu'il ne devrait y avoir d'ar-
tistes. En se séparant on n'a pas amélioré la
situation : bien au contraire. Les dissidents ont
composé leur Salon à leur guise : les «hors con-
cours» ont émondé le leur au mieux de leurs
intérêts ; les protégés n'ont rien perdu; les petits
seuls ont souffert. Mais, si l'on se réconcilie, si
l'on veut de nouveau vivre en paix sous le même
La distribution des récompenses aux lauréats ] toit' 11 faut renoncc>' au* v'eux errements qui
du Palais de l'Industrie a été signalée par un rendaient la cohabitation impossible. Il faut J dans l'Ami des humbles, la scène des Pèlerins
gros événement. j modifier de fond en comble le règlement des J d'Emmaïis, comme Rembrandt l'aurait comprise

Sur l'estrade officielle, à côté de M. Bonnat,

par ce charme très subtil qui est comme le reflet
insaisissable del'àme de l'artiste, le pastiche n'est
plus ici qu'une œuvre plate et ennuyeuse, d'autant
plus agaçante qu'elle est plus habile. Ces œuvres
sont en nombre au Champ de Mars. Elles y
choquent beaucoup plus qu'ailleurs, parce que
l'école modernisle y règne presque exclusi-
vement.

M. Lhermitte s'affirme cette année comme un
de ses maîtres. Suivant l'exemple de M. Uhde,
mais le dépassant de beaucoup, il représente,

est venu s'asseoir M. Puvis de Chavannes. Plu-
sieurs sociétaires influents du Champ de Mars
avaient suivi leur chef et repris dans les rangs
de la vieille Société la place délaissée depuis
deux ans.

Deux ans ! c'était bien long déjà pour tout le
monde : long pour la Société, que la scission
avait décimée; long pour les dissidents, dont le
plus grand nombre n'avait pas trouvé, somme
toute, une compensation notable aux tracas et
aux frais du déménagement; long pour le public
obligé de courir d'un Salon à l'autre pour cher-

admissions et celui des récompenses; il faut de nos jours. La noblesse simple du Christ,

composer un jury en qui l'on puisse avoir con- l'expression respectueuse et émue qui se peint

fiance, assurer l'impartialité de ses jugements, Sur les physionomies rudes, mais non vulgaires

avoir le courage d'être sévères, la probité de ne des apôtres, la belle et sobre lumière qui enve-

pas être exclusifs : problème difficile et délicat, loppe le groupe, tout ici est aussi bien conçu que

mais qu'on doit résoudre avant de se rapatrier, magistralement exécuté. Voilà une œuvre vraie

sous peine de retomber dans un gâchis qui
marquerait la déchéance définitive du Salon.

Comme l'an dernier, le Champ de Mars pré-
sente un caractère particulier : l'absence presque
complète de tableaux, au sens propre du mot :

chéries œuvres préférées; long surtout pour j des études, dont beaucoup sont fort belles; des
tant de jeunes artistes qui, hésitant entre deux portraits, quelques-uns très remarquables, la

camps, se heurtant de part et d'autre au même
Parti pris d'exclusion, commençaient à s'avouer
avec inquiétude que les petits souffrent trop des
sottises des grands.

Mais ce n'est pas tout que de s'apercevoir qu'on
s est fourvoyé : partir en guerre est facile, bal Ire

plupart inspirés visiblement par la préoccupation
de satisfaire le client ; quantité d'oeuvres affir-
mant une tendance sans viser à un but précis;
telle est la physionomie générale du Salon
national.

Cette tendance, qui fait chaque jour un progrès

en retraite l'est beaucoup moins. Tant de riva- nouveau et dans laquelle réside certainement

lités, de petites rancunes, de jalousies inavouées
s agitaient au fond de cette grande querelle des
artistes ! On pouvait désespérer de la voir s'apai-
ser jamais. La démarche de M. Puvis de Cha-
vannes et de ses collègues est-elle le signe pré-

l'avenir de Fart moderne, est beaucoup plus
marquée ici qu'au Palais de l'Industrie. Les
maîtres qui marchent à la tête du mouvement
sont presque tous au Champ de Mars. Nous y

et sentie, à laquelle la recherche attentive du
document vécu n'enlève rien de sa grandeur
légendaire. M. Lhermitte, jusqu'à ce jour, ne
s'était jamais élevé à celte hauteur.

Que dire en revanche de la Descente de Croix
de M. Béraud? Ne cherchez pas à comprendre
l'idée qui a présidé à cette élucubration. M. Bé-
raud lui-même en avait-il une? La Descente
de Croix est la sœur cadette de la Madeleine de
l'an dernier. Elle a auprès des badauds le même
succès de curiosité, nous dirions volontiers de
stupeur : c'était peut-être là l'idée de M. Béraud.
Nous lui savons trop d'esprit pour lui en attri-
buer une autre.

Rien n'est difficile comme de moderniser l'his-
toire sacrée sans l'amoindrir. On s'en est donné
à cœur joie cette année. Dès qu'un paysage
paraît de près ou de loin ressembler à l'Orient,
vous êtes sûr d'y rencontrer une scène de la
Bible, plus ou moins bien comprise : l'abus tourne

Irouvons M. Carrière, qui expose le tableau à la niaiserie. Pour traiter de pareils sujets, il

curseur de cet apaisement si désiré? Nous vou- j. destiné par l'État au Luxembourg, Maternité: \ faut êlre un penseur autant qu'un peintre. A ce

Ions l'espérer dans l'intérêt commun. œuvre profonde de sentiment, large et puissante

Quoi qu'il en soit, la scission a déjà produit
tous les bons résultats qui pouvaient en sortir.
De part et d'autre, on a cherché des innovations;

d'exécution; M. Besnard, plus sobre et moins
étrange que d'habitude, toujours brillant et pitto-
resque coloriste; M. Whistler, M. Rafaëlli : tous,

on en a trouvé de fort heureuses. Une des plus artistes connus et recherchés du public, qui

importantes, et de celles que les lecteurs de
l'Art pour tous apprécieront particulièrement,
est l'hospitalité très large accordée aux objets
t. La céramique, les vitraux, les meubles,
tes ces productions d'art que le Salon ren-

mettrait aujourd'hui à les admirer autant d'excès
qu'il en mit à les décrier jadis : artistes conscien-

compte-Jà nous n'enverrions pas trois.

La peinture décorative est représentée au
Champ de Mars par deux grandes et belles
pages : l'Hiver de M. Puvis de Chavannes, qui
doit faire pendant à son merveilleux Été du Salon
dernier. Nous avons dit, à propos de l'Été, l'ad-
miration que nous inspire le (aient de M. Puvis

voyait dédaigneusement aux expositions indus- ennemis

trielles, il les reçoit désormais et ne s'en trouve Chercher la poésie dans la copie rigoureuse

cieux et sincères, que l'âprcté de la lutte a poussés de Chavannes ; synthétiser dans une œuvre un
souvent à l'exagération, et qui trouvent clans sujet aussi vaste n'appartient qu'à un maître,
leurs imitateurs maladroits les pires de leurs j Dans la longue série de ses compositions déco-
ratives, l'Hiver comptera, non c omme la plus

séduisante, mais comme une des plus fortes.
Traité dans un style très différent, le plafond

Pas plus mal. de la nature, dégager l'idée de l'impression

Un progrès énorme reste à obtenir; la récon- scrupuleusement rendue, c'est la tendance moder- peint par M. Weert\ pour l'Hôtel des Monnaies
dliation des deux Sociétés l'amènerait fatale- niste et elle est sans doute très féconde. M. Da- présente un ensemble riche de lignes, harmo-
"Ulnl, et c'est à ce point de vue surtout qu'il faut gnan, M. Friant, M. Eliot, M. Lobre, M. Prinet, | nieux de couleur, où l'allégorie se mêle ingé-
a désirer : ce progrès, c'est la réforme, la M. Uhde, trouvent dans le sujet le plus simple, nieusement aux personnages de la vie moderne.
11 tonte complète du règlement. dans une étude de paysan, dans une indécise Signalons encore la Phryné de M. Joseph Blanc,
f.,^e ^a'on est odieusement encombré, c'est un silhouette de femme, dans la pénombre adoucie j d'un grand style décoratif.
l| acquis; nous avons, dans notre premier d'un modeste et tranquille intérieur, des im-
- j pressions d'un charme pénétrant.

(1) v

01r Buiietins de Mai et de Juin 1892. Mais derrière eux se presse la nombreuse et

Il faut se borner à des citations à propos des
portraits. Ils abondent ici comme aux Champs-
Elysées. M. Carolus Duranen expose une série,

BULLETINS DE L'ART POUR TOUS. — N° 79.
 
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