DOI Heft:
No 98 (Février 1894)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.16817#0005
L'ART-POUR • TOUS
FNCYCL OPÉdIEEE LARTMDUSTMEL ET DECORA tif
^>aravss awt to'us les iia,ot£
Emile Reiber I C. Sauvageot I P. Gélis-Didot
Directeur - Fondateur Directeur
1861-64 o i886-go\ i865-85
Librairies-Imprimeries réunie
An-cienne-.Maison JA.or&l
■ j, ( 4. it ^ * ^m m ^y-WM^^m. c\ paris rô mmmm^ww^ u.^u^i iL* ^ ^t^n
__s/ 2, rue Mignon, 2 VS^_^^*>
33e Année ■ Février 1894
BULLETIN DE FÉVRIER 189/i
Cercle Volney
Paris est la forêt de Tari, forêt plantureuse et
touffue, et l'amateur ne peut faire un pas sans
être convié à s'arrêter pour admirer soit quelque
délicate fleur, soit quelque plante rare, soil
quelqu'arbre extraordinaire.
C'est aujourd'hui le Cercle artistique et litté-
raire qui, pour le très intellectuel plaisir des
yeux, a disposé au Cercle Volney le plus char-
mant des parterres.
Peinture de serre, peinture de choix,esquisses,
recherches, curiosités ; études délicates et non
grands morceaux à tapage.
Disons-le tout de suite, sur les deux cent trente
et une toiles exposées, c'est le portrait qui tient
la corde et l'emporte.
Parmi les meilleurs — bien entendu, dans ce
choix, nous choisissons — ceux qui forcent notre
regard sont signés Bonnat, Jules Lefebvre, Ca-
rolus Duran, virtuoses hors critique dont on
sait les défauts habituels — un peu de plâtrerie
au premier, de mièvrerie au second, de jonglerie
au troisième— mais dont les qualités maîtresses
emportent tout.
Après ces maîtres, M. G. Courtois, dont
['Homme blanc, M. Henri Farman, est d'excel-
lente sobriété ; M. A. Zwiller, dont le Curé vaut
autant par la distinction de touche que par la
justesse d'observation; M. Adrien Tanoux, un
nouveau venu au Cercle, si nous ne nous trom-
pons, avec deux portraits de grand relief, celui de
M. A. Rev et celui de Mme M..., tous deux excel-
lents, d'un faire en même temps très large et
cependant fini, sans rien de lisse ni de compact,
deux portraits bien vivants, de bonne école, en
un mot; M. Pierre Huas, dont le sculpteur Piat
est de premier ordre.
A noter tout particulièrement la Jeune fille
endormie de M. E. Benner, morceau très serré,
très étudié, peut-être un peu noir, mais d'une
irrésistible séduction d'art.
Parmi les « sujets », VAveugleûe M. Paul Leroy
est une très juste symphonie de blancs, et Anton
vainqueur d'Hercule,unc fort curieuse étude,large
et noble, de haute maestria, par M. G. O. Des-
vallières.
La nature, paysages ou marines, est repré-
sentée avec honneur par M. Francis Tattegrain
qui toujours sait trouver l'émotion, vous saisis-
sant par une simplicité pleine de grandeur dont
on peut réellement dire qu'il a le secret; par
M. Iwill, qui a su rendre la superbe mélancolie
des soirs roses ; par M. Brémond, qui a cherché
— et trouvé — le clapotis bavard des vagues ; par
BULLETIN DE L'ART POUR TOUS. — N» 98.
M. Jousset, dont la mer et le ciel bleus — ô!
combien délicats! — sont saisis sur l'instant
fugitif; par M. J. Benner, qui nous a montré,
très savamment, les féeriques reflets de l'Océan;
par M. Nozal au puissant génie décoratif en sa
Matinée d'Octobre aussi bien qu'en sa Mer basse;
par M. Grandsire, dont VAnvers au soleil cou-
chant est un prodige d'air et d'espace infini ; par
M.Jean Gounod — un noble, beau et grand
nom — dont la Pêcheuse et surtout la Porte
d'abbaye sont d'une poésie vibrante absolument
exquise ; c'est là, en transposition d'art, de la
superbe mélodie.
A la sculpture — trop rare — très bon portrait
d'homme, pardon, de sénateur, dû au ciseau de
M. Puech, et un tout à fait délicieux Vase à
fleurs de M. Paul Fournier.
Si j'en ai passé, ce ne sont pas des meilleurs.
Jui.es de Marthold.
Union centrale des Arts décoratifs
Concours de 1893
Distribution des récompenses
La distribution des récompenses décernées, à
la suite des concours de 1893, par l'Union cen-
trale des Arts décoratifs, a eu lieu mardi 30 jan-
vier, à huit heures et demie, place des Vosges,
dans la grande salle de la bibliothèque de
l'Union.
M. Henry Roujon, directeur des beaux-arts,
présidait la cérémonie à laquelle assistaient, aux
côtés de leur président, M. Georges Berger,
député de Paris, les principaux membres du jury
! des concours et de la société des Arts décoratifs :
MM. Falize, Gagneau, Paul Colin, Bossi-
gneux, etc.
Après avoir félicité l'Union centrale des efforts
constants auxquels elle se livre pour relever les
industries d'art, M. Boujon l'a félicitée également
d'avoir renouvelé cette institution des concours
qui est un aiguillon si puissant pour les jeunes
générations artistiques et qui les pousse, par
l'émulation qu'elle suscite, à renouveler sans
cesse et leurs inspirations et leur méthode de
travail. Aussi l'Union sera-t-elle toujours assurée
de trouver dans l'administration des beaux-arts
l'appui qui lui est nécessaire pour compléter son
œuvre, et le directeur des beaux-arts s'engage-
t-il à assister au congrès organisé par l'Union
S pour le mois de mai prochain.
M. Georges Berger a remercié alors M. Roujon
d'avoir bien voulu, non seulement présider cette
réunion, mais promettre à la Société des Arts
décoratifs, plus que jamais, le concours si pré-
cieux du gouvernement.
Le rapporteur général du jury, M. Falize,
Imembre du conseil, a ensuite donné lecture du
travail dans lequel il a résumé les résultats des
concours, et la séance s'est close par l'énoncia-
tion des récompenses, dont la liste a été donnée
dans notre Bulletin d'octobre 1893.
CONGRÈS DES ARTS DÉCORATIFS
Nous avons annoncé, dans un de nos derniers
Bulletins, qu'un Congrès des Arts décoratifs
s'ouvrirait, à Paris, au mois de mai 1894.
M. Georges Berger, président de YUnion cen-
trale des Arts décoratifs, nous adresse, relati-
vement à ce Congrès, divers documents que
nous sommes heureux de porter à la connais-
sance de nos lecteurs.
I
CIRCULAIRE du Président de VUnion centrale
des Arts décoratifs, sollicitant les adhésions au
principe d'un Congrès des Arts décoratifs.
Monsieur le Président,
La Société reconnue d'utilité publique qui porte
aujourd'hui le nom de: Union centrale des Arts
décoratifs est arrivée à sa trentième année
d'existence.
De 1863 à 1882 elle a, sous l'appellation d'Union
centrale des Beaux-Arts appliqués à l'industrie,
I marché à la tête du mouvement qui a fondé en
France l'enseignement du dessin sur des bases con-
formes à la tradition de nos Beaux-Arts nationaux, à
la supériorité de la France dans les professions qui ont
l'Art comme aliment essentiel et à la nécessité de
développer l'Art, en le considérant comme l'une des
principales forces de l'industrie.
C'est elle qui a inauguré brillamment la série des
Expositions spéciales, des Concours industriels et des
( Concours d'Écoles, qui ont puissamment contribué à
{ la renaissance de l'art industriel français.
Ses expositions des années 1863, 1865, 1869, 1874,
1876 et 1880 au Palais de l'Industrie, qui ont joint aux
collections d'art rétrospectif les modèles et les
produits des industries d'art contemporain et les
travaux des Écoles de dessin de Paris et des départe-
I ments, ont été pour le public, pour les artistes et les
fabricants, des sources inoubliables de révélations,
I d'inspiration et d'instruction.
En 1882, l'Union centrale des Beaux-Arts appliques
à l'Industrie a opéré sa fusion avec une association,
comprenant déjà plusieurs de ses membres, qui s'était
j constituée à Paris pour créer un Musée des Arts
î décoratifs.
C'est de cette fusion qu'est née YUnion centrale des
Arts décoratifs qui s'est fait connaître partout par les
; services rendus. Elle veut en rendre de plus grands
j encore.
Elle n'a pas déserté, pendant les onze années qui
J viennent de s'écouler depuis la fusion des deux
Sociétés, les voies tracées autrefois.
Ses Expositions technologiques, artistiques, indus-
trielles, de 1882, 1884, 1887 et 1892 resteront célèbres.
Et elle n'a pas cessé de contribuer au développement
de l'instruction industrielle et artistique, par les
concours organisés entre toutes les écoles artistiques
de la France, à propos de ces expositions et en dehors
de celles-ci.
FNCYCL OPÉdIEEE LARTMDUSTMEL ET DECORA tif
^>aravss awt to'us les iia,ot£
Emile Reiber I C. Sauvageot I P. Gélis-Didot
Directeur - Fondateur Directeur
1861-64 o i886-go\ i865-85
Librairies-Imprimeries réunie
An-cienne-.Maison JA.or&l
■ j, ( 4. it ^ * ^m m ^y-WM^^m. c\ paris rô mmmm^ww^ u.^u^i iL* ^ ^t^n
__s/ 2, rue Mignon, 2 VS^_^^*>
33e Année ■ Février 1894
BULLETIN DE FÉVRIER 189/i
Cercle Volney
Paris est la forêt de Tari, forêt plantureuse et
touffue, et l'amateur ne peut faire un pas sans
être convié à s'arrêter pour admirer soit quelque
délicate fleur, soit quelque plante rare, soil
quelqu'arbre extraordinaire.
C'est aujourd'hui le Cercle artistique et litté-
raire qui, pour le très intellectuel plaisir des
yeux, a disposé au Cercle Volney le plus char-
mant des parterres.
Peinture de serre, peinture de choix,esquisses,
recherches, curiosités ; études délicates et non
grands morceaux à tapage.
Disons-le tout de suite, sur les deux cent trente
et une toiles exposées, c'est le portrait qui tient
la corde et l'emporte.
Parmi les meilleurs — bien entendu, dans ce
choix, nous choisissons — ceux qui forcent notre
regard sont signés Bonnat, Jules Lefebvre, Ca-
rolus Duran, virtuoses hors critique dont on
sait les défauts habituels — un peu de plâtrerie
au premier, de mièvrerie au second, de jonglerie
au troisième— mais dont les qualités maîtresses
emportent tout.
Après ces maîtres, M. G. Courtois, dont
['Homme blanc, M. Henri Farman, est d'excel-
lente sobriété ; M. A. Zwiller, dont le Curé vaut
autant par la distinction de touche que par la
justesse d'observation; M. Adrien Tanoux, un
nouveau venu au Cercle, si nous ne nous trom-
pons, avec deux portraits de grand relief, celui de
M. A. Rev et celui de Mme M..., tous deux excel-
lents, d'un faire en même temps très large et
cependant fini, sans rien de lisse ni de compact,
deux portraits bien vivants, de bonne école, en
un mot; M. Pierre Huas, dont le sculpteur Piat
est de premier ordre.
A noter tout particulièrement la Jeune fille
endormie de M. E. Benner, morceau très serré,
très étudié, peut-être un peu noir, mais d'une
irrésistible séduction d'art.
Parmi les « sujets », VAveugleûe M. Paul Leroy
est une très juste symphonie de blancs, et Anton
vainqueur d'Hercule,unc fort curieuse étude,large
et noble, de haute maestria, par M. G. O. Des-
vallières.
La nature, paysages ou marines, est repré-
sentée avec honneur par M. Francis Tattegrain
qui toujours sait trouver l'émotion, vous saisis-
sant par une simplicité pleine de grandeur dont
on peut réellement dire qu'il a le secret; par
M. Iwill, qui a su rendre la superbe mélancolie
des soirs roses ; par M. Brémond, qui a cherché
— et trouvé — le clapotis bavard des vagues ; par
BULLETIN DE L'ART POUR TOUS. — N» 98.
M. Jousset, dont la mer et le ciel bleus — ô!
combien délicats! — sont saisis sur l'instant
fugitif; par M. J. Benner, qui nous a montré,
très savamment, les féeriques reflets de l'Océan;
par M. Nozal au puissant génie décoratif en sa
Matinée d'Octobre aussi bien qu'en sa Mer basse;
par M. Grandsire, dont VAnvers au soleil cou-
chant est un prodige d'air et d'espace infini ; par
M.Jean Gounod — un noble, beau et grand
nom — dont la Pêcheuse et surtout la Porte
d'abbaye sont d'une poésie vibrante absolument
exquise ; c'est là, en transposition d'art, de la
superbe mélodie.
A la sculpture — trop rare — très bon portrait
d'homme, pardon, de sénateur, dû au ciseau de
M. Puech, et un tout à fait délicieux Vase à
fleurs de M. Paul Fournier.
Si j'en ai passé, ce ne sont pas des meilleurs.
Jui.es de Marthold.
Union centrale des Arts décoratifs
Concours de 1893
Distribution des récompenses
La distribution des récompenses décernées, à
la suite des concours de 1893, par l'Union cen-
trale des Arts décoratifs, a eu lieu mardi 30 jan-
vier, à huit heures et demie, place des Vosges,
dans la grande salle de la bibliothèque de
l'Union.
M. Henry Roujon, directeur des beaux-arts,
présidait la cérémonie à laquelle assistaient, aux
côtés de leur président, M. Georges Berger,
député de Paris, les principaux membres du jury
! des concours et de la société des Arts décoratifs :
MM. Falize, Gagneau, Paul Colin, Bossi-
gneux, etc.
Après avoir félicité l'Union centrale des efforts
constants auxquels elle se livre pour relever les
industries d'art, M. Boujon l'a félicitée également
d'avoir renouvelé cette institution des concours
qui est un aiguillon si puissant pour les jeunes
générations artistiques et qui les pousse, par
l'émulation qu'elle suscite, à renouveler sans
cesse et leurs inspirations et leur méthode de
travail. Aussi l'Union sera-t-elle toujours assurée
de trouver dans l'administration des beaux-arts
l'appui qui lui est nécessaire pour compléter son
œuvre, et le directeur des beaux-arts s'engage-
t-il à assister au congrès organisé par l'Union
S pour le mois de mai prochain.
M. Georges Berger a remercié alors M. Roujon
d'avoir bien voulu, non seulement présider cette
réunion, mais promettre à la Société des Arts
décoratifs, plus que jamais, le concours si pré-
cieux du gouvernement.
Le rapporteur général du jury, M. Falize,
Imembre du conseil, a ensuite donné lecture du
travail dans lequel il a résumé les résultats des
concours, et la séance s'est close par l'énoncia-
tion des récompenses, dont la liste a été donnée
dans notre Bulletin d'octobre 1893.
CONGRÈS DES ARTS DÉCORATIFS
Nous avons annoncé, dans un de nos derniers
Bulletins, qu'un Congrès des Arts décoratifs
s'ouvrirait, à Paris, au mois de mai 1894.
M. Georges Berger, président de YUnion cen-
trale des Arts décoratifs, nous adresse, relati-
vement à ce Congrès, divers documents que
nous sommes heureux de porter à la connais-
sance de nos lecteurs.
I
CIRCULAIRE du Président de VUnion centrale
des Arts décoratifs, sollicitant les adhésions au
principe d'un Congrès des Arts décoratifs.
Monsieur le Président,
La Société reconnue d'utilité publique qui porte
aujourd'hui le nom de: Union centrale des Arts
décoratifs est arrivée à sa trentième année
d'existence.
De 1863 à 1882 elle a, sous l'appellation d'Union
centrale des Beaux-Arts appliqués à l'industrie,
I marché à la tête du mouvement qui a fondé en
France l'enseignement du dessin sur des bases con-
formes à la tradition de nos Beaux-Arts nationaux, à
la supériorité de la France dans les professions qui ont
l'Art comme aliment essentiel et à la nécessité de
développer l'Art, en le considérant comme l'une des
principales forces de l'industrie.
C'est elle qui a inauguré brillamment la série des
Expositions spéciales, des Concours industriels et des
( Concours d'Écoles, qui ont puissamment contribué à
{ la renaissance de l'art industriel français.
Ses expositions des années 1863, 1865, 1869, 1874,
1876 et 1880 au Palais de l'Industrie, qui ont joint aux
collections d'art rétrospectif les modèles et les
produits des industries d'art contemporain et les
travaux des Écoles de dessin de Paris et des départe-
I ments, ont été pour le public, pour les artistes et les
fabricants, des sources inoubliables de révélations,
I d'inspiration et d'instruction.
En 1882, l'Union centrale des Beaux-Arts appliques
à l'Industrie a opéré sa fusion avec une association,
comprenant déjà plusieurs de ses membres, qui s'était
j constituée à Paris pour créer un Musée des Arts
î décoratifs.
C'est de cette fusion qu'est née YUnion centrale des
Arts décoratifs qui s'est fait connaître partout par les
; services rendus. Elle veut en rendre de plus grands
j encore.
Elle n'a pas déserté, pendant les onze années qui
J viennent de s'écouler depuis la fusion des deux
Sociétés, les voies tracées autrefois.
Ses Expositions technologiques, artistiques, indus-
trielles, de 1882, 1884, 1887 et 1892 resteront célèbres.
Et elle n'a pas cessé de contribuer au développement
de l'instruction industrielle et artistique, par les
concours organisés entre toutes les écoles artistiques
de la France, à propos de ces expositions et en dehors
de celles-ci.