Bulletin de l' art pour tous (1898)

BULLETIN DE L'ART POUR TOUS

N° 145

Échos

La Commission du vieux Paris.

En suite d'une délibération du Conseil muni-
cipal, le préfet de la Seine vient de prendre l'ar-
rêté suivant :

Article premier. — Il est institué à la Préfecture
de la Seine une Commission administrative qui por-
tera le nom de « Commission du vieux Paris ».

Cette Commission sera chargée de rechercher les
vestiges du vieux Paris, de constater leur état actuel,
de veiller, dans la mesure du possible, à leur conser-
vation, de suivre, au jour le jour, les fouilles qui
pourront être entreprises et les transformations
jugées indispensables et d'en conserver les preuves
authentiques.

Un rapport des travaux delà Commission sera sou-
mis annuellement au Conseil municipal.

Art. 2. — Celte Commission sera composée de :

M. le Préfet de la Seine, président.

M. Lamouroux (Alfred), membre du Conseil
municipal, de la Commission des travaux historiques
etdu Comité des inscriptions parisiennes, vice-prési-
dent.

MM. Quentin-Bauchart, John Labusquière, Pierre
Baudin, Louis Lucipia, Situlon, Adrien Weber,
Alfred Breuillé, Blondcl, Chassaigne-Goyon, Fro-
ment-Meurice, conseillers municipaux élus par le
Conseil.

M. le Secrétaire général de la Préfecture.
M. Alexandre (Arsène), critique d'art.
M. Augéde Lassus (Lucien), publiciste.
M. Bunel, architecte en chef de la Préfecture de
Police.

M. Jules Claretie, membre de l'Académie fran-
çaise.

M. Delisle (Léopokl-Victor), membre de l'Acadé-
mie des inscriptions et belles- leltres, de la Commis-
sion des travaux historiques et du Comité des ins-
criptions parisiennes.

M. Détaille, de l'Institut, présidcntde la Sociélédes
artistes français.

M. Formigc, architecte de l'Hôtel de Ville,
membre de la Commission des monuments histo-
riques.

M. Gosselin-Lenôtre, auteur du Paris révolution-
naire et d'ouvrages sur la Révolution.

M. Guiffrey (Jules), directeur de la Manufacture
nationale des Gobelins, membre de la Commission
des travaux historiques et du Comité des inscriptions
parisiennes.

M. Laugier (André), secrétaire général du Mont-
de-Piété.

. M. Longnon (Auguste), membre de l'Académie des
inscriptions et belles-lettres, de la Commission des
travaux historiques et du Comité des inscriptions
parisiennes.

M. Lucas (Ch.), architecte-expert près le Tribunal
de lre instance.

M. Mareusc (Edgard), publiciste, membre du Co-
mité des inscriptions parisiennes.

M. Montorgueil(Georges), publiciste.

M. Normand (Charles), architecte, directeur de
l'Ami des Monuments et des Arts, secrétaire géné-
ra! de la Société des Amis des Monuments pari-
siens.

M. Périn (Jules), avocat à la Cour d'appel, prési-
dent de la Société de la Montagne-Sainte-Gene-
viève.

M. Victorien Sardou, membre de l'Académie fran-
çaise.

M. Tourneux, publiciste, membre du Comité des
inscriptions parisiennes.

M. Viollet (Paul), membre de l'Académie des ins-
criptions et belles-lettres, de la Commission des Ira-
vaux historiques et du Comité des inscriptions pari-
siennes.

Et de :

M. Bouvard, directeur des services d'Architecture
et des Promenades et Plantations.

M. Dcfrance, directeur des services de la Voie pu-
blique et des Eaux et Egouts.

M. Le Houx, directeur des Affaires départemen-
tales.

M. Brovvn, inspecteur du service des Beaux-arts de
la Ville de Paris.

M. Le Vayer, inspecteur des Travaux historiques,
conservateur de la Bibliothèque de la Ville de
Paris.

M. Cain (Georges), artiste peintre, conservateur
des Collections historiques de la Ville de Paris.
M. le Chef du Cabinet du Préfet de la Seine.

Art. 3. — MM. Lambeau, archiviste du Conseil
municipal, Ch. Sellier, de la bibliothèque Carnavalet,
et Tesson, secrétaire-trésorier à la mairie du XV0 ar-
rondissement, rempliront les fonctions de secrétaires
de la Commission avec voix consultative.

-Q-

La Société des Artistes français nous
communique le procès-verbal suivant de sa
dernière réunion :

l.a Société des artistes français a tenu son Assem-
blée générale annuelle, à l'Hôtel des Agriculteurs de
France, 8, rue d'Athènes, sous la présidence de
M. Edouard Détaille, membre de l'Institut, président
de la Société.

Après une allocution très applaudie du président,
M. Boisseau, trésorier, a donné lecture du compte
rendu financier de la Société. M. T. Hobert-Fleury a
rendu compte ensuite des travaux de l'année.

M. Cari Rosa demande la parole sur plusieurs pas-
sages du rapport financier, mais l'Assemblée a
refusé d'écouter ses doléances en votant l'ordre du
jour.

M. Saubès, à la lin de la séance, a développé, au
nom d'un grand nombre de ses collègues, et fait
voler à l'unanimité un vœu tendant à ce qu'il ne
soit appoi lé aucune modification au règlement anté-
rieur de la section de peinture pour le prochain
; Salon.

Le président, avant la clôture, a informé l'Assem-
\ blée, qui les a approuvées, des décisions prises au
sujet de l'organisation du prochain Salon au Palais
des Machines.

; La Société du Champ de Mars et celle des Champs-
1 Éiysées, sans se réconcilier définitivement, y entre-
tiendront sous le même toit des relations quasi-fra-
1 ternelles. Tout en restant séparées par le buffet cen-
tral, elles n'auront pour elles deux qu'une seule
| porte et une perception unique à l'entrée. Le droit de
un franc payé par les visiteurs leur donnera droit à
! voir les deux Salons. Deux tiers de la recelte seront
! affectés à la Société des artistes français, l'autre
tiers à celle du Champ de Mars. La recelte du vernis-
sage sera versée tout entière à la caisse de secours
de la Société des artistes français.

-©-■

Le musée Carnavalet. — Le Préfet de la
Seine vient de prendre un arrêté aux termes
duquel le service des travaux historiques et la
bibliothèque hisLorique d'une part, et le musée
Carnavalet, d'autre part, conslHueront â l'ave-
i nir deux services distincts.

M. Le Vayer prendra le titre d'inspecteur des
travaux historiques, conservateur de la biblio-
| thèque historique de la Ville de Paris (services
I installés dans les locaux de l'holcl Lepclelier de
Sainl-l'argeau).

M. Georges Cain est nommé conservateur du
musée Carnavalet.

Le couloir qui unit les deux hôtels Carnavalet
! et Lcpeleticr de Saint-Fargeau restera ouvert
au public.

; -o-

Le musée céramique de Sèvres a eu la

bonne fortune de pouvoir se rendre acquéreur
d'un plat en faïence des plus précieux pour l'his-
toire de L'industrie française, et que convoitaient
depuis longtemps plusieurs musées étrangers.
Ce plat, qui porte au bas du sujet l'inscription :
A Paris, le i yc mars i654, représente, repro-
duile en camaïeu bleu, l'anecdocle bien connue
du « pédant Hortensius et de la harangère de la
place Maubert. » C'est non seulement la seule
faïence de Paris du xvine siècle connue jusqu'à
présent, mais c'est encore, avec les deux plats de
Rouen de ltë47,la plusancienne faïence française
portant une date.

Parmi les pièces également intéressantes pour

j l'histoire de Paris qui sont entrées récemment
au musée de Sèvres, nous citerons encore une
assiette datant du commencement du xvif siècle
à riche décor de style rouennais et qui devait

I vraisemblablement servir de « réclame » à un
raccommodeur de faïences; cette assiette, en

effet, bien qu'elle ait été à peine fracturée, porte
au revers plus de cent quarante attaches de for-
mes et de grandeurs diverses, dont quelques-
unes sont disposées de manière à former le
nom de l'ingénieux praticien qui, certainement, à
dû être un des premiers à exercer à Paris l'art de
raccommoder les faïences. Nous mentionnerons
aussi un grand « saladier à vin chaud », décoré
au centre d'une figure de saint Antoine, entourée
de six médaillons représentant des scènes de
cabaret et portant l'inscription : « Antoine Bou-
tron, marchand de vin à Paris, 1724. » Ce curieux
saladier a été donné au musée par M. Alexis
Boulron, de Chelles, un des descendants d'An-
toine Boulron.

-O-

Une intéressante découverte archéo-
logique. — Dans une des dernières séances
de Y Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,
M. Héron de Villefosse a donné communication
à ses collègues, au nom de M. Paul Dissard,
conservateur au musée de Lyon, d'une noie con-
cernant une importante découverte archéolo-
gique faite récemment sur le territoire de la
commune de Coligny, arrondissement de Bourg
(Ain), à peu de distance de la voie romaine de
Lyon à Strasbourg.

Il s'agit des débris d'une magnifique statue de
bronze remontant à l'époque gallo-romaine
trouvés à 30 centimètres dans le sol par un culti-
vateur du hameau de Charmaux.

Celle statue, grande comme nature, esl très
probablement l'image d'Apollon. La tète est d'un
très beau style. Les yeux, aujourd'hui vides,
devaient jadis être figurés par des matières
précieuses.

En même temps que la statue on retrouvait
les fragments de deux grandes tables de bronze
au nombre de près de cent cinquante et dont
cent vingt sont couverts d'une inscription gau-
loise.

Les éludes faites par M. Dissard semblent
indiquer qu'on se trouve en présence d'un calen-
drier dont lesdivisions sont faites par demi-mois
lunaires de quatorze à quinze jours.

Devant chaque chiffre indiquant la date est
placé un Irou destiné à recevoir une cheville; en
regard de ce trou on trouve des indications dési-
gnant sans doute les jours fastes ou néfastes, les
fêtes, les jeux, les marchés, etc.

La conservation de ces précieux textes a été
assurée par l'acquisition qui en a été faite par
la Ville de Lyon.

Bibliographie

Le Manuel pratique des brevets d'in-
vention et de la contrefaçon, que vient de
publier M. du Laurens de la Barre, avocat à la
Courd'appeldeParis(l), exposed'une façonàla
fois claire et succincte notre législation sur les
brevets, les principales difficultés auxquelles elle
donne lieu, et Le détail, complété par des for-
mules et une planche, des formalités relatives à
la demande el à la cession des brevets.

Ce petit ouvrage contient nombre de conseils
pratiques et se termine par un tableau des lé-
gislations étrangères offrant les plus utiles ren-
seignements. C'est, dans sa forme concise, un
traité complet de la matière.

Écrit surtout pour le public industriel, ingé-
nieurs, constructeurs et fabricants, le Manuel de
M. du Laurens de la Barre est d'une étude facile,
et toule personne intelligente peut y puiser, en
quelques heures, des notions complètes et so-
lides sur la théorie et la pratique des brevets
d'invention.

(I) Kontcmoing, éditeur, 4, rue Le GolT, Paris.