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Bulletin de l' art pour tous — 1898

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No 147 (Mars 1898)
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https://doi.org/10.11588/diglit.16822#0010
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BULLETIN DE L'ART POUR TOUS N° 147

de la Constitution, Dupré, que ses travaux pour
la République naissante des États-Unis avaient
si bien préparé à glorifier dignement la France
rajeunie et dont l'œuvre brille à nos yeux d'un
éclat d'autant plus vif, apparaît d'autant plus
considérable, qu'aussitôt après lui — si l'on
excepte encore les noms de Nicolas-Marie Gat-
teaux et de J.-P. Droz — commence pour la
glyptique, sous la domination de Louis David et
de son école, une longue, une affligeante période
de décadence.

C'est en vain que diverses récompenses sont
réservées aux graveurs en médailles, qu'on
fonde à leur intention, en l'an XI, un grand
prix de Rome, qu'on leur accorde deux fauteuils
à l'Institut; entichée de l'antique, n'aspirant
qu'à l'imitation servile d'un art défunt, l'époque
impériale des Andrieu et des Galle passe sans
profit pour le développement de la glyptique.
Vient la Restauration : nul signe encore de re-
nouveau; à peine la surprise d'une œuvre isolée,
telle que l'admirable pièce de Michaut, qui
inspire à Edmond About sa boutade fameuse :
« Lorsqu'on jette sur le comptoir d'un mar-
chand un écu à l'effigie de Louis XVIII, on ne se
doute pas qu'on dépense un chef-d'œuvre. » Et
la principale ambition des artistes d'alors ne
tend guère plus haut qu'à la virtuosité d'une
pratique minutieuse à l'excès. Aussi quel soula-
gement pour l'historien des Médailleursfrançais
que de saluer, après 1830, les premiers symp-
tômes d'une inquiétude inaccoutumée, que de
signaler des tendances contradictoires, de salu-
taires influences, comme, par exemple, « la
réaction romantique et la découverte de la terre
de France par l'école de paysage suggérant à
Bovy la passion du mouvement, la notation des
lointains, la recherche pour ses inventions d'un
cadre de vraie nature. » La glyptique est désor-
mais sauvée : Oudiné l'arrache à la servitude
des arts de reproduction, la force à ne relever
que d'elle-même, à ne produire que des œuvres
originales ; Ponscarme la révolutionne en bri-
sant les conventions, les règles trop absolues,
en reliant la composition au champ, le sujet au
fond par la souplesse du modelé, par la magie
de l'enveloppe, en créant, pour tout dire, le
plein air de la médaille. A son tour, Degeorge
la dote de sentiment et de charme, l'ennoblit, lui
ouvre les régions fécondes de la poésie et du
rêve. Puis c'est Chaplain, respectueux de la
vérité, du caractère ; c'est Daniel Dupuis, in-
génieux et abondant ; c'est Roty, imprévu,
tendre et chaleureux, Roty, dont l'œuvre est
comme le délicieux épanouissement même de
la médaille. Et autour du maître, que de talents
divers et vivaces travaillent à l'illustration de
l'école française, depuis les ouvriers de la pre-
mière heure jusqu'à Bottée, Patey, Vernon, jus-
qu'à ces nouveaux venus, Michel Cazin, Yen-
cesse, qui garantissent l'avenir ! Déjà Barye,
David d'Angers, Chapu surtout, dont l'exemple
fut capital, avaient affirmé l'unité de l'art, la
fraternité de l'ébauchoir et du burin; des sculp-
teurs encore, Frémiet, Dampt, A. Charpentier,
Gardet, Peler, des ciseleurs, des peintres
même s'instituent médailleurs, et, par un juste
retour, les médailleurs aident au relèvement de
l'art ornemental; les procédés se multiplient;
à la gravure de coins certains préfèrent la
fonte, et il n'est pas jusqu'à l'invention hardie
de l'estampe à reliefs, mise en honneur par
Pierre Roche, qui ne proclame présentement la
forte vitalité d'un art en pleine expansion... A
bon droit, M. Roger Marx peut fermer son livre
sur des paroles d'optimisme et de foi.

Mais ce n'est pas assez, à son gré, et il rêve
d'un dernier bienfait pour la médaille. Fourni
d'une documentation généreuse et sûre, où
ne manque de ce qui touche au sujet, orné d'une
suite copieuse et choisie de reproductions, son
ouvrage, dans sa forme précise, est proprement
le catalogue raisonné, définitif, de la glyptique
française au xixe siècle. Vulgarisateur de beauté,
l'auteur y joint, sous le titre de Simples avis aux
amateurs, les enseignements indispensables à

quiconque veut assembler, pour sa personnelle
satisfaction, les meilleurs spécimens de la mé-
daille française. « Nulle collection, assure-t-il,
n'est plus facile à réunir qu'une collection de
médailles modernes. Tout amateur peut à sa
guise, et selon ses moyens, se former un petit
musée, s'entourer d'œuvres peu encombrantes,
intéressant les yeux et l'esprit, puisque ces
créations sont aussi des documents d'histoire. »
Pareille exhortation ne saurait qu'être entendue
et la médaille va compter de nouveaux fidèles.
M. Roger Marx leur signale les services rendus
à l'estampe par la Société jrancaise de gravure
et les convie à se grouper, à leur toor, pour
assurer les destinées de la glyptique. L'entre-
prise est attrayante : nul doute qu'elle ne tente
de fervents zélateurs. C'est aux amis de la mé-
daille, unis pour l'action, qu'il appartient d'en-
tretenir, d'exalter, d'élargir la belle floraison
d'aujourd'hui.

Raoul Sertat.

Échos

La Commission du « Vieux Paris »

s'est réunie jeudi, 3 mars, à l'Hôtel de Ville,
sous la présidence de M. de Selves, préfet de
la Seine.

Après l'adoption du procès-verbal de la précé-
dente séance, M. Lamouroux a remis à la Com-
mission des photographies offertes par M. Ma-
reuse et un volume sur le vieux Paris envoyé
par M. Millet.

Il a été décidé qu'une carte d'identité serait
remise à chacun des membres de la Commis-
sion pour leur permettre de pénétrer dans les
chantiers de travaux ou de fouilles exécutés
dans Paris.

Afin de répondre au désir manifesté par les
trois Sous-Commissions, un mémoire sera in-
troduit au Conseil municipal pour demander
l'ouverture d'un crédit de dix mille francs desti-
nés à parer aux travaux urgents à faire dans les
fouilles.

A l'avenir, communication des projets d'ali-
gnement sera faite à la Commission.

M. Lamouroux a énuméré les points sur les-
quels l'attention de la Commission a été appe-
lée.

En ce qui concerne l'hôtel de Sens, il est dé-
cidé que la première Sous-Commission fera un
rapport sur l'état de ce monument.

La Commission a été informée que dans les
fouilles du pont Alexandre 111 on a trouvé des
restes de pilotis établis en 1824 pour la con-
struction du pont Navier; la pioche des ouvriers
a également mis à jour une hache en silex, des
ossements et une médaille de date relativement
récente et qui serait la reproduction d'un Fra-
gonard.

La deuxième Sous-Commission a décidé que
tous les objets trouvés dans les fouilles seraient
transportés au musée Carnavalet.

M. Georges Villain a demandé que les travaux
de la première Sous-Commission tendent à
dresser le plan du sol de l'ancien Paris pendant
la période gallo-romaine.

La troisième Sous-Commission a pensé que
tous les procédés de reproduction des objets
trouvés et des quartiers qui présentent quelque
intérêt devraient être employés selon la nature
| de ces objets. Ainsi des photographies et des
; aquarelles des prisons de Mazas et de la Grande
; Roquette, de l'hôtel de Thou, de la cour du
; Commerce, de l'hôtel du Cheval-Blanc, etc.,
seraient faites à brève échéance.

La Commission a ensuite fixé sa prochaine
réunion au lundi 7 avril.

La Sous-Commission chargée des études con-
cernant les fouilles et les monuments anciens,
s'est réunie, le 16 mars, sur la butte Mont-
martre, à l'effet d'examiner la vieille église
Saint-Pierre. Elle était dirigée par M. Sau-
vageot, architecte des monuments historiques,
qui doit dresser l'avant-projet de restauration
de cet intéressant monument.

Des fouilles ont été exécutées récemment, et
de l'étude circonstanciée à laquelle s'est livré
M. Sauvageol, il résulte que l'abside et les
parties principales de Saint-Pierre sont de la
première moitié du xne siècle et que les deux
petites chapelles de l'abside ont été édifiées
sur des substruclionsd'une église plus ancienne.
Aucun vestige du temple gallo-romain de Mer-
cure n'a encore été trouvé en dehors des quatre
colonnes de marbre, avec chapiteaux, qui se
trouvent: deux accolées à des piliers de l'abside,
deux adossées aux piliers d'entrée de la nef.

Mais au cours des travaux de restauration —
et non de reconstruction — dont le principe est
aujourd'hui définitivement adopté, des fouilles
méthodiques seront effectuées dans l'église. Et
il est très probable que l'on retrouvera, à défaut
de monuments gallo-romains, tout au moins des
tombes des anciennes abbesses de Mont-
martre.

Pendant les travaux de consolidation opérés
il y a trente ans dans l'abside, on a rencontré
divers cercueils de pierre. Étant donnée l'habi-
tude, quis'en perpétua jusqu'à la fin du xvine siè-
cle, d'enterrer dans le sol des églises les per-
sonnages marquants, il est de toute évidence
qu'il reste encore, sous le transept, des tombes
à reconnaître.

-O-

Bibliothèque de l'Ecole des Beaux-
Arts. — Mme veuve H. Taine vient d'offrir à la
Bibliothèque de l'École des Beaux-Arts une
riche série de calques pris par son père, M. De-
nuelle, ancien architecte des monuments histo-
riques, sur les fresques du Palais des Papes, à
Avignon.

Ces reproductions, au nombre de cinquante-
six, offrent le détail des peintures — jusqu'ici la
plupart inédites — exécutées vers 1343 dans la

! chapelle Saint-Jean. Elles complètent à souhait

! la collection de dessins originaux qui ont servi
de base à l'ouvrage de MM. Gélis-Didot et Laf-
fillée sur « la peinture décorative en France, du
onzième au seizième siècle », dessins que l'École

i des Beaux-Arts a acquis il y a peu d'années.

Tous les artistes et tous les archéologues ap-

' pliqués à l'étude du moyen âge sauront gré à

i Mme Taine de ce don si précieux.

-G-

Grande frise du Palais des Champs-
1 Élysées. — Le commissaire général de l'Ex-
| position vient de prendre sa décision relative-
\ ment à la grande frise qui ornera la façade du
palais des Beaux-Arts en bordure de l'avenue
d'Antin, dans la partie dont l'exécution est
confiée à M. Thomas. Cette frise, dont le carton
a été fait par M. Joseph Blanc, de l'Institut,
représentera « l'histoire de l'art à travers les
âges » ; elle sera constituée par un grand bas-
relief en grès cérame lequel sera exécuté à la
manufacture de Sèvres par les soins de M. Baum-
gart. Ce projet, approuvé par le commissariat
général, est une intéressante innovation artis-
tique.

-O-
 
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