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Bulletin de l' art pour tous — 1898

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No 155 (Novembre 1898)
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https://doi.org/10.11588/diglit.16822#0041
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paraissant toxis les m-ots

FONDÉ PAR

EMILE REIBER
Librairies-Imprimeries réunies

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5, rue Saint Benoit Vv_^^*T*>

37e Année ^ Novembre 1898

BULLETIN DE NOVEMBRE 1898

Ornements du XIV Siècle

(Page 3788)

Au xive siècle, le principe de l'imitation qui
succéda à celui de l'interprétation fut un véri-
table retour à la nature. Il consista d'abord à
reproduire, dès la fin du xin1' siècle, les végé-
taux tels que nous les Irouvonsdans les champs,
dans les prés et dans les bois, en ne leur faisant
subir que les modifications impérieusement
commandées par l'art sculptural. Puis, au com-
mencement du xive siècle, les artistes se mirent
à onduler, à plisser, à nerver en creux les feuilles
de leurs chapiteaux, de leurs rinceaux et de
leurs frises. Sur les chapiteaux ils alignèrent ces
feuilles sur deux rangs, les laissant libres dans
les rinceaux et les frises. Les feuilles reproduites
parles sculpteurs du xive siècle furent en grande
partie celles du siècle précédent auxquelles ils en
ajoutèrent d'autres, ainsi qu'il a été dit dans
notre numéro d'avril dernier. Si ces artistes ne
recherchèrent pas les larges et simples compo-
sitions qui avaient fait la gloire de leurs devan-
ciers, ils laissèrent cependant des œuvres
admirables dont ta richesse indique un génie
fécond servi par une main patiente et délicate.
Ceci dit, passons à l'élude des ornements placés
sous le regard de nos lecteurs, ornements divers
pris dans plusieurs édifices du xive siècle.

Le premier est un fragment d'archivolte de la
cathédrale de Bourges, dont le grand portail est
d'une magnificence florale qui le dispute à celui
de Reims. Ce fragment nous offre de l'érable
naturel, c'est-à-dire non interprété. L'artiste a
simplement copié les branches qu'il avait sous
les yeux, donnant toutefois à ses feuilles des
pélioles plus épais que n'en onl les feuilles
naturelles, afin d'éviter une maigreur qui eûtélé
un défaut dans une composition sculpturale
placée à une certaine hauteur. Aujourd'hui,
comme on peut le voir par noire dessin, cel
érable est en partie lisse et a des brisures. C'esl
que, sculpté à l'exlérieur del'édifice, il n'a pu
échapper à l'action du temps, et il est permis
de dire que l'eau du ciel tombée sur lui depuis au
moins cinq siècles l'a véritablement poli. Tel
qu'il est cependant, il nous révèle la science
avec laquelle les artistes gothiques savaient
arranger leurs feuilles, évitant soit les trous, soil
l'exagération du touffu. 11 nous montre aussi avec
quelle habileté de ciseau ils fouillaient la pierre
pour en détacher ces délicats feuillages dont
les attaches sonl imperceptibles.

Le deuxième dessin est un fleuron de l'église
Saint-Urbain de Troyes, formé de feuilles

ondulées. Quelles sont ces feuilles? Au premier
coup d'œil il semble difficile de les déterminer.
On ne croit voir que des feuilles de forme lan-
céolée que l'artiste a plissées. Mais lorqu'on
examine ce fleuron, surtout à dislance, on s'aper-
çoit que,parun Irès ingénieux artifice, cet artiste
a ondulé ses feuilles de façon à leur donner,
précisément par celte ondulation, les dents de
la feuille de chêne; et à la base de son fleuron,
il a placé une pelite couronne de feuilles qui, en
s'arrondissant sur elles-mêmes, semblent pré-
senter des glands. Dans ce simple fleuron, dont
il faut aussi admirer la vigueur, apparaît la puis-
sance créatrice qu'eurent les premiers sculpteurs.

Le troisième dessin est un rampant delà même
église Saint-Urbain. Sur ce rampant grimpe
un feuillage fort commun au xive siècle. Quel
est-il? Est-ce de la vigne ou de l'armoise? La
question est assez difficile à résoudre, car on
trouve aux xme et xiv° siècles delà vigne allongée,
pointue, avec laquelle l'armoise a une si grande
I ressemblance que l'on hésite souvent à se pro-
J noncer. Ici le cas est peut-être encore plus em-
barrassant, allendu qu'en comparant ce feuillage
avec les feuilles du second rampanl, portant sur
notre planche le numéro 4, feuilles qui sont de j
l'armoise indiscutable, on trouve entre ces végé-
taux une analogie frappante. Nous pensons que
ce feuillage est de la vigne, mais sans cependant
l'affirmer.

Le quatrième dessin qui, ainsi que nous venons
de le dire, est également un rampanl, et qui a
été pris aussi à Saint-Urbain, nous présente des

> feuilles d'armoise détachées les unes des autres

| et parfaitement caractérisées. Le nombre de
leurs lobes ne permet pas de les confondre avec
la vigne. L'artiste les a si gracieusement plissées

j qu'elles paraissent agitées par le vent.

Le cinquième dessin est celui d'une console
conservée dans la crypte de l'église de Souvigny
(Allier). A première vue, on croirait volontiers
que les feuilles de cette console sont celles du

! chou frisé ou de la citrouille, car on trouve de la
citrouille, feuilles et fruit, dans l'église de Vitry
(Seine). Mais en regardant attentivement ce
molif, on aperçoit du raisin sousla feuille gauche.
Donc on est en présence d'un motif de vigne qui
annonce déjà le xve siècle et qui peul-ôtre lui
appartient.

Enfin, le sixième dessin est un fragment de
i Tune des grandes frises de la façade de Saint-
i Jean-des-Vignes de Soissons. La feuille que nous

y voyons est la chélidoine ondulée, plissée,

nervée en creux, ('/est bien la sculpture orne-
j mentale du xivesiècle qui a laissé sur la façade de

Sainl-Jean-des-Vignes des frises de toute

beauté.

Ainsi que l'on peut s'en rendre compte par
j cette rapide esquisse, la période de l'imitation a
produit, dans un genre différent de celui de la pé-
riode précédente, de nombreux chefs-d'œuvre.

L'ornementation florale du xiV siècle est très
variée, et doit être étudiée de l'artiste qui aime
j à s'inspirer de la nature. Dans la sculplure de la
j fin du xiii"' siècle et du xivu, il verra comment nos j

premiers maîtres s'y sont pris pour reproduire
les végétaux lels qu'ils poussaient dans les
champs et dans les bois.

Emile Lambin.

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Échos

Académie des beaux-arts. — Voici la liste
des prix qui ont été décernés à la séance
publique annuelle de l'Académie des beaux-
arts :

Grands prix de Rome. — Peinture. — 1er grand
prix : M. Gibert; 2e premier grand prix : M. La-
parra; 1er second grand prix : M. Benner; 2e se-
cond grand prix : M. Guétin.

Sculplure. — 1er grand prix : M. Alaphilippe;
1er second grand prix : M. Boucher; 2e second
grand prix : M. Terroir.

Architecture. — 1er grand prix : M. Chifflot;
1er second grand prix : M. Arfvidson; 2e second
grand prix : M. Auburlin.

Gravure en taille-douce. — 1er grand prix :
M. Corabœuf; 1er second grand prix : M. Quidor;
2e second grand prix : M. Bussière.

Composition musicale. — (L'Académie n'a pas
décerné de 1er grand prix); lec second grand
prix : M. Malherbe.

Prix Leprince(2,800fr.) : MM. Giberl et Alaphi-
lippe, Chifflot et Corabœuf.

Prix Deschaumes (1,500 fr.) : M. Émile-Louis-
Joseph Michel.

Prix Trémont (2,000 fr.) : MM. Roger et Sellier,
peintres, et MM. Busser et Gédalge, compositeurs
de musique.

Prix Lambert (1,600fr.) : Mmcs Colin, Lavidière,
Thierry-Ladrange et M. Power.

Prix Achille Leclère (1,0(K) fr.) : M. Désiré
Bessin; mention honorable: M. Laurent-Louis
Jaumin.

Prix Cbartier (500 fr.). (Musique de chambre) :
M. Dallier.

Prix Duc (3,700) : M. Adrien Chancel, pour son
Hôtel de ville d'Ivry-sur-Seine et son Plafond de
la salle des Fêtes du palais de l'Elysée.

Prix Jean Leclaire (2 prix de 5(X) fr.). (Archi-
tecture) : MM. Sirot (H enri—Fernand) et Pope
(John-Russel).

Prix Monbinne (3,000 fr.). (Composition musi-
cale) : M. Pierné, pour son œuvre svmphonique :
l'An Mille.

Prix Delannoy (1,000 fr.) : M. Chifflot.

Prix Lusson (500 fr.) : M. Arfvidson.

Prix Cambacérès (3,000 fr. : MM. Benner,
peintre, Boucher, sculpteur, et Corabœuf, gra-
veur.

Prix Pigny (2,000 fr.) : M. Arfvidson.

Prix Desprez (1,000 fr.). (Sculpture) : M. Ver-
mare, pour son ouvrage « Le Giolto » (Salon de
1898).

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BULLETIN DE L'ART POUR TOUS — N° 155.
 
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