DES ARTS DÉCORATIFS ET INDUSTRIELS.
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général des beaux-arts,
étant favorables au prin-
cipe de l'acquisition, il res-
tait à examiner la question
des voies et moyens. Les
commissaires de la Caisse
auxiliaire des musées,
MM. Paul Errera etValère
Mabille, donnèrent les
autorisationsnécessaires et
nous fûmes heureusement
à même d'assurer à notre
musée cette pièce qui,
quels que soient les enri-
chissements que l'avenir
nous réserve, sera toujours
un des joyaux de la collec-
tion égyptienne.
Mais, la belle tête rouge,
comme elle fut de suite
baptisée, devait rester de
longs mois enfermée dans
une armoire de mon bu-
reau, commençant cepen-
dant à devenir célèbre
grâce à des visites de quel-
ques archéologues de mar-
que. MM. Pottier, Salo-
mon Reinach, Homolle,
Newberry, Spiegelberg ne
marchandaient pas leur
enthousiasme, si bien que,
devançant un peu sur la
réalité, je tus amené à
publier l'année passée dans
les « Monuments Piot » la
tète égyptienne du
AyKxg/Av i.
Dans une courte étude
qui accompagnait une
planche à l'aquarelle, j'ai
essayé d'esquisser rapide-
ment l'évolution qui conduisit les artistes égyptiens
du réalisme à l'idéalisme, depuis les temps lointains
de l'ancien empire jusqu'au règne d'Aménophis III,
de la XVIIP dynastie. C'est à ce moment que le
dis d'Aménophis III, Amenophis IV, donnant un
libre essor à des nouvelles tendances réalistes qui
<a étaient dans l'air &, pour employer une expres-
sion à la mode, imprima une impulsion féconde à
l'art de son temps. « La réaction politique et reli-
gieuse qui suivit ce règne singulier, écrivait
M. Maspero, arrêta l'évolution et ramena les artis-
tes à l'observation des règles antiques ; mais leur
I. t. XIII, ipo6, i^fasc.
UNE TÊTE ÉGYPTIENNE DE L'ÉPOQUE DE LA XIX° DYNASTIE. VUE DE FACE.
influence personnelle et leur enseignement prolon-
gèrent quelque chose de leur manière sous Harm-
habi, sous Seti P*', sous Ramsès II. Si l'art égyp-
tien fut, pendant plus d'un siècle, doux, libre et
Un, c'est à eux qu'il le doit. » Les derniers qualifi-
catifs s'appliquent à la perfection à la tête dont on
trouvera ici deux photographies, insuffisantes à
rendre l'aspect si caractéristique de l'original.
D'après le marchand qui la vendit, elle aurait été
découverte à Saqqarah, mais une telle provenance
ne peut être naturellement acceptée que sous les
plus expresses réserves. La tête est parfaitement
bien conservée , seule une petite cassure au men-
ton et une érafHure au nez sont venues altérer la
87
général des beaux-arts,
étant favorables au prin-
cipe de l'acquisition, il res-
tait à examiner la question
des voies et moyens. Les
commissaires de la Caisse
auxiliaire des musées,
MM. Paul Errera etValère
Mabille, donnèrent les
autorisationsnécessaires et
nous fûmes heureusement
à même d'assurer à notre
musée cette pièce qui,
quels que soient les enri-
chissements que l'avenir
nous réserve, sera toujours
un des joyaux de la collec-
tion égyptienne.
Mais, la belle tête rouge,
comme elle fut de suite
baptisée, devait rester de
longs mois enfermée dans
une armoire de mon bu-
reau, commençant cepen-
dant à devenir célèbre
grâce à des visites de quel-
ques archéologues de mar-
que. MM. Pottier, Salo-
mon Reinach, Homolle,
Newberry, Spiegelberg ne
marchandaient pas leur
enthousiasme, si bien que,
devançant un peu sur la
réalité, je tus amené à
publier l'année passée dans
les « Monuments Piot » la
tète égyptienne du
AyKxg/Av i.
Dans une courte étude
qui accompagnait une
planche à l'aquarelle, j'ai
essayé d'esquisser rapide-
ment l'évolution qui conduisit les artistes égyptiens
du réalisme à l'idéalisme, depuis les temps lointains
de l'ancien empire jusqu'au règne d'Aménophis III,
de la XVIIP dynastie. C'est à ce moment que le
dis d'Aménophis III, Amenophis IV, donnant un
libre essor à des nouvelles tendances réalistes qui
<a étaient dans l'air &, pour employer une expres-
sion à la mode, imprima une impulsion féconde à
l'art de son temps. « La réaction politique et reli-
gieuse qui suivit ce règne singulier, écrivait
M. Maspero, arrêta l'évolution et ramena les artis-
tes à l'observation des règles antiques ; mais leur
I. t. XIII, ipo6, i^fasc.
UNE TÊTE ÉGYPTIENNE DE L'ÉPOQUE DE LA XIX° DYNASTIE. VUE DE FACE.
influence personnelle et leur enseignement prolon-
gèrent quelque chose de leur manière sous Harm-
habi, sous Seti P*', sous Ramsès II. Si l'art égyp-
tien fut, pendant plus d'un siècle, doux, libre et
Un, c'est à eux qu'il le doit. » Les derniers qualifi-
catifs s'appliquent à la perfection à la tête dont on
trouvera ici deux photographies, insuffisantes à
rendre l'aspect si caractéristique de l'original.
D'après le marchand qui la vendit, elle aurait été
découverte à Saqqarah, mais une telle provenance
ne peut être naturellement acceptée que sous les
plus expresses réserves. La tête est parfaitement
bien conservée , seule une petite cassure au men-
ton et une érafHure au nez sont venues altérer la