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BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX
FIG. 2. — JARDINIÈRE (STATUETTE).
modelés et les spirales de fumée qui s’élèvent dans
l'espace, remplissant la partie supérieure du
tableau, sont admirablement traitées.
Présentons une pièce qui ne sort pas de la
moyenne ordinaire de Richardot seconde manière,
mais qui révèle une véritable patience de bénédic-
tin. C’est un socle de pendule formé d’un tronc de
vieux chêne évasé à sa première bifurcation et dont
les branches inférieures, presque étalées, étaient
jadis chargées de feuilles et de glands, tous étudiés
et modelés séparément. Au pied de l’arbre, trois
enfants joufflus, uniquement vêtus d’une guir-
lande de fleurs en guise de ceinture, dansent une
ronde sur un parterre fleuri. Il faut bien en conve-
nir, s’il y a encore de l’art dans le modelé des
amours, il n’y en a certainement point dans celui
du feuillage. Hélas! il y a plus d’un siècle que la
chute des feuilles a passé sur ce vénérable débris;
mais il en reste encore assez et les attaches visibles
sont assez nombreuses pour laisser entrevoir ce
qu’était ce groupe au temps de sa prime jeunesse.
A ce spécimen, nous pourrions joindre un
groupe de plus grandes dimensions, mais de même
technique : deux singes assis sur un tertre agré-
menté de fleurettes et de champignons, et man-
geant des huîtres ; la cruche et le gobelet sont à
types presque au-dessous du médiocre. Ce n’était
cependant pas encore la décrépitude sénile ; non,
mais quelque chose de plus grave, la décrépitude
alcoolique, qui conduisit Richardot à la misère, et
l’officier de l’état civil d’Andenne, en 1806, put
inscrire en toute vérité mais sans aucune nécessité,
dans son acte de décès, cette cinglante annotation :
« sculteur indigent ». Le brave homme aurait pu
respecter la mort et... l’orthographe.
Notons encore, dans un genre particulier, deux
plaques, l’une ovale, fond bleu avec figures en blanc
— imitation de Wedgwood ; — elle représente
les quatre saisons sous la figure de quatre petits
amours en bas-relief symbolisant l’hiver par un
flambeau renversé ; le printemps serrant un cygne
sous le bras (le cygne de Léda ?), l’été par un bain
sous un filet d’eau tombant d’un rocher, et l’au-
tomne par la cueillette des fruits. L’autre plaque
est rectangulaire 0.33 X 0.37; nous ne la connais-
sons que par une épreuve en biscuit blanc de por-
celaine, prise sur le moule même de Richardot
délaissé par son petit-fils Louis. Cette pièce,
supérieure à la précédente, représente le feu, par
une série de petits bonshommes dodus etgrassouil-
lets brisant les branches d’un arbre ou apportant
des brindilles pour entretenir un petit foyer de
campagne à même du sol. Tous sont parfaitement
FIG. 3. ■—ARIANE.
BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX
FIG. 2. — JARDINIÈRE (STATUETTE).
modelés et les spirales de fumée qui s’élèvent dans
l'espace, remplissant la partie supérieure du
tableau, sont admirablement traitées.
Présentons une pièce qui ne sort pas de la
moyenne ordinaire de Richardot seconde manière,
mais qui révèle une véritable patience de bénédic-
tin. C’est un socle de pendule formé d’un tronc de
vieux chêne évasé à sa première bifurcation et dont
les branches inférieures, presque étalées, étaient
jadis chargées de feuilles et de glands, tous étudiés
et modelés séparément. Au pied de l’arbre, trois
enfants joufflus, uniquement vêtus d’une guir-
lande de fleurs en guise de ceinture, dansent une
ronde sur un parterre fleuri. Il faut bien en conve-
nir, s’il y a encore de l’art dans le modelé des
amours, il n’y en a certainement point dans celui
du feuillage. Hélas! il y a plus d’un siècle que la
chute des feuilles a passé sur ce vénérable débris;
mais il en reste encore assez et les attaches visibles
sont assez nombreuses pour laisser entrevoir ce
qu’était ce groupe au temps de sa prime jeunesse.
A ce spécimen, nous pourrions joindre un
groupe de plus grandes dimensions, mais de même
technique : deux singes assis sur un tertre agré-
menté de fleurettes et de champignons, et man-
geant des huîtres ; la cruche et le gobelet sont à
types presque au-dessous du médiocre. Ce n’était
cependant pas encore la décrépitude sénile ; non,
mais quelque chose de plus grave, la décrépitude
alcoolique, qui conduisit Richardot à la misère, et
l’officier de l’état civil d’Andenne, en 1806, put
inscrire en toute vérité mais sans aucune nécessité,
dans son acte de décès, cette cinglante annotation :
« sculteur indigent ». Le brave homme aurait pu
respecter la mort et... l’orthographe.
Notons encore, dans un genre particulier, deux
plaques, l’une ovale, fond bleu avec figures en blanc
— imitation de Wedgwood ; — elle représente
les quatre saisons sous la figure de quatre petits
amours en bas-relief symbolisant l’hiver par un
flambeau renversé ; le printemps serrant un cygne
sous le bras (le cygne de Léda ?), l’été par un bain
sous un filet d’eau tombant d’un rocher, et l’au-
tomne par la cueillette des fruits. L’autre plaque
est rectangulaire 0.33 X 0.37; nous ne la connais-
sons que par une épreuve en biscuit blanc de por-
celaine, prise sur le moule même de Richardot
délaissé par son petit-fils Louis. Cette pièce,
supérieure à la précédente, représente le feu, par
une série de petits bonshommes dodus etgrassouil-
lets brisant les branches d’un arbre ou apportant
des brindilles pour entretenir un petit foyer de
campagne à même du sol. Tous sont parfaitement
FIG. 3. ■—ARIANE.