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Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels <Brüssel> [Editor]
Bulletin des Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels — 1909

DOI issue:
No 11 (1909)
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.27142#0093
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2° SÉRIE. 2e ANNÉE

PARAISSANT TOUS LES MOIS

N° ii. NOVEMBRE 1909

BULLETIN

DES MUSÉES ROYAUX

DES ARTS DÉCORATIFS ET INDUSTRIELS

{Antiquités, Industries d'Art, Art monumental et décoratif. Armes et Armures, Ethnographie.)

A BRUXELLES

Ce Bulletin sert d'organe à la Société des Amis des Musées royaux de l'État, à Bruxelles.

Il est distribué gratuitement aux Membres de la Société.

ABONNEMENTS :

Pour la Belgique . . 5 francs. — Pour l’Étranger . . 6 fr. 50 — Le numéro . . 50 centimes.

LES DENTELLES
DE N. D. D'AFFLIGHEM.

NOTRE collection de dentelles s’est enrichie
récemment, par la générosité de M. et de
Mme Beernaert, d’une pièce remarquable, dont
nous voudrions entretenir un instant nos lecteurs.

C’est un voile, dit de bénédiction, en dentelle
de Bruxelles, datant sans doute du commencement
du xvin0 siècle et constituant un fort beau spé-
cimen d’une technique qui, à cette époque, tenait
Vraiment de la virtuosité.

Sous un dais, d’une composition de style
Louis XIV, on aperçoit une image de la Vierge, à
laquelle un religieux, agenouillé dans le bas,
adresse son hommage. Cette représentation a pour
objet de rappeler un événement sur lequel nous
reviendrons dans un instant. Elle se détache sur
un fond de réseau, fait d’une maille ronde et qui
n’a rien à voir encore avec le fameux « drochel »
bruxellois de la suite du xvme siècle.

L’encadrement de ce tableau remplit le reste
de la pièce. Il comprend une corbeille, des
coquilles, des fleurs et des fruits plus ou moins
fantaisistes, reliés entre eux par des brides picotées.
Les toilés en sont d’une délicatesse extrême, tels
que pouvaient les donner seulement des finesses de
fil complètement perdues aujourd’hui. Mais ce
qui surpasse tout, sous ce rapport, ce sont les
« jours » infiniment menus, les fonds étoilés
principalement, répandus par toute cette pièce
et qui en font certainement l’un des morceaux
les plus raffinés qui se puissent rencontrer en ce
genre.

C’est assez dire la reconnaissance que la posses-

sion de ce beau voile nous inspire envers les géné-
reux donateurs de qui nous le tenons.

L’intérêt que présente cette dentelle, au point
de vue technique, est singulièrement accru par le
fait qu’elle retrace à nos yeux le célèbre miracle
de N.-D. d’Afflighem.

Afflighem est une abbaye cistercienne, datant
du XIe siècle et située aux confins du Brabant,
entre Assche et Alost. Son premier abbé, venu
d’un autre monastère, y avait apporté avec lui une
statue de la Vierge, qu’il tenait en grande vénéra-
tion. Cette statue fut posée sur un piédestal, dans
le cloître, à la sortie du dortoir, et les moines
prirent l’habitude, quand ils passaient, le matin,
devant la sainte image, pour se rendre à l’Office,
de la saluer, par trois fois, des premiers mots de la
salutation angélique : Ave Maria.

Ce pieux usage se pratiquait toujours lorsque
saint Bernard, au cours d’une visite de ses monas-
tères, passa par Afflighem, en 1146. Professant un
culte fervent pour la Mère de Dieu, ce grand
saint ne pouvait manquer de se conformer, lui
aussi, à la touchante pratique de la maison et
d’adresser chaque jour à l’image vénérée le triple
salut que chacun se faisait un devoir de lui rendre.
La chose était d’ailleurs si naturelle qu’on n’en eût
pas fait mention sans la circonstance que voici et
qui se produisit à l’heure même où le saint se
disposait à quitter l’abbaye.

A ce moment solennel, Bernard réunit autour
de lui, dans le cloître d'Afflighem, tous les habi-
tants du monastère, ainsi que les abbés venus de
la province environnante pour recevoir ses instruc-
tions et, de cette émouvante parole dont il avait
le secret, il leur fit ses adieux.
 
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