DOI issue:
No 1 (1910)
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.27143#0011
2® SÉRIE. 3® ANNÉE
PARAISSANT TOUS LES MOIS
N° i. JANVIER 1910
BULLETIN
DES MUSEES ROYAUX
DES ARTS DÉCORATIFS ET INDUSTRIELS
(Antiquités, Industries d'Art,
Art monumental et décoratif. Armes et Armures, Ethnographie.)
A BRUXELLES
Ce Bulletin sert d'organe à la Société des Amis des Musées royaux de l'État, à Bruxelles.
Il est distribué gratuitement aux Membres de la Société.
ABONNEMENTS :
Pour la Belgique . . 5 francs. — Pour l'Étranger . . 6 fr. 50 — Le numéro . . 50 centimes.
A PROPOS D'LJNE TAPISSERIE
DU MUSÉE DU CINQUANTENAIRE.
La Bataille de Nieuport.
LE Musée des arts décoratifs et industriels a
acquis, en vente publique, en 1859, une
tapisserie fort intéressante représentant la bataille
de Nieuport, gagnée, le 2juillet 1600, parle prince
Maurice de Nassau sur les troupes espagnoles com-
mandées par l’archiduc Albert.
Cette tapisserie mesure 7mg5 de longueur sur
im94 de hauteur.
Au premier plan les deux chefs des armées en
présence, l’archiduc montant un cheval blanc et le
prince de Nassau monté sur un cheval noir ; les
deux princes sont suivis de leurs hérauts sonnant
la charge : cavaliers et fantassins sont aux prises.
A gauche, la ville de Nieuport, dont on recon-
naît la tour. A l’arrière-plan, les dunes et la mer
où l’on voit de nombreux vaisseaux qui s’éloignent
de la côte; c’est la flotte hollandaise que Maurice
de Nassau veut mettre dans l’impossibilité de por-
ter secours à l’armée de terre, qui n’aura d’autre
alternative que de vaincre ou de mourir. Cette
dernière, enfermée entre la mer, l’Yperlée et le
havre de Nieuport, s’est supprimé toute chance
de retraite.
Après trois heures de combat, nous dit un his-
torien, A.-J. Namèche, pendant lesquelles il y eut
des succès de part et d’autre, le prince Maurice
fit avancer ses réserves, composées principalement
de déserteurs espagnols. L’action fut vive et les
Espagnols durent se replier, abandonnant le champ
de bataille à l'ennemi.
C’est ce que rend bien notre tapisserie, dont le
dessin donne l’impression d’un engagement fort
mouvementé et même décisif.
L’archiduc fut blessé au visage. Dans le panégy-
rique du prince, qu'il prononça à Sainte-Gudule en
1621, don Bernard de Montgaillard, abbé d’Orval
et prédicateur ordinaire de Son Altesse, rappelle
ce fait en ces termes imagés et pittoresques :
« Tantost assiégeant et tantost assiégé, tantost
en défendant, tantost en attaquant, après avoir en
toutes occasions fait tout ce qu’on peut souhaiter
en un grand capitaine, il receut combatant deux
blessures, dont l'une qui fut d’un coup d’halebarde
sur la teste, et par conséquent dangereuse luy fit
perdre du sang en quantité.
» Je demanderois volontiers ou estoient en ceste
occasion les boucliers,dont Homere dit que Jupiter
couvre les Princes et les Roys. Mais s’il eut entendu
que par une singulière providence de Dieu il fault
que les grands soient conservés en une grande
meslée, je suis avec luy estant très certain qu’au
malheur de Nieuport Dieu protégea miraculeuse-
ment le Prince et le Pays. Vray est que l'on vit
bien qu’il n’estoit comme ceCenée, que l’antiquité
a creu invulnérable U »
Le sujet principal de cette tapisserie, qui consti-
tue une composition de grande allure, est entouré
d’un double encadrement : à l’extérieur, une bordure
1. Le Soleil éclipsé ou discours sur la vie et mort du
Sérénissime Archiduc Albert, prince souverain des Pays-
Bas et de Bourgogne. A Bruxelles, chez Hubert An-
thoine, imprimeur juré de la Cour, à l’Aigle d’Or.
MDCXXII.
PARAISSANT TOUS LES MOIS
N° i. JANVIER 1910
BULLETIN
DES MUSEES ROYAUX
DES ARTS DÉCORATIFS ET INDUSTRIELS
(Antiquités, Industries d'Art,
Art monumental et décoratif. Armes et Armures, Ethnographie.)
A BRUXELLES
Ce Bulletin sert d'organe à la Société des Amis des Musées royaux de l'État, à Bruxelles.
Il est distribué gratuitement aux Membres de la Société.
ABONNEMENTS :
Pour la Belgique . . 5 francs. — Pour l'Étranger . . 6 fr. 50 — Le numéro . . 50 centimes.
A PROPOS D'LJNE TAPISSERIE
DU MUSÉE DU CINQUANTENAIRE.
La Bataille de Nieuport.
LE Musée des arts décoratifs et industriels a
acquis, en vente publique, en 1859, une
tapisserie fort intéressante représentant la bataille
de Nieuport, gagnée, le 2juillet 1600, parle prince
Maurice de Nassau sur les troupes espagnoles com-
mandées par l’archiduc Albert.
Cette tapisserie mesure 7mg5 de longueur sur
im94 de hauteur.
Au premier plan les deux chefs des armées en
présence, l’archiduc montant un cheval blanc et le
prince de Nassau monté sur un cheval noir ; les
deux princes sont suivis de leurs hérauts sonnant
la charge : cavaliers et fantassins sont aux prises.
A gauche, la ville de Nieuport, dont on recon-
naît la tour. A l’arrière-plan, les dunes et la mer
où l’on voit de nombreux vaisseaux qui s’éloignent
de la côte; c’est la flotte hollandaise que Maurice
de Nassau veut mettre dans l’impossibilité de por-
ter secours à l’armée de terre, qui n’aura d’autre
alternative que de vaincre ou de mourir. Cette
dernière, enfermée entre la mer, l’Yperlée et le
havre de Nieuport, s’est supprimé toute chance
de retraite.
Après trois heures de combat, nous dit un his-
torien, A.-J. Namèche, pendant lesquelles il y eut
des succès de part et d’autre, le prince Maurice
fit avancer ses réserves, composées principalement
de déserteurs espagnols. L’action fut vive et les
Espagnols durent se replier, abandonnant le champ
de bataille à l'ennemi.
C’est ce que rend bien notre tapisserie, dont le
dessin donne l’impression d’un engagement fort
mouvementé et même décisif.
L’archiduc fut blessé au visage. Dans le panégy-
rique du prince, qu'il prononça à Sainte-Gudule en
1621, don Bernard de Montgaillard, abbé d’Orval
et prédicateur ordinaire de Son Altesse, rappelle
ce fait en ces termes imagés et pittoresques :
« Tantost assiégeant et tantost assiégé, tantost
en défendant, tantost en attaquant, après avoir en
toutes occasions fait tout ce qu’on peut souhaiter
en un grand capitaine, il receut combatant deux
blessures, dont l'une qui fut d’un coup d’halebarde
sur la teste, et par conséquent dangereuse luy fit
perdre du sang en quantité.
» Je demanderois volontiers ou estoient en ceste
occasion les boucliers,dont Homere dit que Jupiter
couvre les Princes et les Roys. Mais s’il eut entendu
que par une singulière providence de Dieu il fault
que les grands soient conservés en une grande
meslée, je suis avec luy estant très certain qu’au
malheur de Nieuport Dieu protégea miraculeuse-
ment le Prince et le Pays. Vray est que l'on vit
bien qu’il n’estoit comme ceCenée, que l’antiquité
a creu invulnérable U »
Le sujet principal de cette tapisserie, qui consti-
tue une composition de grande allure, est entouré
d’un double encadrement : à l’extérieur, une bordure
1. Le Soleil éclipsé ou discours sur la vie et mort du
Sérénissime Archiduc Albert, prince souverain des Pays-
Bas et de Bourgogne. A Bruxelles, chez Hubert An-
thoine, imprimeur juré de la Cour, à l’Aigle d’Or.
MDCXXII.