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La chronique des arts et de la curiosité — 1868

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Nr. 12 (22 Mars)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26660#0061
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1868.

N° 12.

BUREAUX: 55, BUE VIVIENNE.

22 MARS.

LA

DE LA CURIOSITÉ

PARAISSANT LE DIMANCHE MATIN.


Comptes rendus et Annonces des Ventes publiques
de Tableaux, Dessins, Estampes, Bronzes, Ivoires, Médailles,
Livres rares, Autographes, Émaux, Porcelaines, Armes
et autres objets de curiosité.

ABONNEMENTS:

PARIS ET DEP A R T E 31 E X T S

Six mois, 8 fr. — Un an, 15 fr.
Étranger, le port en sus.

Correspondances étrangères. — Nouvelles des Galeries
publiques, des Ateliers. — Bibliographie des Livres, Articles
de Revues et Estampes, publiés en France et à l’Étranger.
Revue des Arts industriels.


CINQ VERRIÈRES DE M. A GÉRENTE

POUR LÀ CATHÉDRALE DE LAUSANNE.

« Je te dirai, écrivait au xne siècle le moine alle-
mand Théophile, ce que pratique la France dans
la fabrication de ces précieux vitraux qui ornent
les fenêtres. » Si cette phrase, ainsi que d’autres
non moins élogieuses, ne prouve pas qu’il faille
rapporter à la France l’invention de la peinture
sur verre, elle certifie tout au moins qu’à cette
époque notre pays était celui où cet art était
pratiqué avec le plus de succès. Grande était
alors la renommée de nos peintres-verriers, gen-
tilshommes qui ne compromettaient point leur
noblesse en se livrant à ce travail, et elle se
maintint pendant tout le moyen âge.

Aussi lorsqu’en 1830 l’Europe, faisant un re-
tour sur elle-même, voulut scruter ses annales
et connaître tous ses titres de gloire, il se trouva
en France quelques hommes désireux de faire
revivre un art qui autrefois avait jeté parmi
nous tant d’éclat. Entre ces hommes il convient
de citer en première ligne Henri Gérente qui
unissait à un vrai sentiment de l’art une érudi-
tion profonde. Archéologue versé dans la con-
naissance des recettes anciennes, artiste guidé
par les grands et vrais principes de l’art qui veu-
lent que toute partie d’un monument fasse corps
avec le monument lui-même, et que toutes les
ressources d’une matière soient employées sans
jamais être outre-passées, Henri Gérente remonta
jusqu’au xme siècle pour trouver et étudier les
plus admirables exemples de la peinture sur
verre. Sa haute valeur, fondée sur un goût des
plus délicats et sur des études sérieuses, éclata
manifestement dans un concours ouvert en 1845
pour la restauration des verrières de la Sainte-
Chapelle. Le grand caractère de ses composi-
tions, les connaissances pratiques qu’il avait ac-
quises, l’intensité et l’harmonie de ses vitraux
lui assurèrent le prix; mais il jouit peu d’un
succès qui couronnait de longs et pénibles tra-
vaux. Bientôt après, une terrible épidémie l’en-
levait aux arts, dans toute la force de l’âge et du
talent.

Heureusement, avec lui ne disparurent point
tous les bénéfices d’une vie noblement employée
à des recherches consciencieuses. Auprès de ce

peintre justement renommé avait grandi un frère
qui souvent l’avait aidé dans ses travaux et qui
avait largement profité de ses conversations du soir.
Les vitraux qui ornent les fenêtres des bas côtés
sud de Notre-Dame de Paris, celles de la chapelle
Henri II à Saint-Denis, d’Amiens, de Périgueux,
de Carcassonne... et toutes celles de l’église de
Bergerac, construites par M. Abadie, montrent
assez que M. Alfred Gérente est le digne héritier
du nom et de l’atelier de son frère. Par la suite,
des nations étrangères, tributaires de la France
pour l’art de peindre sur verre, se sont fréquem-
ment adressées à M. Alfred Gérente. L’Angleterre
lui a demandé des vitraux pour Canterbury,
pour Oxford, Birmingham, Ely, Stafford...; les

d’Hambourg, pour sa nouvelle églisfe élevée par
M. Scot (de Londres), dans le style du xme siècle,
et récemment encore la Suisse lui a confié l’or-
nementation des cinq fenêtres principales placées
au midi, dans la grande nef de la cathédrale de
Lausanne. Construite aux xueet xme siècles, cette
noble basilique, avec ses mille colonnes, est cer-
tainement la plus vaste et la plus importante des
églises de la Suisse. On comprend facilement
que M. Rodolphe Blanchet, épris de la beauté
architectonique de ce superbe monument, ait eu
la pensée d’en compléter l’effet. En 1861, il
communiqua au conseil d’État son dessein de
garnir de vitraux les fenêtres et proposa de sup-
porter une partie des frais. Malheureusement la
mort, en frappant ce généreux citoyen, retarda
l’exécution de ce projet. Mais sa famille tint à
continuer l’œuvre de son chef, et, en 1865, le
département des travaux publics, saisi d’une
nouvelle proposition, chargea M. Franel, archi-
tecte de Genève, et M. Adolphe Blanchet de veil-
ler à la réalisation de ce vœu. Ce fut à notre
compatriote, M. Alfred Gérente, que ces mes-
sieurs s’adressèrent pour l’exécution, et, malgré
les difficultés du programme à remplir, nous
pouvons affirmer qu’il a pleinement réussi. Il
s’agissait de retracer l’histoire vaudoise par la
représentation des armoiries des personnages qui
se distinguèrent à Lausanne de 888 à 1803, de la
mort du dernier des Carlovingiens jusqu’au mo-
ment où le canton de Vaud entra définitivement
dans la Confédération suisse. Non-seulement
l’introduction de la figure humaine était inter-

dite, mais encore il fallait arriver à former un
ensemble harmonieux avec des couleurs souvent
disparates, imposées parles émaux des armoi-
ries. M. Gérente a triomphé là où il était si facile
d’échouer. Sur un fond gris assez monté de ton
pour assourdir toutes les dissonances de couleurs,
et couvert de riches ornements bien composés, le
peintre a semé çà et là des écus qu’il a entourés
et reliés au moyen de banderoles aux contours
souples et puissants; une bordure de couleur, où
montent de superbes rinceaux dans le goût du
xme siècle, encadre et soutient le fond. Avec une
donnée aussi sévère, pour ne pas dire aussi
sèche, on pouvait craindre un effet pauvre et
froid; et cependant il n’en est rien : dans les
verrières de la cathédrale de Lausanne nous
avons retrouvé le feu et l’éclat qui distinguent
d’ordinaire les œuvres de M. Gérente. Cette qua-
lité, M. Gérente la doit à ce qu’il se préoccupe
plus du jeu de ses couleurs que de la propreté
de ses teintes. Instruit par les exemples des
Orientaux, si habiles en tout ce qui touche à
la couleur, et par ceux des grands peintres-
verriers du xme siècle, qui n’ont point été dé-
passés , il sait que, pour conserver au coloris
toute son intensité, il est nécessaire de rom-
pre les fonds et de faire vibrer les couleurs en
posant ton sur ton. C’est à cette loi, toujours
suivie en Orient et souvent méconnue en Eu-
rope, notamment à Sèvres, que M. Gérente est
redevable d’une supériorité qui lui est encore
acquise par l’observance d’un principe plus spé-
cial à soft art. Loin de considérer comme une
gêne les tiges de plomb qui donnent de la solidité
aux vitraux et de songer à les supprimer, le
peintre-verrier doit chercher à trouver en elles
un appui. Aux grandes époques on ne. les re-
doutait point, et ce ne fut que plus tard,
lorsque l’artiste voulut faire une œuvre d’art
proprement dite, plutôt qu’une verrière devant
jouer un rôle déterminé dans l’architecture,
qu’on pensa à les supprimer ou tout au moins à
ne plus s’en servir pour accentuer le dessin.
Dans cette voie nouvelle on peut, sans nul doute,
citer des œuvres remarquables par la multipli-
cité des demi-teintes et des nuances, comme par
la recherche du modelé; mais lorsqu’une lumière
éclatante en dévore les contours et en absorbe
toutes les demi-teintes, ces œuvres, extraordi-
 
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