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LA CHRONIQUE DES ARTS
mirable portrait de Charles V, par Jean de
Bruges, conserve à la bibliothèque Meermann,
à La Haye. A ,
Ce portrait de Louis II d'Anjou, âge, a cer-
tainement été exécuté ad vivums or celui-ci
étant mort en 1M7, l'œuvre appartient au
commencement du xv° siècle, c'est-à-dire a
une période très brillante de notre art na-
tional. C'est un morceau de premier ordre,
que sa rareté et son intérêt historique ren-
dent doublement précieux. Il sera expose très
prochainement dans la salle publique.
L. G.
Correspondance de Genève
Profitant de l'hospitalité que veut bien me
donner la Chronique, je viens dire quelques mots
de l'exposition des œuvres de feu Henri Baron,
ouverte en ce moment au Cercle des Beaux-Arts.
Faite ainsi, à Genève, un peu à l'improviste,
cette exposition ne pouvait avoir la prétention
d'être complète. Cependant 170 numéros ont pu
se trouver réunis, tableaux, études, aquarelles et
dessins, la plupart venant de France.
Parmi les plus importants tableaux, je citerai
les Noces de Gamache (au Musée de Besançon),
dont M. le ministre de l'Instruction publique et
des Beaux-Arts a eu la courtoisie d'autoriser le
prêt. Puis viennent les Patineurs (à M. Alfred
Hartmann, de Paris), la Romance de Pierrot (à
M. le Dr Supier, de Vichy), la Visite (à M. Albert
t)unant, de Genève), la Première Dent (à M. La-
pierre, de Paris), Y Arrivée à la Villa d'Esté (à
M. Joanny Pupier, de Lyon), dont le paysage a été
peint par M. Français; le Joueur de Mandoline,
que le Conseil administratif de la ville de Genève
a acquis pour le Musée. Mais je ne voudrais pas
pousser plus loin une énumération fastidieuse en
choisissant encore dans le groupe nombreux de ces
aimables fantaisies, déjeuners sur Pherbe, cause-
ries amoureuses, courses de patineurs ; au fond il
n'y a là que prétextes à élégances et à riches
étoffes; Baron avait une vision fleurie toujours
présente et à laquelle il obéissait.
Cette même vision, ce bouquet de fleurs, nous
la retrouvons dans ses aquarelles, et peut-être à
un plus haut degré. Le Cerf-Volant (à M. Hart-
mann, de Paris) est d'un charme inouï de facture
gracieuse et d'élégance primesautière ; c'est, sans
contredit possible, une des meilleurs œuvres du
fécond artiste. En seconde ligne, VImprovisation
(au musée Jean Gigoux. de Besancon); une Fête à
Venise (à M. Lebel, de Paris), une autre Fête (à
Mmo Duchesne-Fournet, de Paris) et beaucoup
d'autres, dont quelques-unes ne sont que de
simples croquis lavés.
En somme le tempérament de Baron était celui
d'un décorateur; iî en avait toutes les délicatesses,
et sa coloration, qui, n'étant pas naturelle, si l'on
veut, serait, passez-moi l'expression, comme le
sourire du vrai. Les panneaux qui sont à l'expo-
sition, Fêtes galantes {h M. Brétillot, de Besançon),
la leinture et la Musique (à M. Duchesne-Fournet),
ne donnent pas, quoique charmants, sa mesure en
ce genre. Il aurait fallu avoir les peintures exécu-
tées pour la maison Mayos, àHermance, ei surtout
celles du château de Gruyères; ces dernières, al-
ternant avec des paysages de Corot et de fcfenn,
entourées de fleurs éblouissantes, constituent une
décoration unique d'une inestimable valeur.
Heureuse de concourir à l'hommage respectueui
que le Cercle des Beaux-Arts voulait rendre à la
mémoire d'Henri Baron, la famille du peintre a
prêté une quantité dVsquisses et d'études d'après
nature; parmi les plus remarquées je noterai un
Jugement de Paris, tableau inachevé, où un joyeux
Pierrot remplace avantageusement le galant
Troyenj il ne veut donner sa pomme qu'à bon es-
cient et les trois déesses Louis XV qui se la dis-
putent le mettent dans un fier embarras, Très jo-
lis les projets pour le Retour de Chasse et les
Joueurs de Boules qui sont, je crois, en Amérique
et que les gravures de Paul Girardet ont rendus
populaires.
Quelques portraits sont aussi exposés; il y en a
qui datent de 1847, d autres sont peints dans les
dernières années de la vie de Baron, comme par
exemple celui de M. V. B., œuvre excellente qui
montre ce qu'il avait encore de verdeur d'exécu-
tion et d'accent de nature à l'occasion.
Les détails biographiques sur Baron sont très
simples à donner. Né à Besançon en juin 1816, il
est mort à Genève le 11 septembre 1885; entre ces
deux dates il a beaucoup travaillé ; très mêlé à ses
débuts au mouvement romantique, élève de M.
Jean Gigoux,, influencé par Tony Johannot, grand
ami de M. Français, il a eu à son heure une véri-
table réputation. Presque jusqu'à sa fin il a conti-
nué à peindre, ceci dit malgré une légende qui le
représente comme ayant perdu la vue.
Mais la place me manque et je voudrais me ré-
sumer. Sans dissimuler aucunement que l'exposi-
tion eût gagné à l'élimination de certaines peintu-
res où l'influence de la commande se fait par trop
sentir, il me semble cependant qu'elle permet de
mieux marquer la place qui doit échoir à Henri
Baron, à distance convenable et à la suite de ces
petits maîtres, de ces enchanteurs qui ont illustré
le xvin° siècle.
Jules Crosnier.
Le Daltonisme
Nous donnons les conclusions d'un très intéres-
sant travail, communiqué à l'Académie de méde-
cine par M. le docteur Worms, médecin en chef
de la Compagnie du chemin de fer du Nord.
Des recherches ont été faites par ce savant pra-
ticien sur le personnel actif de la Compagnie, à
l'effel de découvrir les agents atteints de l'altéra-
tion du sens des couleurs, connue sous le nom
de daltonisme, et que cette infirmité empêche
de distinguer la couleur rouge ou verte des si-
gnaux.
Sur 1.173 employés du service du chemin de fer
du Nord soumis à l'examen des médecins de la
Compagnie, il s'en est trouvé 224 qui ne voient les
couleurs que d'une façon troublée, en dehors de
toute lésion des organes visuels.
LA CHRONIQUE DES ARTS
mirable portrait de Charles V, par Jean de
Bruges, conserve à la bibliothèque Meermann,
à La Haye. A ,
Ce portrait de Louis II d'Anjou, âge, a cer-
tainement été exécuté ad vivums or celui-ci
étant mort en 1M7, l'œuvre appartient au
commencement du xv° siècle, c'est-à-dire a
une période très brillante de notre art na-
tional. C'est un morceau de premier ordre,
que sa rareté et son intérêt historique ren-
dent doublement précieux. Il sera expose très
prochainement dans la salle publique.
L. G.
Correspondance de Genève
Profitant de l'hospitalité que veut bien me
donner la Chronique, je viens dire quelques mots
de l'exposition des œuvres de feu Henri Baron,
ouverte en ce moment au Cercle des Beaux-Arts.
Faite ainsi, à Genève, un peu à l'improviste,
cette exposition ne pouvait avoir la prétention
d'être complète. Cependant 170 numéros ont pu
se trouver réunis, tableaux, études, aquarelles et
dessins, la plupart venant de France.
Parmi les plus importants tableaux, je citerai
les Noces de Gamache (au Musée de Besançon),
dont M. le ministre de l'Instruction publique et
des Beaux-Arts a eu la courtoisie d'autoriser le
prêt. Puis viennent les Patineurs (à M. Alfred
Hartmann, de Paris), la Romance de Pierrot (à
M. le Dr Supier, de Vichy), la Visite (à M. Albert
t)unant, de Genève), la Première Dent (à M. La-
pierre, de Paris), Y Arrivée à la Villa d'Esté (à
M. Joanny Pupier, de Lyon), dont le paysage a été
peint par M. Français; le Joueur de Mandoline,
que le Conseil administratif de la ville de Genève
a acquis pour le Musée. Mais je ne voudrais pas
pousser plus loin une énumération fastidieuse en
choisissant encore dans le groupe nombreux de ces
aimables fantaisies, déjeuners sur Pherbe, cause-
ries amoureuses, courses de patineurs ; au fond il
n'y a là que prétextes à élégances et à riches
étoffes; Baron avait une vision fleurie toujours
présente et à laquelle il obéissait.
Cette même vision, ce bouquet de fleurs, nous
la retrouvons dans ses aquarelles, et peut-être à
un plus haut degré. Le Cerf-Volant (à M. Hart-
mann, de Paris) est d'un charme inouï de facture
gracieuse et d'élégance primesautière ; c'est, sans
contredit possible, une des meilleurs œuvres du
fécond artiste. En seconde ligne, VImprovisation
(au musée Jean Gigoux. de Besancon); une Fête à
Venise (à M. Lebel, de Paris), une autre Fête (à
Mmo Duchesne-Fournet, de Paris) et beaucoup
d'autres, dont quelques-unes ne sont que de
simples croquis lavés.
En somme le tempérament de Baron était celui
d'un décorateur; iî en avait toutes les délicatesses,
et sa coloration, qui, n'étant pas naturelle, si l'on
veut, serait, passez-moi l'expression, comme le
sourire du vrai. Les panneaux qui sont à l'expo-
sition, Fêtes galantes {h M. Brétillot, de Besançon),
la leinture et la Musique (à M. Duchesne-Fournet),
ne donnent pas, quoique charmants, sa mesure en
ce genre. Il aurait fallu avoir les peintures exécu-
tées pour la maison Mayos, àHermance, ei surtout
celles du château de Gruyères; ces dernières, al-
ternant avec des paysages de Corot et de fcfenn,
entourées de fleurs éblouissantes, constituent une
décoration unique d'une inestimable valeur.
Heureuse de concourir à l'hommage respectueui
que le Cercle des Beaux-Arts voulait rendre à la
mémoire d'Henri Baron, la famille du peintre a
prêté une quantité dVsquisses et d'études d'après
nature; parmi les plus remarquées je noterai un
Jugement de Paris, tableau inachevé, où un joyeux
Pierrot remplace avantageusement le galant
Troyenj il ne veut donner sa pomme qu'à bon es-
cient et les trois déesses Louis XV qui se la dis-
putent le mettent dans un fier embarras, Très jo-
lis les projets pour le Retour de Chasse et les
Joueurs de Boules qui sont, je crois, en Amérique
et que les gravures de Paul Girardet ont rendus
populaires.
Quelques portraits sont aussi exposés; il y en a
qui datent de 1847, d autres sont peints dans les
dernières années de la vie de Baron, comme par
exemple celui de M. V. B., œuvre excellente qui
montre ce qu'il avait encore de verdeur d'exécu-
tion et d'accent de nature à l'occasion.
Les détails biographiques sur Baron sont très
simples à donner. Né à Besançon en juin 1816, il
est mort à Genève le 11 septembre 1885; entre ces
deux dates il a beaucoup travaillé ; très mêlé à ses
débuts au mouvement romantique, élève de M.
Jean Gigoux,, influencé par Tony Johannot, grand
ami de M. Français, il a eu à son heure une véri-
table réputation. Presque jusqu'à sa fin il a conti-
nué à peindre, ceci dit malgré une légende qui le
représente comme ayant perdu la vue.
Mais la place me manque et je voudrais me ré-
sumer. Sans dissimuler aucunement que l'exposi-
tion eût gagné à l'élimination de certaines peintu-
res où l'influence de la commande se fait par trop
sentir, il me semble cependant qu'elle permet de
mieux marquer la place qui doit échoir à Henri
Baron, à distance convenable et à la suite de ces
petits maîtres, de ces enchanteurs qui ont illustré
le xvin° siècle.
Jules Crosnier.
Le Daltonisme
Nous donnons les conclusions d'un très intéres-
sant travail, communiqué à l'Académie de méde-
cine par M. le docteur Worms, médecin en chef
de la Compagnie du chemin de fer du Nord.
Des recherches ont été faites par ce savant pra-
ticien sur le personnel actif de la Compagnie, à
l'effel de découvrir les agents atteints de l'altéra-
tion du sens des couleurs, connue sous le nom
de daltonisme, et que cette infirmité empêche
de distinguer la couleur rouge ou verte des si-
gnaux.
Sur 1.173 employés du service du chemin de fer
du Nord soumis à l'examen des médecins de la
Compagnie, il s'en est trouvé 224 qui ne voient les
couleurs que d'une façon troublée, en dehors de
toute lésion des organes visuels.